UNIVERSITÉ DE GERYVILLE
Prisonniers allemands caserne de Geryville
L'UNIVERSITÉ DES SABLES DU DÉSERT
GERYVILLE
En tombant sur cet article (édition allemande ) publié en 1980 et ayant pour titre « L’université des sables
du désert « en l’occurrence l’université de Geryville , c’est l’histoire de prisonniers allemands de la deuxième
guerre mondiale qui ont eu l’ingénieuse idée de créer une université dans un campement de prisonniers
allemands à El bayadh , je ne vous en dis pas plus l’histoire est extraordinaire : à méditer vraiment
Toumi Noureddine
Le 22 janvier 2007
Les rails du chemin de fer n’allaient pas plus loin que le chott chergui ( un lac de sel desséché à l’ouest du
désert algérien )
En juin1943 à cet endroit , on fit descendre trente officiers allemands qu’on précipite dans un camion qui les
conduisit à travers le désert , à Géryville dans un camp de légion étrangère française dans lequel se trouvait
déjà quatre cent officiers allemands prisonniers de guerre; Karl Gansnoen faisait partie de ce transport alors
qu’il attendait d’être fouille et interrogé , il n’imaginait pas qu’il allait devoir passer quatre années à Géryville ;
livré aux piqures de punaises , à la faim et à la chaleur étouffante du désert qui le soir venu se transformait en
froid ; et il était encore plus loin d’imaginer qu’il avait néanmoins devant lui une des périodes les plus
déterminantes et les plus fructueuses de sa vie.
Le camp avait la superficie d’un stade de foot-ball et était composé de deux baraques , des lits à deux étages y
tenaient lieu de l’unique mobilier , quelques officiers d’âge assez avancé souhaitèrent la bienvenue aux
nouveaux compagnons , leur fournirent quelques informations sur la vie quotidienne et routinière du camp tout
en leur proposant et conseillant de suivre quelques cours de langues afin d'éviter de s’ennuyer à ne rien faire , les cours étaient dispensés par deux professeurs , qui à eux deux possédaient plus d’une douzaine de langues.
Mais le commandant de bataillon de Gan.......(illisible), le major Paul Pommee avec d'autres vieux officiers, qui comme lui , s'étaient déjà battus lors de la première guerre mondiale ne se contentèrent pas de ces cours de langues.
Ces hommes d' expérience expliquèrent aux jeunes officiers qu’après la guerre , le pays aura besoin de jeunes cadres pour aider à le reconstruire . Et puisqu’ils ne pouvaient quitter le camp c’est là qu’il fallait bien créer l’institution idoine pour se former à cette fin.
Les français qui commandaient le camp n’y voyaient aucun inconvénient ; bien au contraire , ils pensaient que cela en occupant les prisonniers ; leur laisserait beaucoup moins de temps à consacrer à l'élaboration des plans d’évasion et de révolte.
C’est ainsi que quelques semaines après l’arrivée de «Ganshoon » , une université de campagne a pu être fondée sous la direction du Dr Hans Burgers conseiller juridique de la ville de Cologne dans le civil.Burgen et ses collaborateurs commencèrent par inventorier toutes connaissances spécialisées parmi les prisonniers qui comptaient des historiens , des juristes , des mathématiciens, des scientifiques de la nature ( physiciens , chimistes , médecins , etc …) des architectes et naturellement des professeurs de langues ; l' Éventail des connaissances se déployait de la physique atomique au…
D’anciens diplômés d’écoles supérieures tels que Ganshoon disposaient de solides connaissances en électronique et en musique par exemple qu’ils pouvaient transmettre aux autres.
Quatre facultés ont pu être mises sur pied; Ganshon qui voulait devenir ingénieur en électricité se fit inscrire à la faculté des sciences et étudia la physique et les mathématiques après qu’il eut approfondi ses connaissances on lui confia des cours de maths et d'électronique
Tableau réalisé par un prisonnier Allemand (rue zidouri)
est visible en arrière plan la mosquée des gouarirs
Franz Adis , un autre étudiant qui avait passé son examen d’entrée à l’université en 1942 sachant qu’il avait la bosse du juriste se fit inscrire à
Géryville à la faculté de droit où il étudia grâce à quatre juristes le droit civil , le droit public et le droit administratif.
Parmi ses professeurs on comptait le Dr. Ernst Leiss.
Le prisonnier Kurt Mahlstedt a recommencé à espérer de pouvoir réaliser le rêve qu’il avait quasiment abandonné: devenir architecte,
il s’inscrivit à la fac de Design et suivit les cours de Mr Kurt Dahms : un architecte saxon.
Les étudiants de Kurt fabriquèrent leurs instruments de travail ainsi que nombre de tables et chaises.
