L'AGONIE D'UNE OASIS
L'AGONIE D'UNE OASIS
NKHEILA
Sous l’ombre des palmiers et des rosiers roses coule une source limpide ,
les coassements rauques des crapauds se faisaient entendre à des
centaines de mètres à la ronde, telles des chevelures dorées les rayons du
soleil s’infiltraient parmi les immenses palmes de palmiers recourbées en
forme d’arceaux.
Au-delà de la palmeraie se profile à l’horizon lointain de majestueuses chaines
de montagnes dont le magnifique et grandiose djebel Tameda .
Par delà les déchirures d’autres cols arides et pierreux inconnus pour moi
poussaient de somptueux térébinthes et oliviers sauvages.
Du haut d'une petite colline est érigé un vieux fort datant de l’époque coloniale ,
j’avais de la peine à le distinguer sa construction est faite de pierre locale et se
mouvait à merveille avec le paysage environnant , en m’y infiltrant à l’intérieur le silence était roi , rien ne bougeait si ce n’est
quelques lézards se prélassant avec la chaleur ambiante sur les quelques pan de mur en ruine de ce vieux fort , la pierre est
d’une couleur presque noire écrasée depuis des millions d’années par un soleil de plomb , quelques cartouches rouillées gisent
Sur le sol , de vielles boites de conserves qui s'effritent tel du sable au moindre contact : le temps avait fait son œuvre , les postes
de garde semblent étrangement vides .
Magnifique oasis d’une beauté presque irréelle , hélas en quittant ces lieux, une tristesse inouïe me déchirait le cœur, la bête immonde
était déjà là étalant partout ses tentacules sur ce magnifique cadre enchanteur , des pelleteuses maudites déchirent les entrailles de
cette terre bénie , on m’a appris qu’une route allait être ouverte vers El abiodh sid cheikh traversant ce magnifique sanctuaire en
plus d’une aire de jeux déjà en place , en effet telle une plaie béante cette maudite route traverse de magnifiques gouirettes et d'autres
endroits jusque là vierges ; les maitres d’ouvrage semblaient si fiers de cette " œuvre grandiose " à leurs yeux et haranguaient à
haute voix leurs ouvriers et maudites machines endiablées à redoubler d'ardeur !
Ne sachant quoi dire ni quoi faire j'assistais incrédule à ce spectacle des plus funestes ; quelques pauvres oiseaux intrépides
tentent tant bien que mal à s’adapter à ce nouvel environnement macabre
Je vous invite à découvrir un petit aperçu de ce sanctuaire décrit par C. Kleinknet :
"... Nous l'avons beaucoup promené cette brave Fernande étonnée de decouvrir un bled Algérien vivant et fraternel , impressionnée par la
beauté des ksour ... Nous avons pu sans mal lui faire partager notre enthousiasme pour la lointaine et minuscule oasis inhabitée de Nkhila ,
perdue , immuable , dans la tranquillité silencieuse d'une vallée de roches et de sable fin.
Avec ses quelques palmiers sauvages inondés de soleil, baignés par une source cachée sous les papyrus et les capillaires, entourés d'une
végétation luxuriante , cette émeraude, piquée dans une immensité ocre , aride,devait ressembler au jardin de l'Eden , bercée par le bruissement
des palmiers , le murmure de l'eau et le roucoulement des tourterelles.
Station privilégiée , respectée par le voyageur de passage , elle ne présentait aucune trace de bivouac ou de pollution, les empreintes de pas elles
mêmes étaient effacées par le vent.
Comment ne pas évoquer Baudelaire, son Invitation au voyage où " le monde s'endort dans une chaude lumière et où tout n'est que ordre et
beauté, luxe, calme et volupté.
Par Toumi Noureddine
le 02 Aout 2012
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Commentaires (5)
- 1. | mardi, 10 décembre 2013
- 2. | jeudi, 03 octobre 2013
- 3. | jeudi, 03 octobre 2013
Cordialement.
- 4. | samedi, 04 août 2012
Au fait cette rubrique était en quelque sorte un cri d'alarme et surtout envers Ness Boussemghoun si fiers de leurs traditions et protecteurs de leur environnement , cette aire de jeux implantée sur cette oasis doit retrouver place ailleurs et a profondément dénaturé ce magnifique site , pour tout vous dire je suis même contre l'ouverture de routes.
Je voudrais attirer l'attention d'un autre massacre à Ain ouarka ( station thermale ) où l'égout de cette localité est déversé sur le lac
Quel gâchis !
J'ai peur pour notre écosystème qui va être bouleverser pour les proches années à venir avec toutes ces roues motrices qui ont envahi notre paysage jadis si vierge
Pour tout vous dire je suis pessimiste , seule la médiocrité règne en maitre
On dit chez nous " sabet " et c'est le cas
Merci pour votre fidélité pour cet espace et votre implication pour la préservation de notre environnement
- 5. | samedi, 04 août 2012
Toujours fidèle.
Yur .
Rodolphe Christin ( Sociologue )