HOMMAGE A NOS SAINTS
MAUSOLEES
HOMMAGE A NOS SAINTS
Les saints ont toujours occupé une place importante dans notre société et plus particulièrement dans les hauts plateaux (Monts des ksour) et au sud
Ces régions avec leurs immenses espaces désertiques sont propices à la méditation et à la contemplation
Chaque année au début et jusqu'à la fin de l'automne sont organisées des waadates (fêtes) en l'honneur des saints
Chaque tribu fête son saint homme : on sacrifie des moutons , le saint coran est récité tout au long de ces journées
Que de souvenirs heureux ancrés dans ma mémoire , on s'y rendait sur des véhicules vétustes mais solides qui supportaient bien des pistes difficiles, c'étaient généralement des 403 ou 404 bâchées , quand la famille est nombreuse , on louait le vieux camion Renault de feu El Bakhti
Tout le long du parcours , rires, youyous et chants en hommage aux saints, fusaient de l'intérieur de ces vieux véhicules
Dès l'arrivée nous autres enfants tels un essaim de criquets on se ruait vers les vergers qui à cette époque de l'année regorgeaient de fruits succulents (figues, abricots
olives de bohème...) , d'autres fois c'est des jeux de cache cache au milieu des vieux ksour en ruine
Sitôt repus on se dirigeait vers un grand terrain où se tenait la fantasia, hennissements de chevaux , ghaita et tambourins égayaient l'atmosphère sous un tonnerre de
baroud
D'autres fois on s'adonnait à des concours de saut le long de quelques buttes plus ou moins élevées situées sur les berges des oueds
On s'agglutinait des fois en un cercle serré autour d'un azam (magicien) , pour les vieilles générations c'était une gaâda autour d'un goual (poète populaire)
C'était aussi l'occasion inespérée de voir sa bien aimée , regards furtifs et sourires suffisaient à nous combler de bonheur
Belle époque à jamais révolue, certes ces waâdates (fêtes) perdurent encore de nos jours mais n'ont plus ce cachet et ce charme d'antan
Par Noureddine Toumi
Le vendredi 09 Février 2023
OU SONT LES BRAVES 1 ?
" RAH LEL BAYDHA (El Abiodh Sid Cheikh)"
Cavalier , je t’en conjure , raconte
Comment va gourmami le chef 2 :
Si tu es d’El-Abiodh , salut et bienvenue .
Le mausolée du maitre est-il toujours ruine ?
Ou l’a-t-on rebâti ?
Souviens-toi des mécréants , fourmilière ,
Assaut de rapaces , assiègent ce mausolée ,
Cime de dignité et de grandeur , ils le démolirent .
Et personne ne s’est senti brimé 3 !
Pourquoi donc vivre ?
Mieux vaut le jihad : joie et félicité .
Le mausolée détruit , quelle honte !
Nul maitre n’est hors l’offense !
Les enfants de Sid Cheikh4
comptent soixante dix douars
Pas un n’a sacrifié un jour , une heure à la vengeance.
Avec des compagnons sûrs , je livrerai bataille ,
Sans fantassin , tous à cheval affrontés ,
Transperçant l’ennemi de poisons et de lames .
Depuis Homeir et Makhzoum 5
Les arabes ne savent plus relever le défi .
Et tous ces immigrés sans foi ,
Insaisissable destin…
Le pays appelle , vains échos ,
Comme l’enfant arraché à sa mère ;
De toutes les tribus , personne ne répond ,
Ceux qui acceptent la défaite finiront dans l’amertume.
Où sont les braves Ouled Bakkar 6 ?
Ne laissez pas les disciples divisés.
Bouamama 7 , homme d’autorité et de prestige ,
Issu du prophète , pur de tout péché
Egrène en tous temps les noms d’Allah !
Et tous comprennent son secret .
Tu fus compagnon de désert
Et je tenais ton étendard , il nous protégeait
Compagnon des heures graves ,
Tu m’as délivré de la mêlée ,
Trésor du cœur , printemps des yeux ,
Passion après le devoir du croyant.
Nourrir le pauvre par ton nom
Le don d’un jour couvre l’an ,
Puissé-je donner tous les jours !
Ami qui console amour et peine ,
Qui m’assiste , innocent ou coupable ,
Accompagne le pèlerin et sauve le naufragé .
De ton prestige et de ta sollicitude
Je remplis mes veillées .
Tu as soufflé mon verbe dans les tribus .
Par ton nom le négoce prospère au Soudan 8
Et ton ennemi brade sa marchandise .
Par Dieu , je lutterai vengeur !
Tu sais le cœur qui souffre pour son frère ,
Si je pouvais , je te visiterais en voisin
Et ne te quitterais plus , sommeil ou veille .
