HADJRET...
HADJRET DERIASS
Le rocher aux Tapsias
La station rupestre Hadjeret derriass est un éperon rocheux isolé au milieu de ces immenses solitudes, il culmine à près de 25 mètres de hauteur et dont la longueur avoisine les 100 mètres..
La surface gravée est d'environ six mètres, bien des gravures ont subi
des dommages irréversibles dus à des cassures qui parcourent cette masse rocheuse sans compter la croute supérieure de cette roche qui est en train de s'effriter, c'est sur cette croute plus ou moins mince qu'ont été façonnées ces gravures , elle est généralement de couleur noire chocolat, ceci sans compter l'autre impact et non des moindres qui est celui de l'homme d'aujourd'hui qui détruit tout sur son passage
La totalité de ces gravures appartient au style dit de Tazina style propre au mont des ksour , ce style est l'un des plus soignés, le style principal ici est le grand buffle antique qui devait peupler ces régions, parmi les petites gravures, il faut noter la présence rare dans les gravures de l'atlas saharien comme d'ailleurs dans l'ensemble de l'art rupestre du Sahara la gravure d'un singe qui est placé au dessus du grand quadrupède, il est à peine visible, on distingue aussi des chasseurs munis d'archets , plusieurs gravures de moindre taille coexistent autour de ce grand buffle antique, elles sont de taille moindre et de style différent, est-ce celles d'autres artistes ? Fort probable
Je situe les gravures de Hadjeret deriass entre le paléolithique (l'âge de la pierre ancienne ) où l'homme vivait de la chasse et de la cueillette et du néolithique où l'homme commençait à adopter un peu l'agriculture et l'élevage , car en plus des animaux sauvages , on distingue aussi des chevaux et autres canidés
Ceci laisse présager que ces gravures ont été réalisées en différentes époques
Il faut avoir un oeil aiguisé pour pouvoir distinguer d'autres gravures de petite taille vu que celles-ci sont situées sur les hauteurs de cette masse rocheuse
J'avais photographié une gravure en 2011 juste à coté de hadjeret deriass , c'était celle d'un canidé , elle était gravée sur une petite roche, à mon grand désarroi j'ai constaté qu'elle avait disparu, j'avais beau fouillé tous les recoins sans résultat
Au vu de la diversité des animaux gravés à Hadjeret deriass la région devrait être un véritable sanctuaire pour animaux avec un climat des plus tempérés , conditions idéales pour les hommes , les bêtes et la flore , hélas toute vie a quitté les lieux , le désert avance à grandes enjambées sous l'indifférence de tous, la majorité écrasante ne perçoit pas ces bouleversements qui auront des impacts certains sur la région et ce à moyen et long terme
Quelques nomades pasteurs nomadisaient dans ce coin , tous ont plié tentes en raison de l'avancée fulgurante du sable, les quelques rares maisons existantes ont été abandonnées, ce phénomène a pris de l'ampleur surtout ces six dernières années, l'alfa qui protégeait ces sols a presque disparu, c'est le baguel plante saharienne qui a repris le relais en petites quantités, plante autrefois inexistante en ces milieux steppiques
Sur les hauteurs de Hadjeret deriass et sur des endroits inaccessibles pour l'homme, on distingue de grands nids de rapaces ou plutôt de corbeaux, les rapaces tels l'aigle, buses et autres ont été décimés depuis fort longtemps On distingue aussi à Hadjeret deriass des cavités rocheuses, quelques unes naturelles et d'autres surement façonnées par Ness bekri ( terme qui désigne les gens d'autrefois) et qui leur servaient surement d'habitat
Je m'offris une longue pause au sommet de Hadjeret Deriass, et j'imaginais le décor somptueux qui s'offrait et s'étalait à perte de vue devant Ness bekri avec comme toile de fond une savane luxuriante, de l'eau à profusion et toutes sortes d'animaux sauvages qui gambadaient en toute liberté , cette douce rêverie s'estompa très vite car le vent de sable s'est levé et et je fus confronté à la dure réalité de l'instant présent
Ici la vie s'est retirée brutalement laissant place à l'oubli
Aucun son d'oiseau ne fusait de ces immenses solitudes , seuls le silence et le vent règnent en maitres absolus des lieux
Malheureusement ce joyau à ciel ouvert se dégrade à une vitesse vertigineuse, l'homme d'aujourd'hui dit "civilisé" n'est pas étranger à ce phénomène de
dégradation, d'autres sites connaissent eux aussi ce phénomène , il s'agit pourtant d'un legs et trésor de ceux qui nous ont précédé , c'est l'un des patrimoines des plus anciens et des plus précieux de l'humanité
Pleins de graffitis à toutes les sauces sont visibles sur cette paroi rocheuse , sidéré aussi par des décharges sauvages autour de ce site
Pour rappel l'art rupestre de l'Atlas saharien comprend environ plus de six cent stations rupestres perdues dans l'ensemble de ces immensités et dont les appellations sont à connotation rêveuse
NB/ Le Deriass est une plante toxique qu'on trouve dans la région, elle est surtout présente au djebel Boudarga et dans notre immense steppe ou de ce qui en reste de notre steppe
Par Noureddine Toumi
Le mardi 16 mars 2024
Photos prises le 13 mars 2024 , d'autres prises en différentes époques
Le présent album comprend 140 photos au format Ultra Grand Angle
Nomade pasteur à dos d'âne à Hadjret deriass au milieu de ce décor splendide
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HADJRET DERIASS - SUR LES TRACES DE NESS BEKRI
Commentaires (3)
- 1. | dimanche, 24 mars 2024
- 2. | mardi, 19 mars 2024
Je vous envie
- 3. | samedi, 16 mars 2024
Merci à l'ami Noureddine. Lui ! Il sait voir la nature et.. nous la faire voir !
Bien amicalement et merci encore de ce bain de culture.