SID EL HADJ BENAMEUR
SID EL HADJ BENAMEUR
VERS LALA AÏCHA
Le besoin de partir et d'errer, de se sentir seul me tiraillait encore une fois de plus
après des mois difficiles, aussi cette fois je décidais de mettre le cap vers les envi-
-rons de sid el hadj Benameur le pays des ouled sid el hadj.1
A notre arrivée le ksar semblait presque vide, la chaleur se faisait presque accablante,
il y avait de l’orage en l’air, cette contrée a toujours tenu une place importante dans
mon cœur et dont je garde de merveilleux souvenirs d’enfance, le kef slouguia 2 où
l’on jouait à cache-cache est encore debout mais déchiré en quelques endroits suite
aux flots rageurs de l’oued en période de crue, le vieux ksar de sid el hadj dont ne
subsistent que quelques amas de toub 3 et quelques murets est presque invisible se
mouvant merveilleusement bien avec, le paysage environnant, beaucoup de vergers
qui faisaient la fierté de cette contrée ont été délaissés et livrés à eux-mêmes, après
une visite au mausolée du saint et la récitation de quelques versets nous décidâmes de prendre notre longue marche
le long des rives de l’oued, en quelques endroits et sur de petites parcelles jaillissent des petites prairies d’émeraude, il en
jaillit des buissons, des peupliers, des bosquets vert tendre, un véritable écosystème a pris place là où l’eau est abondante,
c’était presque une petite Amazonie miniature.
Les alouettes grisolaient en haut du ciel et battant des ailes en une parade sans fin, les croassement des crapauds fusaient de partout
à la recherche d'une âme soeur.
La chaleur devenait de plus en plus écrasante aussi nous décidâmes moi et mon compagnon de marcher au milieu de l’oued où il faisait
plus frais, le ciel se faisait de plus en plus menaçant de gros nuages se sont formés les uns à l’aspect cotonneux , d’autres grisâtres, le
tonnerre commençait à tonner juste au dessus de nos têtes, de grandes gouttelettes commençaient à crépiter sur cette terre assoifféeet
en quelques instants ce fût presque le déluge, il fallait au plus vite quitter l’oued où une crue soudaine pouvait surgir à n’importe quel
moment sauf que nous courûmes le risque d'y rester gouttant au joies de cette pluie bienfaisante et tant attendue, sur une large plaine du
nom de « fkérine »4 qui tient cette appellation d'une petite guelta 5 où vit une petite colonie de tortues d'eau et visible aussi un grand
abricotier où nous pensions nous abriter et qui dit-on avait plus de quatre vingt ans, peine perdue la pluie était battante, aussi nous
aperçûmes à une centaine de mètres de là une toute petite maison en parpaings, nous nous décidâmes de nous abriter à
l’intérieur en attendant que l’orage passe, la pluie redoublait de plus belle quelques oliviers de bohème et de rares sedras 6
ainsi que de longs fuseaux de peupliers garnissaient les berges de l’oued, cette immense plaine était barrée au loin et très haut
dans ce ciel tourmenté, par la muraille azurée toute vaporeuse du djebel Leguebar7 qui semblait tel un navire échoué au milieu
de l'océan et comme pris dans une violente tempête.
Un silence doux régnait à l’intérieur de cette petite maison où seul le crépitement de la pluie se faisait
entendre sur le toit en zinc à l’intérieur pendait sur un fil une robe de femme, au coin on avait érigé
une cheminée, quelques ustensiles et objets de cuisine étaient entreposés pèle mêle aux quatre recoins
de cette pièce, la pluie avait cessé et nous reprenons notre marche sous un ciel éclatant de lumière, au loin était visible sur une petite gara (monticule) abrupte la tombe de lala Aicha dans ce décor splendide et d’une beauté inouïe, je restais longtemps devant cette tombe perdue dans ces immenses solitudes, lala Aïcha m’a t'on appris était la femme du saint sid el hadj Benameur, elle était la soeurdu saint Abdel-kadder ben Mohamed plus connu sous le nom du saint sid Cheikh qui est le saint le plus vénéré du sud Algérien, ce qui laisse supposer que cette tombe a plus de cinq siècles, à quelques pas était visible une grande tombe où reposait la jument du saint homme, quelques amas de pierre protégeaient la tombe de lala Aicha ainsi que quelques touffes d’alfa rabougris par les froids rigoureux qui caractérisent cette région pendant les longs hivers sans compter les vents violents, elle avait la tête tournée vers la qibla
(direction de la Mecque) comme toutes les tombes musulmanes, mon ami Mohamed s’attelait à colmater
quelques brèches de la petite enceinte protectrice de la tombe de la sainte femme, aussi ce fut avec une énorme tristesse que nous
quittâmes les lieux et tout le long du trajet du retour je ne cessais de jeter des coups d'oeil vers cette tombe mystérieuse perdue
dans ces grandes platitudes, vision irréelle que celle de cette tombe esseulée qui avait un air d'abandon et de tristesse infinie avec
sa petite houita 7 perdue au milieu de ce décor âpre et splendide dans le grand charme poignant que dégagent ces immenses étendues
du sud et que rien ne vient troubler.