Tandis que que quelques uns se firent inscrire en médecine d’autres d’autres ont jeté leur dévolu sur une cinquième faculté réservée
aux étudiants qui ne recherchaient pas de spécialisation précise .Parmi eux se trouvait Karl Heinz Merzenich , il y apprit les rudiment du
« Design architectural , y étudia les règles de l’harmonie et suivit un cours de sciences politiques et un un autre desciences religieuses.
Les étudiants de Géryville étaient tenus de s’en sortir avec les maigres moyens dont ils disposaient , ils utilisaient les murs comme
tableaux , des morceaux de brique ou de charbon en guise de craie et en guise cahiers ils utilisaient des paquets de cigarettes ; de papier
d’emballage ; des cartons , du papier hygiénique.
Les rares lettres qui parvenaient de la maison étaient doublement les bienvenues puisque à cause de la censure elles n’étaient écrites que sur
une feuille . Une fois les cours assimilés ; une gomme que Ganshon a pu se procurer faisait le tour des étudiants et c’était sur le sable qu’on
dessinait les diagrammes techniques. Les cours duraient jusqu’à la prise de onze heures trente de l’unique repas du jour qui consistait en un bol
de vin aigre et un plat unique que personne n’aimait et dont cependant personne ne pouvait avoir assez. Sans quoi , on servait le matin une
sorte de café fait de noyaux de dattes grillées ainsi que 150 grammes de pain sec pour chaque prisonnier.
Après le déjeuner le soleil brillait implacablement et les hommes se retiraient dans leurs baraques pour la sieste traditionnelle à 15h 30 les cours
reprenaient et duraient jusqu’à l’appel de 18 heures.
Après quoi les jeux de cartes et les fêtes d’anniversaires étaient tolérés jusqu’à 21 h .
Mais à partir de de 21 h tout bruit était interdit afin de ne pas déranger ceux qui s’adonnaient à l’étude.
En dehors de l’alimentation , les livres constituaient la denrée la plus rare à l’université de Géryville.
A la fin de 1943 une commission de la croix rouge internationale et un représentant américain rendaient visite au camp.
On leur fit savoir que les prisonniers avaient un besoin urgent non seulement de nourriture biologique mais aussi de nourriture intellectuelle .
Un jour de 1944 un rêve fou se réalisa : on déchargea des camions ( français ) une cargaison tout à fait inattendue en provenance d’Amérique.
Plus d’un millier de livres en allemand . L’ossature d’une bibliothèque universitaire. «Ces livres ont constitué pour nous un véritable miracle »se
souvient Karl Ganshon, tenir un livre et ce en plein désert , là où auparavant il n’y avait rien un miracle !
Quelques jours après on reçut de la part de la croix rouge une autre cargaison de livres via l'Espagne.
Ganshoon et ses camarades n'oublieront jamais ces gestes si généreux. Un autre jour on reçut 2 saxophones , 1 trombone ; 2 trompettes , 2 clarinettes
et une batterie .
L’université avait alors avait alors à sa disposition un orchestre d’une douzaine d’instruments .
Le lieutenant Wolfgang Hoffman qui a été un enfant prodigue au violon se sentit gagner par une profonde ambition : il composa deux opéras dont l’un
connut une dizaine de représentations triomphales .
Un soir , alors que Hofman remerciait le public qui le rappelait pour la vingtième fois par des ovations interminables , un des gardiens français
parmi les plus durs ne peut s’empêcher de l’embrasser en s’écriant « la musique est internationale »
Hitler mourut , la guerre est finie et de partout les prisonniers rentraient à la maison .
Mais à Géryville on ne perçut aucun signe qui permit d’espérer un retour prochain au pays . C’était une période terrible pour les prisonniers.
Seules nos études nous divertissaient de la pensée de ne plus quitter Géryville disait Ganshon et Merzenich ajoutait que l’université m’avait sauvé la vie « C’est bien le propre de l’homme de pouvoir composer au beau milieu du désert et à partir de rien un opéra ou d’y fonder une université « disait -il en ajoutant « Quand on a mis au monde quelque chose , elle ne peut être effacée et tant que l’homme peut encore s’améliorer lui-même il continue d’avoir la force ….
En juin 1947 , les prisonniers de Géryville avec beaucoup d’autres prisonniers allemands ont embarqué à bord du paquebot le « Pasteur »à destination de Marseille . Karl Ganshon s’en retourna à sa ville natale où il retrouva sa famille en vie et la maison familiale intacte .
Il se présenta tout de suite aux concours de trois universités mais se décida pour celle de Stuttgart à la reconstruction de laquelle il dut apporter son aide pendant six semaines , lors d’une entrevue qu’il eut avec le doyen de la faculté de Mathématiques Ganshon évoqua l’université des prisonniers de Géryville et lui présenta ses cahiers et notes qu’il conservait avec beaucoup de soins .