Dans mon jardin , de ton eau verdissent les plantes ,
Et déborde la rigole.
M’as-tu oublié ?
Je resurgirai en ta pensée .
Chevalier ! Maitre ! Pourquoi cet abandon ?
Mohamed Belkheir
Poème traduit par Mr Boualem Bessaih
Ex ministre des affaires étrangères et de la culture
1 – Poème écrit à El-Golea , 1883-1884
2 - En fait Sid Cheikh
3 – S e dit d’un chameau muselé pour l’empêcher de mordre.
4 – Littéralement : « les fils de l’homme à la monture blanche » , autre surnom de Sid Cheikh
5 – Homeir : tribu de la péninsule arabique ; Beni mekhzoum : au VII siècle , ils ont combattu le prophète puis se sont ralliés à lui après la prise de la Mecque.
6 – Ouled Bakkar : de la famille des Hamza .
7 - Bouamama , l’homme au turban , principal dirigeant de la résistance durant cette période .
8 – Allusion au rayonnement de Sid cheikh jusque dans les pays musulmans d’Afrique noire .
Le présent album comprend 167 photos
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La chanson "RAH LEL BAYDHA (El Abiodh sid Cheïkh)" fait partie du patrimoine musical de la région
C'est un poème du poète Mohamed Belkheir implorant Sid Cheikh de lui
venir en aide lorsqu'il était incarcéré à Calvi (Corse)
PS / Les photos de la vieille mosquée (Rogassa) ont été prises le 18 Mai 2008
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MAUSOLEES DE LA REGION
Commentaires (8)
- 1. | mercredi, 15 février 2023
- 2. | lundi, 13 février 2023
Peut être une inspiration seulement avec le titre mais elle n'a aucun lien avec le poème de Med Belkheir
Amitiés
Pour l'histoire l'agha de Saida et ses goums ont participé avec l'occupant à la traque de sidi Bouamama (l'histoire ne pardonne pas)
- 3. | lundi, 13 février 2023
"Rohl el Bayda"
https://youtu.be/kPsIEQ9_KHQ
Hamid
- 4. | lundi, 13 février 2023
Si Lârbi a raison: les exploits disparaissent avec leurs acteurs.
Tout n'est pas perdu heureusement, mais il faut préserver nos traditions, encourager et perpétuer la relève.
Bonne continuation
Hamid
- 5. | dimanche, 12 février 2023
Nous avons perdu nos repères avec cette mondialisation qui balaie tout sur son passage
Je me rends très souvent aux gbabs de nos ancêtres pour retrouver sérénité et paix
Bien à toi
Et comme me disait souvent si Larbi : EDENYA RAHAT MAA OUMALIHA
Et c'est le cas
- 6. | dimanche, 12 février 2023
Ces magnifiques photos des Mausolées et paysages évoquent à la fois des sentiments de nostalgies, de joies et de tristesses. Tu as fait une très belle rétrospective sur nos traditions et les célébrations de nos saints que la paix soit sur eux. En effet ces waâdates en l'honneur de nos saints avaient beaucoup de charme du temps de notre jeunesse et surtout de nos anciens qui en étaient les héritiers et les garants fidèles; ça doit être bien différent de nos jours comme tu le dis en tant que témoins visuel. Certes la baraka de nos saints est toujours présente, dans et autour de ces gobâtes et mausolées. Le poème de Mohamed Belkheir est aussi magnifique que déchirant dans sa description des actes de bravoures fantastiques face à un ennemi impitoyable et diabolique, ainsi que la lâcheté des uns et des autres qui refusent le combat et abdiquent. "Ou sont les braves" est toujours d'actualité tout comme l'évocation de "la nouvelle Algérie" par Jaques Berque dans la préface du livre "Étendard interdit" Nous ne rencontrons hélas plus de nouveaux saints ni de nouveaux braves tels que Bouâmama, Belkheir et c'est là la plus grande des énigmes.
Merci cher ami pour ce grand pèlerinage auquel tu nous a convié.
Bonne continuation
Hamid
- 7. | samedi, 11 février 2023
Paix et sérénité auprès de ces "Gbabs" de nos ancêtres
Bien à vous l'ami
- 8. | samedi, 11 février 2023
Je n'ai connu et visité en Algérie que les koubbas modestes d'Aflou et d'El Richa.Votre reportage détaillé des mausolées montre la diversité des architectures. J'ai trouvé sublimes les monuments d'El Ghassoul, de Sid en Naceur, des Arbaouat d'El Abhiod.J'ai assisté à deux fantasias à Aflou mais les chevaux des Harkis ne présentaient pas un apparat aussi luxueux!
Bien cordialement.