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PARADIS DES EAUX

 

 

PARADIS DES EAUX - DHAYA DE EL M'SSAYED

Les beautés et curiosités de l'atlas saharien ne sont visibles que grâce au sens aigu de l'observation et du terrain, du flair et de beaucoup de chance
Pénétrez cette contrée méconnue dans des paysages grandioses

 

El M'ssayed est borné  par djebel El M'ssayed qui descend  jusqu’au sud-est vers la localité de El maya et du djebel el Ochra situé lui entre sidi Ali ben Tifour et la localité de sidi Ahmed Belabess dont il est distant de quelques quarante kilomètres 
La région abrite en son sein une succession de djebels majestueux et très difficiles d'accès et qui ont été par le passé de véritables fiefs pour les djounoud de l’Armée de Libération Nationale, on peut distinguer djebel El Ochra, djebel Bounguala (montagne de l'homme aux
sandales usées), djebel Ghzala (montagne de la gazelle) et bien d'autres massifs montagneux de l'atlas saharien 
Je n'ai pas revu cette contrée depuis l'été 2023 , à cette époque une grande sécheresse s'était installée dans la région et d'ailleurs depuis des années , la région a connu depuis l'automne 2024 beaucoup de pluie tout comme ce printemps , la dernière pluie remonte d'il y a 4 jours et a vu toutes les dayates remplies d'eau , les lits des oueds sont remplis de guelette (marres d'eau), restes de cette dernière crue 
On distingue à El M'ssayed plusieurs dhayate où poussent des térébinthes , des jujubiers sauvages et du genet, comme toutes ces dayathes ont été remplies d'eaux pluviales, quelques colonies d'oiseaux migrateurs se sont accaparées des lieux , on y distingue des oies cendrées et d'Egypte, des échasses blanches , des chevaliers aboyeurs, des sternes et autres  bergeronnettes grises , que de bonheur à la vue de tout ce beau  monde, malheureusement en m'enfonçant dans une marre et sur quelques ilots de terre élevés à l'abri des eaux , j'ai constaté pleins de nids détruits et d'autres abandonnés suite au passage de la grêle qui a causé bien des dégâts, rares sont ceux qui ont pu échapper à ce déluge de grêle, on distingue bien des oisillons morts, les seules nidifications épargnées peut être sont celles des oies qui nichent sur les contreforts de dhalaat El M"ssayed, un jeune garçon originaire de cette localité m'a fait part aussi du braconnage qui sévit dans cette région si bien que beaucoup d'espèces ont disparu, mais  ce qui m'a le plus effaré c'est qu'un imam (dignitaire "musulman" ) officiant à El bayadh s'adonne à ce braconnage , et qu'il tire sur tout ce qui bouge même les frêles bergeronnettes n'échappent pas à son carnage 

Djebel-el-M'ssïayed est une grande chaîne régulièrement mamelonnée, c'est un véritable refuge pour les animaux sauvages, le jeune Ameur m'a fait savoir qu'on peut rencontrer des chats sauvages si bien qu'un jour il a été invité chez un cousin qui habitait en solitaire sur les pieds de dhalaat El M'ssayed au lieu dit Sagaa, au beau milieu de la nuit , ils furent réveillés par des miaulements plaintifs du chat domestique qui a été attaqué par un chat sauvage, à leur vue ce prédateur s'est sauvé, le chat domestique était tétanisé et courait et sautait dans tous les sens, le jeune invité m'a informé qu'il est mort 24 heures après, le jeune Ameur m'a fait part aussi de la présence de l'hyène tachetée , un jour ils ont découvert les restes d'os d'animaux sauvages et domestiques dans une grotte située à dhalaat El M'ssayed 

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La région est hérissée aussi de nombreux gour (plateaux) , témoins primitifs je suppose d'un autre âge
Tout le long des talweg poussent des lauriers roses et du genet, sur les berges le térébinthe atteint fréquemment de fortes proportions , la vie renait après un long somme qui n'a que trop duré, les alouettes grisolent haut dans le ciel , le croassement des crapauds se fait pressent à la recherche d'une âme soeur 

 

Durant tout mon long parcours je n'ai croisé que deux kheimates (tentes), autrefois elles étaient nombreuses, ces tentes étaient les véritables demeures des gens de l'atlas saharien , elles sont très solides et résistent aux vents les plus violents
L'une des attractions de ces solitudes ardentes, c'est le térébinthe qui semble avoir été planté par le tout puissant pour faire oublier au voyageur les terres brûlées et désolées du désert.

Dans toutes mes tournées vers cette contrée je m'attarde souvent sur ces vieux cimetières oubliés de tous, je ne sais pourquoi, mais à leur vue je ressens une véritable sérénité et une paix profonde; la légende nous apprend qu' autrefois il y avait une tribu nomade pasteur qui campait du côté de Souass (environs de krekda), avec l’approche de l’’hiver ils décidèrent de plier tentes pour se rendre un peu plus au sud en quête de pâturage pour leurs bêtes, après une longue marche et à la nuit tombée ils décidèrent de camper et passer la nuit au lieu dit Theniet ouled Boudjemaa distante de quelques huit kilomètres de El M'ssayed, ils furent étonnés de découvrir un petit cimetière juste à côté de leur campement , le chef de tribu était en homme avisé, sage et pieux aussi décida t’il d’égorger à la mémoire de ces défunts un mouton