Le doyen a été si impressionné par ses notes qu’il eut l’idée de tester Ganshon en lui soumettant les problèmes de maths posés l’année dernière aux professeurs assistants et en lui demandant de lui en ramener la solution le lendemain matin . Ganshon pensait d'abord qu’il allait y passer toute la nuit .
Mais en fait , il eut vite fait de résoudre ces problèmes , ce qui ne l’empêcha pas de passer une mauvaise nuit craignant d’avoir fait quelque
erreur ici ou là .
Mais il il n’y avait aucune sorte d’erreur . Et le doyen lui confirma qu’il en avait suffisamment appris dans le camp de prisonniers de Géryville pour réunir
toutes les conditions nécessaires au passage du diplôme . Six mois seulement après de simples formalités d’usage , il réussit à son problème de physique .
Tous ont réussi comme lui , un professeur a pu alors déclarer que dans aucune université on ne pouvait avoir affaire plus d’une fois pendant toute une
carrière à un tel groupe d’étudiants « je n’ai jamais été témoin d’un tel phénomène semblable ni avant ni après .
A d’autres endroits de toute l’Allemagne , de nombreux professeurs firent les mêmes déclarations enthousiastes à propos des étudiants de l’université de Géryville.
Aujourd’hui la liste des anciens étudiants de Géryville se lit comme une sorte de « WHO’ who in germany , car presque tous ont réussi :
Ganshoon est directeur d'IBM ( Allemagne ) , d'autres sont directeurs d'autres branches , d'autres sont dentistes , écrivains , juges ,enseignants , maires ,
le Pr. Wolfgang Hoffmann est depuis 1959 chef de l'orchestre régional du palatinat à Manheim
QUELQUES TABLEAUX DE GERYVILLE REALISES PAR UN PRISONNIER ALLEMAND
VIDEO DES PRISONNIERS ALLAMANDS AU CAMP DE GERYVILLE (EL-BAYADH)
Des officiers allemands prisonniers se promènent dans le camp de Géryville (Région d'Oran) où les baraquements ont été ceints de barbelés. Les distractions ne manquent pas pour faire passer le temps : volley-ball et football, jeu de carte, lecture et même tricot. Des prisonniers se rendent à l'office religieux au temple.
A l'extérieur, un orchestre improvisé joue quelques airs. L'heure du repas a sonné : les soldats se rendent à la distribution de soupe avec leur gamelle. La distribution du courrier est également assurée par un vaguemestre qui tend lettres et cartes à un groupe de prisonniers.
On rapporte qu'en décembre 1944 il y avait dans le camp de El Bayadh (ex Géryville) 875 officiers allemands et 135 soldats simples emprisonnés.
Cliquez sur "play" pour écouter la musique d'accompagement
Commentaires (23)
- 1. | mardi, 05 septembre 2023
- 2. | samedi, 05 janvier 2019
Dommage.
- 3. | dimanche, 31 juillet 2016
Désolé je m'en doutais pour votre regrétté père Allah yarhmou, ces prisonniers sont une véritable reference
Allez y voir aujourd'hui nos toubib rapaces
J'ai la nausée oui vraiment
Cordialement
- 4. | samedi, 30 juillet 2016
Désolé , mon père n'est plus de ce monde. En parcourant votre site, j'ai vu ce sujet et je me suis rappelé cet épisode. Mais, il appréciait bien ce médecin. C'était son sauveur.
- 5. | jeudi, 28 juillet 2016
Aviez vous idée du nom de ce médecin Allemand?
Merci de m'en informer si c'est le cas
Bonne soirée
- 6. | jeudi, 28 juillet 2016
Un des médecins allemands sauva mon père qui a eu une appendicite aiguë. Il était dans un état comateux ; son abdomen était empli de pus.
Un exemple de volonté à promouvoir auprès de notre jeunesse désœuvrée.
- 7. | jeudi, 03 septembre 2015
J'ai bien reçu vos coordonnées , désolé de ne pas vous avoir averti
Salutations:
- 8. | mercredi, 02 septembre 2015
Est-que tu as reçu mon adresse e-mail?
A+
- 9. | dimanche, 30 août 2015
Longue absence de votre part, heureux que tout va pour le mieux
En effet cette histoire est extraordinaire
Merci de me communiquer votre adresse mail à travers le module contact "menu vertical" du haut (elle ne sera pas visible sur le site)
Amitiés - Noureddine
P/S Ya hasrah révolue cette belle époque des kaki et autres
- 10. | samedi, 29 août 2015
C'est une histoire extraordinaire! Un bel exemple de survie culturelle!
