BOUTMET BEREF-REF
BOUTMET BEREF REF
ET LE KSAR DE TIKECHKECH
Elle était là sublime défiant les siècles et ces paysages arides, élancée haut
vers le ciel les racines bien ancrées au milieu des anfractuosités rocheuses,
Elle doit son nom à un homme généreux et vertueux qui dit on les jours
de tempête de sable ou de neige accrochait dans une de ces branches un
djerbi (tapis de laine) qui flottait (refref) d’où le nom Beref-ref et qui servait
de repère à quelques voyageurs égarés ou épuisés pour leur offrir gite et repas,
l’endroit est à longueur d’année balayé par des vents souvent violents, elle était
même vénérée témoins les différents morceaux de tissu noués autour de ses
branches, quelques talismans étaient aussi noués autour de son large tronc
pour se prémunir du mauvais œil, on la parfumait même au vu des bouteilles
qui jonchaient le sol, une autre légende rapporte que c’était aussi à partir de ce lieu
qu'il envoyait un signal à ses enfants disséminés sur les monts environnants pour débattre d'un sujet important ou lors d’une dhifa
Nous restâmes un long moment assis sous son ombrage bienfaisant le lieu dominait toutes ces étendues sans limites,
par la suite nous primes le départ à la recherche d’un vieux ksar à plusieurs lieues de cette botma, dans cette hmada
pierreuse c’est les mêmes paysages de plantes chétives et rabougries entrecoupées de temps à autre par la silhouette
providentielle d’un btoum, aussi c’est avec une immense joie que je découvris le long de notre parcours des plantes
propres à la région devenues rares dont : jouaida-kenoud-choubroug-zefzef et fus fasciné par leur phénoménale
adaptation en ces milieux arides, l'année passée et l'année en cours ont vu une grande sécheresse sans compter
que le tapis végétal que constituait l'alfa qui était un véritable rempart contre l'avancée des sables et de l'érosion
des sols a vu sa surface réduite à soixante dix pour cent (simple estimation de ma part), cette dégradation des sols est
due aussi à un pâturage intensif vu que la région est à vocation pastorale sans compter que d'autres éleveurs
viennent des wilaya linitrophes et même de lointaines régions avec des milliers de têtes favorisant encore plus
la dégradation des sols déjà trop fragiles
J’eus aussi l’immense privilège de découvrir quelques troncs d’arbres stratifiés
De temps à autre je jetais un coup d’œil furtif vers notre boutma qui était toujours là visible et impassible
tel un ange gardien Un peu plus loin et en amont d’un oued à sec nous côtoyons une succession de rochers de
grès où poussent d’autres somptueux btoum, l’endroit porte le nom de kef elham où par le passé on entreposait du "lham m'charah" (viande séchée et salée) et c’est au détour d’une petite clairière et ce après deux heures d’errements et de marche harassante et où la soif se faisait sentir que nous découvrons le ksar de Tikechkach,
le ksar était bâti sur une pente douce , il ne restait aucune trace d’habitations comme s'il était frappé par un cataclysme, ne subsistent que des amas de pierres éparses qui avaient un air d’abandon et d’une plainte d’une infinie tristesse et c'est avec une vive émotion que je tombais sur une meule où de ce qui en reste ainsi que de quelques fragments de poterie; un petit cimetière côtoie les alentours du ksar, les pierre tombales sont à peine visibles, je fus surtout surpris par l'étrangeté d’innombrables rjam qui entouraient le ksar , énigme que je n'arrive pas à élucider pour l'instant
Au milieu d’un petit oued sourdent quelques minces filets d’eau qui vont se réunir dans un lit raviné.
Dans le lointain horizon apparait à travers des éclaircies d’un ciel poussiéreux le djebel Bouatrouss
Le jour baissait et je savourais les dernières lueurs d'un crépuscule ardent ensanglantant encore plus ce
cimetière et ce ksar en ruine sonnant aussi le glas d'une fin d'été proche
Bénis soient ces quelques rares moments de solitude et de paix profonde loin de ce monde étrange qui
nous a été imposé
Par Noureddine Toumi
Le 18 Septembre 2014
Notes/ - dhifa : invitation à un repas
- Tikechkach: c'est dit on un sultan
- kef : monticule
- el lham: viande
- Btoum, boutma, botma : Térébinthe
- rjam: tombeaux anciens
- hmada: se dit d'une plaine "désolée"
On situe l'âge de Boutmet Beref- ref a plus de sept siècles ( A tes 10 000 ans l'amie )
Cliquez sur la touche F11 de votre clavier pour visualiser les photos en plein écran
Pour quitter le mode plein écan cliquez toujours sur F11
Commentaires (3)
- 1. | dimanche, 06 septembre 2015
- 2. | jeudi, 02 octobre 2014
La vie surgit dans cette aridité et cette solitude, c'est à couper le souffle.
Oui notre monde a bien perdu cette sérénité que l'on ne peut que ressentir dans ces endroits, sur les traces de ceux qui ont vécu là.
Amitiés,
Monique
- 3. | dimanche, 28 septembre 2014
bONNE Continuation