La nuit dans son sommeil il vit presque tous ces hommes morts venir vers lui , aussi leur demanda t'il qui ils étaient , ils lui répondirent presque tous en choeur : nous sommes de la tribu des Doui M'nie, nous avons été attaqués par les Zegdou: une tribu pillarde qui infestait le désert, ils ont attaqué notre caravane et se sont accaparés de tous nos biens et nous ont massacré jusqu'au dernier , nous sommes venus vous remercier, car vous êtes le premier et le seul à avoir honorer notre mémoire par votre sadaka (bienfait) et ils disparurent, juste après un homme seul est venu s'avancer vers notre sage homme qui lui dit: qui es-tu ? 
Tu ne portes pas le même style d'habits et de turban que les Doui M'nie ?
Moi je suis de la région, lui répondait-il, de la tribu des ouled Aissa (Brezina), mon dromadaire était en rut et s'est échappé, je l'ai cherché  partout pendant plusieurs jours sans résultat, j'ai été mordu par une vipère à cornes, j'ai souffert le martyre jusqu'à ce que je succombe suite à ce venin mortel, ce n'est que quelques jours plus tard qu'on a découvert mon corps  et on m'a enterré ici juste à côté de ces hommes, aussi je me joins à ces derniers pour vous remercier d'avoir honorer notre mémoire , que Dieu vous bénisse en ce bas monde et dans l'au delà

On distingue aussi tout près de ce vieux petit cimetière quelques tumulus (tombeaux très anciens) , je sentis au plus profond de mon être une impression de recul dans le temps vers ces siècles révolus à tout jamais, ce n'est qu'au coucher que je quittais cet havre de paix
Un départ teinté de mélancolie en pensant que peut être un jour la "civilisation" qui a gangrené nos villes et nos modes de vie ancestraux ne vienne troubler le charme encore intact de cet Eden saharien qui s’est conservé jalousement presque sans changer à travers des siècles et des siècles et ce dans sa primitive beauté (Prions)

La dhaya d'El M'ssayed mérite d'être classée comme zone humide et protégée , mais à quoi bon car en fin de compte, bien des zones humides et soi disant protégées ont été saccagées  et livrées à leur triste sort 

* Dhaya : Cuvette peu profonde où s'accumulent temporairement les eaux de pluie venues des montagnes voisines
Theniet ouled Boudjemaa : sorte de très vaste couloir dans un djebel , les ouled Boudjemaa sont une tribu

Par Noureddine Toumi
                         Le jeudi 29 Avril 2026

                                

 

Le présent album comprend  181 photos au format Ultra Grand Angle
Photos prises le 16 et 26 Mai 2025
Cliquez sur la touche f11 de votre clavier pour voir les photos en plein écran
NB/ Branchez vos enceintes acoustiques pour écouter la musique d'accompagnement
Si la musique ne démarre pas , cliquez sur PLAY du lecteur ci dessous

 

DHAYA DE EL M'SSAYED

 

 

 

 

VIDEOS DES DHAYAS DE EL M'SSAYED

 

Commentaires (5)

Noureddine -  Sur : PARADIS DES EAUX
  • 1. Noureddine - Sur : PARADIS DES EAUX | mercredi, 04 juin 2025
Bonsoir René
Généralement les oiseaux des marais nichent à même le sol du moins pour certaines espèces, malheureusement une tempête de grêle a détruit presque toutes les couvaisons
Amitiés
René -  Sur : PARADIS DES EAUX
  • 2. René - Sur : PARADIS DES EAUX | mercredi, 04 juin 2025
Oui, le changement de décor est spectaculaire; je ne m'attendais pas à voir une daya de cette ampleur avec autant d'eau et devenir, comme vous l'écrivez
"un paradis des eaux".
Pauvres oiseaux nichés au sol. Mais d'autres s'en donnent à cœur joie sur l'eau.
Contradictions éternelles de la nature et des choses...
Les lauriers -roses magnifiques émaillent ce paysage, et vous avez retrouvé ces cimetières abandonnés ,et en arrière-plan, les djebels où se réfugiaient les combattants!Vous redonnez vie à ces lieux pendant quelques instants.
Merci encore de ces documents.
Bien amicalement.
Noureddine - Sur : PARADIS DES EAUX
  • 3. Noureddine - Sur : PARADIS DES EAUX | mardi, 03 juin 2025
Cher Raymond
La nature n'ouvre son cœur qu'aux initiés et amoureux
Le btom de cette dhaya vous salue
Amitiés
Raymond -  Sur : PARADIS DES EAUX
  • 4. Raymond - Sur : PARADIS DES EAUX | mardi, 03 juin 2025
D'abord merci pour la mise au point et bravo Ami Noureddine. Oui ces paysages et ces informations se méritent et... tu les partages. Et puis cette période pluvieuse, si rare ! Que le Créateur en soit Béni. SUPERBE... Les oiseaux et leurs cris et le vent qui anime les eaux et toute la nature. Remarquons encore une fois le " Botma ", le Térébinthe, le prince des arbres de ces contrées. On parle de barrage vert et on ne pense pas à multiplier le roi des arbres.,???
Noureddine -   Sur : PARADIS DES EAUX
  • 5. Noureddine - Sur : PARADIS DES EAUX | jeudi, 29 mai 2025
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