Par Noureddine Toumi
Le jeudi 04 Mai 2017
NB/
1- Ouled sid el hadj: tribu du saint sid el hadj Benameur
2- kef slouguia: falaise de la levrette
3- Toub: pisé
4- fkérine: petite tortue
5 - Guelta: une marre ou cuvette d'eau
6- sedras: jujubier
7- djebel Leguebar: Montagne qui a une forme de tombeau
Le présent diaporama comprend 105 photos
Photos prises le 30 Avril et 02 mai 2017
Cliquez sur latouche f 11 de votre clavier pour voir le diaporama photo en plein écran
NB/ Branchez vos enceintes acoustiques pour écouter la musique d'accompagnement
LES LIEUX VUS AVEC MON APPAREIL PHOTO
IL EST ILLUSOIRE DE PENSER QUE LES PHOTOS SONT FAITES AVEC L'APPAREIL PHOTO
ELLES SONT FAITES AVEC L'OEIL, LE COEUR ET LA TÊTE
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Commentaires (13)
- 1. | lundi, 22 mai 2017
- 2. | lundi, 22 mai 2017
Je te remercie pour ton implication, les propos concernant lala Aïcha je les ai recueilli auprès d'un vieil homme des ouled sid el hadj, à vrai dire chacun a une version , un autre m'a appris qu'elle était la soeur du saint sid cheikh, je compte bien faire encore des recherches sur cette femme oubliée, grand merci pour le lien, j'ai lu cette étude il y a de cela prés de dix ans et j'ai perdu le journal qui relatait cette histoire de lala Sfya et les ouled Nhar
je compte y planter aussi un arbre inchallah près de sa tombe
Une fois de plus merci et bien à vous - Noureddine
PS/ Pour les plantes ce n'est pas de l'armoise elle ressemble pratiquement à l'armoise tout comme cette plante jaune qui n'est pas de la guertoufa et qui lui ressemble aussi beaucoup, ceci dit à Sid el hadj j'ai découvert plusieurs sortes d'armoise, chacune a un goût propre à elle , il faudrait bien un jour faire des recherches sur ces belles plantes de notre belle steppe et les recenser
Amitiés
- 3. | lundi, 22 mai 2017
- 4. | dimanche, 21 mai 2017
J'ai pris connaissance avec ton partage sur les terres du Saint Sid El-Hadj et "Lala Aïcha" j'avoue que j'ai mis du temps avant de m'y mettre depuis notre dernière correspondance, mais j'ai préféré attendre le moment idéal et la sérénité pour apprécier ces magnifiques paysages dignes des plaines du Far West, au point qu'en laissant voguer l'imagination, on s'attend à apercevoir les cavaliers Indiens ou Cowboys.
La nature est belle; il y a du paturage et de l'eau. Cette terre est bénie et n'a pas fini de nous émerveiller.
Merci Noureddine et bonne continuation
Amicalement
- 5. | lundi, 15 mai 2017
Amitiés, Monique
- 6. | lundi, 15 mai 2017
- 7. | lundi, 08 mai 2017
c’est un bon signe c’est que ça va mieux , j’ai bien apprécié la rubrique LALA AICHA , il y a une photo que j’ai aimé particulièrement c’est celle ou vous prenez le temps pour
la pause du thé malgré le temps menaçant , rien ne peut empêcher ce rite traditionnel.
- 8. | lundi, 08 mai 2017
Grand merci
Fabienne
- 9. | samedi, 06 mai 2017
- 10. | vendredi, 05 mai 2017
L’écrivain est à la hauteur du capteur de vues...
Bravo "l'artiste"!
Merci Noureddine.
Bien amicalement.
Jean.
- 11. | jeudi, 04 mai 2017
Patrick
- 12. | jeudi, 04 mai 2017
Je viens de regarder ton magnifique diaporama très instructif sur cette tombe esseulée dans l'immensité et ai eu une pensée pour cette femme qui a trouvé deux super personnes pour prendre soin de sa tombe .... tes photos sont superbes, le paysage me fait toujours rêver ! et que dire de ta rencontre avec ces petites chèvres venues brouter près de ton appareil photo ? Génial !
Comme Mijo, j'ai repéré de nombreuses plantes que je retrouve dans ma région (Sud de la France).
Merci pour ce merveilleux partage.
Amitiés
Françoise
- 13. | jeudi, 04 mai 2017
Quelle surprise de découvrir une flore identique à celle que nous avons ici. Entre les mauves, les genets, la vigne (mais çà ne s'est pas étonnant), le blé et d'autres dont je n'ai pas le nom en tête, pour une fois, je n'ai pas été dépaysée pendant quelques instants.
Merci pour votre reportage sur la tombe de lala Aïcha, qui repose en paix dans ces lieux magiques, accompagné par cette sublime musique, de "danse avec les loups", si je ne m'abuse.
Amicalement,
Mijo
Amitiés Noureddine