DAR EL-MAHJOURA
KSAR LAHMAR - DAR EL-MAHJOURA
RANI MARA HNA MARA LHIH
( Je suis des fois ici d'autres fois ailleurs )
C'est en empruntant une ancienne piste, et c'est par le plus pur des hasards que je suis tombé sur ce charmant vieux ksar situé
aux pieds d'une colline comme pour se cacher des regards indiscrets , c'est le contraire de tous les autres ksour que j'ai visité et
qui sont toujours érigés sur le sommet d'une gara (butte) et ce pour surveiller les jardins situés en contre bas et surtout pour
se prémunir des pillards du désert qui infestaient autrefois la région
Ce ksar comptait tout au plus douze maisons collées les unes aux autres pour se tenir au chaud, d'autres maisons sont presque
cachées par les herbes sauvages et si touffues que j'avais du mal à enjamber
Un oued longe les jardins et coulait paisiblement , de hauts fuseaux de peupliers, de tamaris et d'oliviers de bohème garnissent
ces berges, en quelques endroits ces berges ont été emportée lors des crues dévastatrices
A ma gauche au dessus de quelques vallonnements bas se dresse la puissante silhouette de djebel Legbar tel un bateau en rade,
à ma droite on peut distinguer les lointains cols de Sid El hadj Ben-Ameur, un magnifique soleil automnal répandait une clarté
d'une limpidité inouïe
En m'enfonçant à l'intérieur des djenanes (vergers) s'ouvraient devant moi sous un tapis de feuilles des sentiers délicieux pleins d'ombre et de lumière, les fruits des cognassiers
dégageaient des odeurs enivrantes, c'était enfin des parfums retrouvés, d'autres arbres se mêlaient à ce fabuleux décor, en contre bas le tamaris règne en maitre et protège les
berges de l'oued lors des fortes crues , nous croisâmes un âne devenu sauvage au beau milieu des verges mais qui à notre vue détala à toute vitesse
Tout n'était que volupté et douceur, les jardins ici sont cultivées en de petites terrasses, sur le flanc opposé de l'oued je distingue une colonie de perdrix escaladant
sans peine ces flans escarpés, leur couleur se mouvant merveilleusement bien avec le paysage environnant
Dans la quiétude profonde de cette clairière isolée, un jeune caméléon se prélasse au soleil avant l'approche des grands froids qui ne sauraient tarder
Le soleil brillait de mille éclats comme en triomphe sur ces magnifiques contrées
Par delà la déchirure d'une falaise abrupte nichait une colonie de pigeons, leurs roucoulements se faisaient bruyants et se répandaient au beau milieu de l'oued
Sur une petite crête on distingue un petit cimetière, les tombes étant presque effacées,
Au milieu des vergers se dresse un petit ksar, on ne perçoit aucun son de vie au milieu de ces maisons "éventrées" , les araignées se sont déjà accaparées des lieux,
un silence troublant y régnait , je ne fus éveillé de ma torpeur que par un battement d'ailes bruyant de pigeons qui avaient eux aussi élu domicile sur une poutrelle faite
à base de bois de tremble , parmi les décombres de ces maisons croulantes ne subsistent que quelques tissus devenus chiffons et des traces de fumée noire
Mon Dieu que de monde a habité ces maisons empreintes de saveurs et de nuances, que de cris d'enfants se sont tus à jamais
Les murs de pierre autrefois vibrants de vie , sont désormais fissurés et croulant , les herbes sauvages les recouvrent désormais, les portes défoncées semblaient regarder
le monde extérieur avec tristesse comme si elles attendaient les âmes de ceux qui les avaient habité autrefois , dans l'air flotte une odeur de poussière et de temps figé à jamais
Des entrailles de la terre jaillissait la source bénie qui alimentait ce vieux ksar et les vergers, elle était couverte par d'énormes
touffes d'alfa, j'eu du mal à la distinguer, les séguias sont construites ingénieusement irrigant les différentes parcelles de ces
vergers, l'eau est d'une telle pureté qu'on pourrait voir en certains endroits une aiguille, mais ce qui me tourmentait le
plus, c'est comment diable a t'-on pu abandonner ce merveilleux Eden , avec tous ces vergers, de la bonne terre et de l'eau à
profusion, l'énigme reste totale
Une belle maison isolée se trouve à l'extrémité du vieux ksar, elle est entourée de trois palmiers, c'est bien ici que j'aurais aimé
terminer les jours qui me restent , un amas de bois est déposé à quelques pas de cette maison depuis fort longtemps , hélas
ce foyer restera à jamais froid
Les rayons de soleil tels des chevelures dorées viennent effleurer avec douceur ce vieux ksar et tentent de réchauffer les lieux
Mohamed mon compagnon de route a ramassé les fruits de cognassiers qui gisaient par terre, par contre Karim lui a ramassé les
fruits des oliviers de bohême dont il raffole
A notre départ au coucher le ksar et les vergers se parent de teintes orangées , c'est d'une beauté mélancolique qui captive l'âme,
rappelant la richesse d'une époque où chaque pierre racontait une histoire
La vie ici s'est envolée à jamais et a laissé place à l'oubli
"Je vous revis, ksour tombant en ruines, à l’ombre des jardins délicieux
que le désert envahit peu à peu et dévore. Et je pensai qu’il est aussi des
peuples qui ont l’air de mourir."
Isabelle Eberhardt
Ksar Lahmar : le terme "Lahmar" désigne la couleur rouge ou ocre
Dar El-Mahjoura : La maison abandonnée
Par Noureddine Toumi
Le mercredi 13 novembre 2024
Photos prises le 16 Octobre et 05 et 20 novembre 2012
Photos prises à l'époque avec un modeste APN
Le présent album comprend 203 photos
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Ce morceau instrumental est tiré de la chanson "Rani mara hna mara lhiih " (Des fois je suis ici et d'autres fois ailleurs)
KSAR LAHMAR
Commentaires (5)
- 1. | lundi, 18 novembre 2024
- 2. | lundi, 18 novembre 2024
- 3. | lundi, 18 novembre 2024
رحلوا يا سي نور الدين
- 4. | lundi, 18 novembre 2024
j'ai eu un très grand plaisir à vous lire et à contempler ces superbes photos
Avec toutes mes amitiés
Gilles
- 5. | jeudi, 14 novembre 2024
Merci infiniment.