KHEIRA

KHEIRA 

 

Ne m’interroge pas, ô homme creux,

Je ne peux te répondre car je suis dans le tourment

Dis-moi où campe la tribu de Kheira.        

J’hésite à te raconter le secret du zaoui 1,Sapha 2 le meilleur des tolba ,

qui sait la parole , Je vis en  songe le spectre illuminé et confiant

Qui me dit : « O Mohamed chante ».

Parmi les hommes j’ai des amis : Hamou 3 et Sahraoui 4,

Là-bas à l’est entre l’adjar et le gzoul 5,

Gens de séant, chaleureux ils fouillent mes secrets.

Ces nobles-nés généreux, d’honneur intarissable ;

L’un vil, courageux sans cesse hospitalier,

Accueillant, pauvre et puissant ;

l’autre, exquis et raffiné ; sage il blesse et guérit,

Docte, il soulage sans talisman l’amoureux.

L’un pleure sans larmes, à peine éraflé ;

L’autre erre absent, comme ivre.

Tel autre, aidé par le djinn des errants, séduit l’aimée,

Béni par les élus et Boudali Djelloul 6.

Je n’innove pas la langue mais crois ma parole sûre ;

Mon langage est allusion : le comprendras-tu ?

Regarde nourrie par l’arbre, la branche grandit,

Mais la greffe ajoute peu au rameau court.

L’homme vrai éclate poudre si tu le brimes,

et la poudre répond à la poudre.

Même rehaussé, le vil demeure vil.

Qui a de médiocres origines mourra dans l’humiliation.

Je crains de devenir comme le Cheikhh Maqraoui 7

qui a suivi la belle dans la voie du maudit.

Cheveux au vent : gazelles courant dans le désert.

Effrayées par les chasseurs venus dans la surprise.

Le front sous la mèche noire par sa clarté nargue ,

la lune de la troisième nuit toute d’éclat.

.

 

Beauté, dessin harmonieux du sourcil : tes yeux sont pistolets

Dans les mains d’un gouverneur d’Istamboul.

Ta joue, matin ou lampe éclairant à la veillée,

sa clarté maintenue pour un bey solitaire.

Ton cou étendard planté par l’ennemi

Le jour du combat entre les héros de l’arbaa et les Rzeigat 8.

Ton corps, neige courant dans la vallée ,

ou blanche chaux des minarets.

L’anneau à la cheville chante, complainte du gnawi 9

Accompagné d’esclaves, escorte de la caravane.                                          

Dis-moi où campe la tribu de Kheira ?

Pigeon bleu si tu vas chez les nomades , porte le message :

Ne tarde pas, apporte la réponse ;

parle à Kheira , bijou d’or.

Que tu me sois cher, mon cœur le ressent :

Je n’accepterai ta défaite.

Rapporte moi fidèle ses dits ; l

e cœur ouvert s’en réjouira.

L’orateur imprécis mutile le propos.

Son oued est sec. Qu’y boire ?

Que vaut la beauté sans parure de langage ?

L’origine seule auréole la fierté ;

légèreté et grandeur ne se comparent :

La tour n’est pas écran de roseaux.

Le tireur vise genoux à terre,et la balle atteint la cible.

Kha , ya et ra , ces lettres ont accru ma souffrance 10 

Cette femme m’aime : je bois ses yeux et je guéris.

Elle m’aime : promets l’amour

Il appelle fidélité ; et le cœur fuyant m’éloigne.

Explique moi pourquoi ,la croyance aux filles trouble

Mon cœur désire ‘objet du tourment : Il loge en lieux surs                          

Kheira m’a dit « ne me reproche rien ,

nous sommes nous déjà séparés ?

Mon message t’a retenu ; vers toi j’allais,

et nous nous sommes rejoints.

Car nous savons »

Elle m’a dit « je veux mon aimé ici,

et qu’il devienne mon voisin ».

Je lui ai dit «  O précieux étendard,

fille de l’agha chef des tribus

Tu te lasseras du voisin,

même s’il devient miroir.                                                         

Le voisinage apporte la maladie dans la lèpre.

Loin le bien aimé appelle l’épreuve, 

à le voir le cœur exulte.

Je suis ami des chevaliers, des braves

Si Dieu veut nous t’enlèveront.

Qui cherche des amis, fréquente les braves

Prompts à affronter les fusils.

Ne m’aime point si j’exagère mes exploits,

qui se vante est menteur,

Qui se dit courageux m’accompagne au combat,

Il saura si je suis brave ou lâche

«.Vigilant, délicat, non instruit et sachant

Je donne à chacun son dû , mais je néglige l’invité :

Je suis homme de renom

Dieu m’a donné modeste fortune,

du poète il a exaucé le vœu ;

Grâce, piété, prière, lecture,

qui a ces dons est dans la sérénité

 

O mon cœur patience,toi qui ressens tout.

