LA REINE DE L'OUED SAGGAR
LA REINE DE L' OUED SAGGAR
EMBARKA BENT EL-KHASS
(Paroles de sagesse)
A quelle époque peut on situer l’existence de cette héroine visiblement légendaire , même dans la tradition
algérienne ? les un disent qu’Embarka Bent el khass , femme célèbre de la tribu des Beni Ameur , vivait dans
le sud Oranais au xv siècle , mais la connaissance de la littérature arabe classique nous permet de remonter
plus haut : l’existence de Bent el khass est mentionnée , sans en être d’ailleurs le moins du monde plus certaine
, par des auteurs antérieurs au xv siècle et c’est là une preuve de plus qu’on ne saurait étudier d’une façon
sérieuse et complète , si l’on n’a pas une connaissance suffisante de la littérature ancienne. La première
mention qui soit faite d’elle se trouve dans un vers du poète El Farazdaq né en l’an 20 de l’hégire ( 641 après
J.C ) et mort vers 110 ( 728 de J C ) c'est-à-dire sept siècles avant la date supposée plus haut. Tu as été
honorablement fidèle à un serment , comme Hind fut fidèle à Bent el khass Cerains commentateurs ont cru que
la Hind dont il s’agissait ici était la fille du dernier roi de Hira , eno’man mais cette opinion est combattue par
Ibn N obata qui voit avec vraisemblance dans cette Hind ( nom tres répandu dans l’ancienne Arabie ) une autre
femme que la princesse de Hira .
En orient elle est appelée Hind et on lui donne pour sœur une certaine Djommâa contre qui elle plaida devant un juge des arabes
« El qalmas » , celui-ci rendit un jugement en sa faveur , si l’on en croit un vers attribué à Bent el khass : Si Dieu récompense
l’homme bienfaisant pour sa fidélité , qu’il récompense généreusement Qalmas de ma part. On voit que partout son père est nommé El khass , Ibn el arabi lui donne le nom d’El khoss ben djabbir ben qoraft el iyadi , d’où le surnom d’El Iyadyah , porté par sa fille . Mais cette liste d’ascendants de Bent el khass est inconnue des généalogistes Ibn Doraid ( ? ) et Ibn Qotaibah . Ce dernier mentionne seulement un qorait , frère de Qort fils d’Abou Bakr , remontant par killab ; Haouâzin et Nizâr à Adnan , l’ancètre des arabes , tandis qu’Yyad , de qui serait descendu Khoss , était le frère de Nizar . Le qorait d’Ibn Qotaibah ne peut donc pas étre l’ancètre de Bent el khass. Du reste cette désignation d’Iyàdyah a-t-elle quelque valeur ? Je ne le crois pas , et les auteurs arabes semblent avoir partager cette opinion , car quelques uns font de Bent el khass une Amaliqua ; issue des débris du peuple de « Ad » Mais en orient , comme en occident les traits caractéristiques de sa légende sont identiques et les maximes en prose rimée qu’on lui attribue ont le même cachet . Elle est appelée à donner son avis sur les chevaux , les chameaux , le mariage , et ses sentences ont le mème caractère de simplicité du fonds et de recherche de la forme.
