LALA AÏCHA
LALA AÏCHA
PELERINAGE
Au contraire de ma tournée passée sur ces lieux, cette fois le ciel était d’une pureté religieuse, nous poussions notre
randonnée presque aux limites de la contrée d’El saguia , c'est plusieurs kilomètres de marche,
ici le paysage vous façonne l’âme, les choses en elles -mêmes ont cet aspect religieux, tout vous interpelle et prend une
dimension toute autre, aux alentours de la tombe de lala aicha c’est un lieu chargé de mélancolie sauf qu’il n’avait rien
de funèbre, un charme poignant se dégage des lieux, c’est la simplicité des choses.
Plus loin c’est la plaine immense et livide en quelques endroits, aux abords et au milieu de l’oued une végétation
luxuriante a pris forme, quelques trembles argentés géants emportés par les crues gisent au fond de l’oued, les lauriers
roses s’accaparent les lieux et règnent en maîtres çà et là des genets parés de leur plus bel habit d’un jaune éclatant, sur
les plaines fauves c’est l’alfa qui reprend du terrain perdu :une plante coriace qui résiste d’une façon spectaculaire aux
longues sécheresses.
Je me suis recueilli et pris une petite pause sous l’ombre de la houita de la petite gara où repose lala Aicha,
d’ici un spectacle ahurissant s’offre à mes yeux émerveillés, cette petite gara domine les lieux, le djebel Leguebar me
semblait presque à portée de main, je voyais même les déchirures de ces flancs abrupts,
Nous reprîmes notre longue marche au milieu de l’oued où serpentent de minces filets d’eau, en quelques
endroits c’est des guelet (marres) plus ou moins profondes, à un moment donné nous fûmes surpris par un
couple d’oies cendrées qui à notre vue brisèrent le silence de ces lieux d’un battement d’ailes bruyant, le jour
baissait lentement , nous nous sommes laissés perdre agréablement dans le fouillis délicieux de ces hautes
herbes qui ont poussé sans soin aucun, au gré de cette nature "sauvage" et intacte, qui a pu sans contrainte
donner libre cours à toute son exubérante fantaisie, nous vîmes au loin une forme humaine presque fantom-
-atique et en se rapprochant ce plus près ce n’était rien d’autre qu’un épouvantail accroché sur un tronc d'arbre
mort , puis d’autres épouvantails de robes de femmes en plus de quelques boîtes de conserves rouillées
accrochées sur du fil de fer, stratagèmes utilisés pour faire fuir les bêtes qui oseraient s’aventurer dans ce lopin
de terre cultivé, en effet sont visibles quelques épis d'orge d’une maigre moisson en plus de quelques arbres
fruitiers ainsi que de la menthe.
Il était temps pour nous de reprendre le chemin du retour non sans pincement au coeur , les lieux croulaient sous
des lueurs roses, glauques, bleues et de reflets argentés à l'horizon lointain, l’endroit semblait presque peupler
de fantômes.
Mon dernier adieu et dernière vision furent pour lala Aicha reposant dans ce cadre enchanteur: je l’enviais presque
A vrai dire cette escapade avait pour vocation première de découvrir une grande pierre percée des deux côtés sur laquelle dit
-on le saint Sid el hadj Benameur nouait les rênes de sa jument: nos recherches furent vaines après de longues heures
de recherche et de marche, malheureusement elle a été volée m'a appris un bédouin que j'avais rencontré, le massacre de ce qui
reste de notre patrimoine ancestral est violé et saccagé de jour en jour hélas et ce dans l'indifférence la plus totale.
Puisse Dieu tout puissant ne pas permettre à cette bête immonde qu'est l'homme de ne plus souiller ces lieux si
paisibles, et ne plus permettre cet outrage sur cette terre bénie berceau de nos aïeux et où nous avons tant d'attaches
Par Noureddine Toumi
Le vendredi 19 Mai 2017
Le présent diaporama comprend 75 photos
Photos prises le 15 mai 2017
Cliquez sur latouche f 11 de votre clavier pour voir le diaporama photo en plein écran
NB/ Branchez vos enceintes acoustiques pour écouter la musique d'accompagnement
LES LIEUX VUS AVEC MON APPAREIL PHOTO
IL EST ILLUSOIRE DE PENSER QUE LES PHOTOS SONT FAITES AVEC L’APPAREIL PHOTO
ELLES SONT FAITES AVEC L’OEIL, LE COEUR ET LA TÊTE.
Cliquez ici pour retourner à la première partie
Commentaires (9)
En effet l'alfa a failli presque disparaître suite à divers facteurs, elle renaît petit à petit mais difficilement, nos terres ne connaissent plus de répit essentiel à leur régénération sans compter de gros éleveurs qui viennent des wilaya limitrophes saccageant tout sur leur passage
J’adhère à votre idée quand à ériger un mausolée en l'honneur de lala Aicha mais à y penser ça sera une catastrophe, les lieux perdront de leur attrait et cet écosystème déjà trop fragile pourrait disparaître, j’essaie au maximum de préserver les lieux et c'est pourquoi j'ai codé les rubriques et ne les partage qu'avec les initiés et amoureux
Bien à toi et ramadhan karim
Ce reportage photos sur les terres de Sid El-Hadj Benaâmeur et de Lala Aïcha est magnifique et les textes rédigés avec soins, décrivent parfaitement tes observations sur cette nature belle et apaisante. Cette nature est heureusement encore vivante et si elle est "souffrante" ce n'est que du manque d'attention et d'amour des humains! Cette nature est généreuse pour ceux et celles qui se donneront la peine de l'occuper et lui apporter les soins nécessaires.
L'alfa (Halfa en arabe) dont tu parles dans le texte, a été utilisée industriellement pendant la colonisation française; quelques temps après l'indépendance, on en voyait presque plus; il me semble qu'elle revient de plus en plus depuis une dizaine d'années?
c'est dommage que la pierre sculptée pour attacher la jument du Saint, aie disparue! le plus désolant n'est pas le voleur, car il y en aura toujours et partout dans le monde; le plus désolant ce sont les gens qui ont "des responsabilités et du pouvoir" qui n'assument pas leur devoir!
Pour ce qui est du tombeau de Lala Aïcha, n'est t'il pas concevable de mobiliser les gens de la région pour édifier un Mausolée?
Je t'envoi en MP les articles de Omar Dib, publiés en 2010 sur le Quotidien d'Oran.
Bien à toi et mes amitiés
bonne journée à bientôt
Georges
A vrai dire ce n'est pas vraiment le vrai désert ici c'est la steppe Algérienne c'est en quelque sorte la porte vers le désert
Merci pour vos retours et toujours du plaisir à vous lire
Amitiés
Comme ce désert est déroutant pour la Française que je suis, avec mes idées piochées un peu partout au cours de mes lectures ou des films que j'ai pu voir.
Je pensais qu'un désert était une immense étendue de sable, avec des dunes à perte de vue, et sans autre vie que quelques animaux épars, dont les vipères ou des insectes, ainsi que quelques caravanes de temps en temps.
Et voilà que dans votre désert poussent des genêts, des lauriers roses, des arbres, des maïs et autres herbes, et que des rus l'irriguent à certains endroits. Comme si la vie voulait et cherchait à reprendre ses droits, et y parvenait sur des petites surfaces, petit à petit.
Merci pour ce reportage riche de vos images et de votre texte si empli de nostalgie et d'amour pour ce royaume dont, telle la citadelle millénaire, vous êtes aussi le gardien.
Bien amicalement,
Mijo