Tu me jettes toujours dans la difficulté,

tu n’es attiré que par qui j’aime.

Si tu songes à la belle lune,bientôt nous la verrons.

La dixième nuit du mois

Son bras était mon oreiller.

Une couverture sur notre lit rouge

Et draps brodés de fleurs.

De mon amour je suis fier, belle parmi la beauté.

Ma richesse est de rocailles

Et ma vie attend sa saison.

La pluie vient de la mer,et le seigneur l’apporte jusqu’à nous,

Mon herbe se nourrit de cette eau,et verdit mon jardin

De l’occulte je n’en sais rien : domaine de Dieu et du destin.

Je l’ai vu de mes yeux : noble et capricieuse,

Chez elle, nous veillâmes. Paroles tendres

 

                             Poèmes receuillis et traduits par Boualem Bessaih

 

1 . Zaoui : fidele appartenant à la zaouia (confrérie des ouled sid cheikh)

2 . Sapha :Dimunitif de Mustapha

3. Hamou : dimunitif de Mohamed , il devint agha de Frenda

4. Qaddour ould sahraoui qui devint agha de Laghouat , ce personnage très populaire et ami de Belkheir ,

combattit les Français.

5. L’Adjar : lieu dit El-gzoul : plateau entre Laghouat et Djelfa

6. Autre nom de Sidi abelkaderb Djillali , fondateur d’une des plus grandes confréries du nord de l’Afrique.

7. Un ami du poete devenu passionement amoureux.

8. Arbaa : tribu de la région de Laghouat – Rzeigat : tribu d’El-Bayadh.

9. Gnawi : l’ésclave exalté chantant.

10. Une autre variante donnait à cette femme le nom de Azza , ces vers prouvent qu’il s’agit bien qu’il s’agit

de Kheira.Les lettres kha,ya et ra forment le prénom de Kheira

 

 

Gardez l'oeil sur cette page , d'autres poèmes suivront prochainement

 

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Commentaires (7)

Yur  -  Sur : POEMES D'AMOUR DE MOHAMED BELKHEIR
  • 1. Yur - Sur : POEMES D'AMOUR DE MOHAMED BELKHEIR | lundi, 13 août 2012
Quant à moi, je vous demande un effort pour la suite ?? c'est tellement extra !!
Le roi de la steppe Sur : POEMES D'AMOUR DE MOHAMED BELKHEIR -
  • 2. Le roi de la steppe Sur : POEMES D'AMOUR DE MOHAMED BELKHEIR - | dimanche, 12 août 2012
Merci Mr NOUREDDINE pour vos efforts malgré que je lis je reviens tjrs ici pour relire. Merci ...Merci ....Merci
yurilali  -  Sur : POEMES D'AMOUR DE MOHAMED BELKHEIR
  • 3. yurilali - Sur : POEMES D'AMOUR DE MOHAMED BELKHEIR | jeudi, 31 mai 2012
Poème extra! Bonne nuit à tous les amoureux .
boubekeur
  • 4. boubekeur | jeudi, 21 octobre 2010
le moins que je puisse dire c'est que mohamed belkheir est un homme hors du commun.
je n'exagère pas mais il est d'une essence rare.
le monde n'st mystique finalement!
ZEKRI
  • 5. ZEKRI | lundi, 05 avril 2010
Merci pour ce site. C'est un réconfort pour les nostalgiques du bon vieux temps: El Bayadh des années 60/70.
Pour les poèmes de Mohamed Belkheir, vous pouvez juste les scanner dans un premier temps et les mettre à la disposition des visiteurs. Ainsi chacun peut en saisir une partie qui sera mise à votre disposition. Comme vous le dites, il faut les lire en arabe dialectal.
Noureddine ( webmestre Nostalgie )
  • 6. Noureddine ( webmestre Nostalgie ) | jeudi, 17 décembre 2009
Oh oui ils sont magnifiques ces vers , la connotation est plus meilleure en arabe dialectal et leur donne toute leur signification que j'éssayerais par la suite d'éditer
Et dire que Mohamed Belkheir était analphabète
Merci l'amie , d'autes poèmes suivront inchallah
Fatiha
  • 7. Fatiha | mercredi, 16 décembre 2009
Moi qui aime la poésie, j'avoue que ces poèmes sont d'une grande beauté et le message est poignant.

Je lis et relis sans m'en lasser.

Merci Nourredine pour ces cadeaux magnifiques.

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