On lui demanda : quel est l’homme que tu préfères ? Elle répondit : L’homme facile et généreux , bienfaisant et illustre , habile et intelligent , le seigneur redouté - Ya t-il quelqu’un qui surpasse celui là ? - Oui l’homme svelte et mince , fier et élégant , bienfaisant et prodigue , qu’on craint et qui ne craint pas
- Et quel est l’homme le plus haissable à ton avis ? - L’homme lourd et endormi , qui se décharge des affaires sur les autres , indifférent , faible de poitrine , vil et blâmable - Et y a-t-il quelqu’un de pire ? - Oui , le sot , le querelleur , négligeant et négligé , qui n’est ni craint ni obéi - On lui demanda encore : quelle est la femme la plus préférable ? - Celle qui est blanche et qui est parfumée - Et celle qui déplait le plus ? - Celle qui se tait si on veut la faire parler et qui parle si on veut la faire taire Un homme alla trouver Bent el khass pour la consulter sur la femme qu’il devait épouser - Cherche la brune et belle de visage , lui dit-elle , dans une famille brave ou noble ou dans une famille puissante - Il ajouta : tu n’as laissé de côté aucune sorte de femme ? - Si fait , j’ai laissé de côté la pire de toutes : la noirade toujours malade , aux menstrues prolongées , querelleuses On demanda à Bent el khass : quelle est la femme la plus méritante ? - Elle répondit celle qui demeure dans sa cour , qui remplit les vases , qui mélange d’eau le lait qui est dans l’outre - Quelle est la femme la plus méprisable ? - Celle qui soulève la poussière en marchant , qui a une voix aîgue en parlant qui porte une fille dans ses bras , qui est suivie d’une autre et qui est enceinte d’un troisième _ Quel est le jeune homme préférable ? - Le jeune homme aux longues jambes et au long cou , qui a grandi sans malice - Et quel est le plus méprisable ? - Celui qui a le cou enfoncé , les bras courts , le ventre énorme , qui est couvert de poussière , qui a des vêtements déchirés , obeit à sa mère et se révolte contre son père son oncle paternel. Comme dans les traditions du Sahara , elle est consultée pour l’achat d’animaux domestiques. Son père , voulant acheter un étalon pour son troupeau de chamelles , lui dit : « Indiques moi comment je dois l’acheter . » Elle répondit : « Achète-le avec le bas de la joue marquée , les joues douces , les yeux enfoncés , le cou épais , le milieu du corps développé , très haut , tres généreux , qui regimbe quand il est frappé du bâton et allonge la tête quand il est chargé entièrement.
Les chameaux paraissent avoir eu sa prédilection , ce qui n’a rien d’étonnant chez les nomades, si on en juge
par les réponses qu’on lui attribue : « Quelle est la chamelle la plus vive ? - C’est celle qui mange tout en
marchant et dont les yeux sont brillants comme ceux d’un fiévreux
- Et quelle est celle qui a moins de valeur? - Celle qui est prompte à aller au paturage de bonne heure et qui
le donne que peu de lait le matin.
- Quel est le meilleur des chameaux ?
- C’est l’étalon au corps énorme , robuste , habitué aux voyages , vigoureux .
- Quel est le chameau de moindre valeur ?
- C’est celui qui est court de taille et qui a une bosse aussi petite que le dos d’une autruche . El khass demanda
à sa fille : « Est-ce que le chameau de moins de cinq ans féconde la femelle ? - Non et il ne laisse rien . - Et le
chameau dans sa sixième année , la féconde t’-il ? - Oui dit-elle , mais sa fécondité est lente . - Et celui qui a perdu deux incisives ? – Oui dit-elle et de la largeur d’une coudée . - Et celui là qui pousse sa première dent de devant ? - Oui mais il est sans force Un jour elle dit à son père : « une telle éprouve les douleurs de la parturition , en parlant d’une chamelle de son père. » - Qui t’en a informée ? Elle a un tressaillement dans les os de l’uterus , son regard est vif et elle marche en écartant les jambes. - Ma fille elle va mettre bas . - Quel cheval préferes-tu ? lui demanda t-on - Celui qui a un toupet , qui est bien soigné , robuste , de forte encolure , solide , ardent vigoureux et rapide . On lui demanda : « Que dis-tu de cent chèvres ? - Elle répondit : c’est un petit bien derrière lequel s’attache la pauvreté , richesse de faible , gagne pain de misérable. - Et cent brebis ? – C'est une ville sans défense . – Et cent chameaux ? - C’est l’orgueil de qui les possède et il ne s’en contente pas - Et cent ânesses ? - Eloignées la nuit , honte de la réunion ; elles n’ont pas de lait qu’on puisse traire , pas de laine qu’on puisse tondre , si on attache leur mâle , il est interdit : si on le lâche il s’en retourne. On lui attribue aussi une réponse un peu différente au sujet de la valeur des différents biens . Son pere lui demanda : Quelle est la meilleur richesse ? - Des palmiers solidement plantés dans les terrains humides , qui nourissent en temps de disette. Et quoi encore ? - Des brebis à l’abri de l’épizootie qui te fournissent des agneaux , que tu trais plusieurs fois par jour et te donnent des toisons ; je ne connais pas de richesses comme celle là - Et les chameaux ? - Ce sont les montures des guerriers , le Rachat du sang versé , le douaire des femmes - Quel est l’homme le meilleur ? - Le plus visité comme les collines d’un pays sont les plus foulées des pieds . – Qui est-il ? - C’est celui à qui on demande et qui ne demande pas , qui donne l’hospitalité et ne la reçoit pas , qui rétablit la paix et à qui on ne l’impose pas - Quel est le pire des hommes ? - L’imberbe bavard qui tient un petit fouet et qui dit : Retenez moi de l’esclave des benou un tel , car je le tuerai ou il me tuera. - Et quel est la meilleure des femmes ? - C’est celle qui a un fils dans son sein , qui en pousse un autre devant elle , qui en porte un troisième dans ses bras , tandis qu’un quatrième marche derrière elle .
