FLORE SAHARIENNE
FLORE SAHARIENNE
CECI EST MON TEMOIGNAGE
Cette fois je me suis focalisé un peu plus que de coutme sur la flore qui caractérise
notre région et ce pour la fascination qu’elle a toujours exercé sur moi ainsi qu'à sa
phénoménale adaptation à ce milieu semi-aride et des plus rudes.
Les plantes de la région les plus fréquentes (environs de Brezina) sont le Beguel du
nom scientifique de "Anabasis articulata" très prisé par les dromadaires, le methnane
" Thymelea microphylla" qui n’est comestible ni par les hommes ni par les bêtes d’où
ce diction des nomades « ana el methnane ma takoulni zayla ma tahragni gueyla »
c’est-à-dire je suis le methnane je ne suis mangé ni par les bêtes ni brûlé par le soleil,
il est très présent dans ces contrées sinon il est le plus répandu, Lebina " Euphorbia ",
ses tiges renferment un liquide blanc qui ressemble à du lait d’où le nom lebina (petit lait) elle est à longueur d’année d’un vert éclatant
Toutes ces plantes se caractérisent par un réseau dense de racines qui se déploient dans les couches superficielles du sol et tirent
parti de l’humidité nocturne, j’ai été sidéré d’apprendre que quelques spécimens produisent au niveau de leurs racines des antib-
iotiques qui empêchent le développement dans leur voisinage d’autres plantes, chacune a sa manière de développer des mécanismes
s’opposant à la croissance d’éventuels concurrents, les faibles n'ont aucune chance de survie
Ici la pluie se fait rare et exceptionnelle sauf au moment des crues automnales, le plus fréquent c’est monsieur le vent et peut
présenter diverses caractéristiques, le plus fréquent est le guebli (vent du sud) qui peut se lever à n’importe quel moment, ce
dernier modèle bien des paysages, le vent a surtout cette particularité d’édifier l’une des composantes les plus spectaculaires
des paysages désertiques en l’occur rence les dunes créant des reliefs transitoires et des dépressions en forme de cuvettes
(voir photos) et où quelques plantes et rongeurs trouvent refuge, ici les paysages peuvent changer du jour au lendemain au
gré du vent et c’est ce qui fait la beauté du désert avec ces horizons changeants, souvent je reste de longs moments lors des
tempêtes de sable à contempler ces grains de sable minuscules martelant avec frénésie des abrisseaux qui sont à raz de
terre les dévorant peu à peu jusqu'à effritement total avec le temps, mon matos en souffre énormément lors de ces prises
de vues très délicates.
Malheureusement ce petit eldorado risque de disparaitre vu les profonds bouleversements que va connaitre la région, les
nouveaux « maitres » sont déjà à pied d’œuvre c’est près d’une surface de plus de cinquante mille mètres carré où tout a
été rasé pour disent-ils procéder à des cultures intensives, c’est un paysage lunaire et désolé qui s’offre aux yeux, ces
plantes résistantes étaient les seules capables à freiner l’avancée des sables, c’est tout un écosystème déjà trop fragile qui
va être bouleverser en plus des ressources hydriques rares qui vont être mises à rude épreuve sinon se verront tarir
Etrange vision et sensation que je ressentis en prenant une longue halte en me reposant sur un petit muret en pisé de la
cour de la zaouia de sidi ben Abdallah, je restais longtemps figer comme dévoré par moments par mes tourments, il me
semblait presque entendre le son des tolbas qui prêchaient par le passé les bonnes paroles, je ne fus éveiller de ma
torpeur que lorsque j'entendis les roucoulements des pigeons qui ont élu domicile en ce lieu béni, cette zaouia est livrée
à son sort et menace à tout moment de tomber en ruine en raison du manque d'entretien et d'un abandon total,
Je vous donne rendez-vous tout au plus dans deux ou trois ans pour constater les dégâts irréversibles si nous sommes encore
de ce monde et de ce mode de vie qui nous est imposé de force sans aucune concertation avec les populations locales et
surtout les nomades qui ne savent à quel saint se vouer sans compter qu’avec la disparition de ce tapis végétal c’est la faune
déjà décimée par les braconniers du golfe qui se comportent en terre conquise et qui va à son tour connaitre une fin encore plus
tragique sans compter que les sites historiques vont être à la merci des badeaux et déstructeurs, comme en témoigne cette photo
ci dessous où un sauvage a déversé sur ce magnifique site tout un chargement de plaques de plâtres, comme quoi mes appréhensions
et craintes passées n'étaient pas sans fondements.et se sont avérées éxactes
Merci à nos apprentis sorciers pour ce magnifique cadeau - chapeau bas messieurs"
Bientôt ces photos ne seront que de vagues cartes postales de ce que furent ces magnifiques contrées qui étaient pour moi un hâvre de
paix où je venais me ressourcer et méditer sauf que:
Dieu merci c'est la terre qui aura son dernier mot comme stipulé sur ce passage dont je ne garde que quelques bribes dans ma mémoire
chancelante: "...cette terre d'Afrique dévorera lentement, mais sûrement, toutes les civilisations étrangères ou hostiles à son âme."
et tous les complices et maquignons qui je ne sais par quel miracle et dans un laps de temps si court baignent dans l'opulence la plus criarde
et qui se sont auto proclamés les nouveaux maîtres de notre destinée qui par leur complaisance à plaire à leurs maîtres ont permis ce massacre.
Sommes nous tombés si bas pour permettre ce carnage et assister incrédules à notre propre déchéance tels des gnous s'offrant sans
résistance aucune à leurs prédateurs et dans le meilleur des cas nous sommes devenus rien de plus que de simples virtuoses du clavier
Par Noureddine Toumi
Le dimanche 12 février 2017
Le présent album comprend 55 photos
Cliquez sur la touche f11 de votre clavier pour voir les photos en plein format
Les photos ont été prises le 09 février 2017
NB/ Branchez vos enceintes acoustiques pour écouter la musique d'accompagnement
Cliquez ici pour voir la deuxième partie
Commentaires (3)
- 1. | vendredi, 24 février 2017
- 2. | mercredi, 15 février 2017
Superbes prises de vues .
Amitiés Georges
- 3. | lundi, 13 février 2017
Tu as bien décrit cette magnifique nature et en même temps dressé le bilan de ce que l'homme est capable comme folies et enfin constaté les prémices des résultats de ses folies, dont les victimes sont d'abord les hommes qui dépendent de cette nature et la faune qui en est tributaire également en même temps que régénératrice.
L'homme est ainsi fait; il aspire toujours à un meilleur devenir et à l'auto-satisfaction de ses besoins légitimes, comme les besoins égoïstes et mercantiles. Rien ne peut le changer, si ce n'est "la nature qui finira toujours par reprendre ses droits" comme dit l'adage! Faisons le voeu que la sagesse et le bon sens finiront par trionpher afin de sauver tout ce qui fait la beauté de cette terre et le bonheur de ses créatures sans distinctions.
Amicalement et bon courage
J’aimé votre texte qui exprime votre rage et votre impuissance devant la cupidité et la bêtise des destructeurs de ces lieux pratiquement inviolés jusqu’à aujourd’hui, mais qui vont disparaitre devant la puissance du Dieu Argent.
Et je compatis très sincèrement au triste sort réservé aux nomades. Que vont-ils devenir ? Où vont-ils aller ? Nul ne le sait, et c’est ce qui est le plus angoissant.
Je vous souhaite beaucoup de courage.
Toute mon amitié,
Mijo