L'homme privé de liberté n'oubliera jamais de sauvegarder le savoir.
Bravo Nourredine pour ce site le contenu est d'une grande qualité.
Merci pour la référence ( Karl Gasnsnoen).
Signé : les plakemines, lycée Ferroukhi, Mahboula, Kaki ,etc..
- 11. | jeudi, 21 mai 2015
nature des choses ,comme l ont deja
experimente dans le temps nos ayeux
et les femmes et les hommes les plus eveilles je pense honnetement que nos ami (es) chercheront et nous communiqueront leurs idees en la matiere et que je remercie a priori.je suis patient et je m attends a des idees quelque soit le cout ,merci et bonne patience ,comme je l ai toujours observe,mes amis (ies)a la prochaine fournee , votre ami et collegue internaute Abderrahmane Mokhtari..!!!!!!!!!!,
- 12. | lundi, 19 novembre 2012
Soixante deux ans après,maintenant ,je garde toujours l'image intacte dans ma petite tête ,des anciens officiers allemands qui balançaient ,des étages supérieurs du fort ,des meubles qui les encombraient alors qu'ils devaient embarquer à l'instant même pour la destination Allemagne et heureux et satisfaits car ils sont armés de connaissances académiques de l'Université d'El-Bayadh . Quelle aubaine !je me le rappelle à tout instant quand j'évoque notre charmante Université,alors que ceci me ramène à l'Université d'El-Bayadh ,flambante et toute neuve mais pour laquelle nous ne possédons pas d'informations.Car il y a quelques mois auparavant j'avais sollicité sur ce site ,l'envie de rendre visite à cette Cité du savoir dont j'ai connue bien avant qu'elle voit le jour "La Mère(c'est à dire la 1ière université) qui était située dans le fort d'El-Bayadh"(je n'ose pas dire la caserne!) en cette occasion je renouvelle le voeu de visiter l'Université actuelle qui est située sur le flanc de jbel Ksel que j'aime tant .Cette sollicitation de ma part aux Responsables d'El-Bayadh je la renouvelle avec des prières pour que Dieu m'aide à ce qu'elle voit le jour tant espéré par moi et ya Rabi!aminne!
Je vous dis à très bientôt ,votre serviteur et tout dévoué,au revoir ! Abderrahmane,
- 13. | lundi, 19 mars 2012
- 14. | dimanche, 01 janvier 2012
- 15. | jeudi, 15 décembre 2011
- 16. | mercredi, 14 décembre 2011
- 17. | mercredi, 07 septembre 2011
- 18. | samedi, 23 janvier 2010
,son histoire et les hommes,les génies qui ont participé à sa réussite !!!!!!!.......!!!!!!!.....c'est inimaginable,c'est toujours un passé lointain ,un passé qui a été porté par des hommes courageux ,compétants,éduqués,expérimentés,sociables et éclaireurs ;mais pas comme les incultes,les ravageurs ,qui au lieu de construire et édifier une société ont au contraire détruit et rayer de la carte de la cité ,des monuments historiques comme "la source miraculeuse:Aîn Elmahboula"car celui qui n'avance pas recule,la nature a horreur du vide.J'espère qu'on comprend la douleur que j'ai et qui hante mon esprit qui languit de voir ,un jour,renaître de ses cendres nos symboles,nos repaires et nos monuments qui nous ont été spoliés par des assassins !!....ya sidi Rabbi!!!!!!!....ya sidi Rabbi!!!!!!.........je me rappelle vaguement alors que j'avis l'âge de huit ans,sur la place ,face à la grande caserne,juste derrière le grillage(la haie),et en compagnie de beaucoup de gens qui se bousculaient pour récupérer qui une chaise,qui un tabouret ou un objet quelconque, qui était balancé d'en haut par ces allemends qui ,heureux d'êtres libres ,se débarrassaient de leurs meubles qui devaient les géner à la veuille de leur départ chez eux en Allemagne .Cette image est restée gravée dans ma petite tête .Je vous dis ,mes amis,à bientôt.....!!!!!....Abderrahmanee
,votre compagnon pour toujours .........!!!!.....
- 19. | vendredi, 27 mars 2009
- 20. | lundi, 23 mars 2009
Pas étonnante, cette présence de soldats allemands dans les casernes de Geryville.
La France utilisait aussi ses colonies à cette fin..
Elle l'avait déjà fait en 1917 avec des Russes qui avaient refusé de combattre sur le front de la Marne puis s'étaient rebellés
Des centaines ont été expédiés en Algérie comme prisonniers chargés d'effectuer des travaux forcés.
Par contre, je reste stupéfait par l'organisation et le niveau des membres de l'Université!
Encore un pan de l'Histoire méconnu..
Bien fraternellement.