On lui demanda un jour : Qu’y a-t-il de mieux ? - Le nuage du matin qui suit le nuage de la nuit sur une terre élevée.
On lui attribue aussi un grand nombre de dictons en prose rimée , entre autres ceux-ci qui sont devenus proverbes : Le pire des loups est le loup du « ghadha » ( arbuste épineus ) , le pire des serpents est celui d’un sol aride , la plus rapide des gazelles est celle qui pait la h’allabah , le plus fort des hommes est celui qui est mince , la plus belle des femmes est celle qui a des formes potelées et le visage ovale ; la plus laide est celle qui est renfrognée et sèche ; la plus vorace des montures est celle qui allaite , le meilleur morceau de viande est celui qui est près de l’os ; le plus dur des endroits pour la marche est celui où les cailloux sont sur les rochers , les pires des troupeaux sont ceux qu’on ne peut donner en aumône ni égorger ( comme les ânes ) ; la meilleure des richesses est une jument soumise ou une série de palmiers fécondés. On lui demanda : quel est le nuage que tu préfères ? - Celui dont le bord retombe comme une frange , qui verse la pluie à torrents , énorme , sillonné d’éclairs , bruyant et qui envahit tout . - Quel est l’homme le plus important à tes yeux ? - Celui dont j’ai besoin Elle aurait eu aussi , suivant certaines traditions , l’habitude de poser des énigmes à ceux qu’elle rencontrait ,
c’est ainsi qu’Ibn nobata , dans son commentaire de l’épitre d’Ibn Zeydoun lui attribue la série d’énigmes que,
d’après Hariri une djinnah ( comme la sphynge des grecs ) proposait aux passants . . .
Hélas ! aujourd'hui, le Ksar-de Ain Laamara est ruiné, sa source ne donne plus qu'un très-mince filet d'eau qui se perd à quelques pas ,
et la sauvage végétation saharienne a remplacé dans Oum-el-Mai et dans les plaines de Saggar, les épis que la poétique fille
des Beni-Amer y sema la première.
Le jeudi 11 juin 2020
Le présent album comprend 128 photos
Photos prises le 05 et 09 juin 2020
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NB/ Branchez vos enceints acoustiques pour écouter la musique d'accompagnement
Commentaires (5)
- 1. | mardi, 16 juin 2020
- 2. | dimanche, 14 juin 2020
Je vous souhaite tout le bien après tout ce que vous avez vécu
heureux que vous ayez pu visualiser ce diaporama photo
Amitiés sincères
- 3. | dimanche, 14 juin 2020
Heureusement je suis arrivé à visualiser votre dernière escapade que j’ai apprécié énormément , on voit tout le travail de la nature magnifique , c’est grandiose.
Amitiés les plus sincères
Georges
- 4. | samedi, 13 juin 2020
Bien à toi
- 5. | samedi, 13 juin 2020
Merci pour vos deux envois. Ces grands espaces et ces ruines bien entretenues, nous laissent rêveurs et admiratifs!!
Bien amicalement. Gardez la forme!
Jean.