PÈLERINS DU DÉSERT

 

 

LERINS DU DÉSERT 

LA FRATERNITÉ   -  LALA MARFOUA

 

  Une petite halte tout près de El koreima (le petit figuier) où est gravée une magnifique panthère, j'ai eu du mal à repérer l'endroit, n'étant 
  
pas retourné à ce lieu depuis sept ans, grande fut ma surprise en voyant cette oeuvre huit fois millénaire si ce n'est plus complètement
  
saccagée
  Je me dirigeais ensuite vers khalouet sid Cheikh où son gravées sur d'immenses rochers de magnifiques gravures rupestres elles aussi
  
dégradées depuis longtemps , même les rochers environnants n'ont pas échappé à ce carnage avec des graffitis à toutes les sauces
  Arrive à El Abiodh j'ai vu que la porte de la fraternité était grande ouverte, ce qui laisse présager que le père Raymond était là, grande joie
  pour moi de retrouver les lieux tels que je les avais découvert pour la première fois en 2012
  Au fait cette visite n'était nullement programmée et je n'avais pas idée que le père Raymond était venu passer quelques jours à El Abiodh  
  Un sublime jeu d'ombre et lumière comme toujours baignait les lieux, rien n'a changé depuis ma  connaissance et découverte de cet
endroit, aucun objet n'a été déplacé tout semble figer à jamais , à part la poussière qui est venue envelopper presque avec tendresse ces objets inanimés
Au dessus de la porte qui mène vers le grand jardin je vis avec surprise un nid d'hirondelles qui elles aussi ont déserté les lieux, un sombre abandon, un oubli profond, presque un
un dédain, semblaient planer sur les lieux depuis le départ des pères, des herbes "sauvages" ont poussé à travers les petites allées empruntées jadis, je parcourais avec bonheur et
et non sans amertume les lieux, est encore debout au milieu du grand jardin le petit abri en toub (pisé) où le vieux El hadj Mohamed rangeait ses outils de jardinage et se reposait
lors des grandes chaleurs, il est actuellement très malade d'après le père Raymond
Deux puits côtoient ce petit abri de fortune et tout juste à côté une pierre plate magnifiquement taillée portant l'inscription : ( Quatrième Régiment Etranger 1907) , je suppose que ce forage est leur oeuvre, une poulie de puits est encore en place accrochée à un tronc d'arbre, sont visibles sous un petit muret qui délimite la fraternité quelques tombes des petits frères et petites
qui ont marqué de leur empreinte ces lieux dont celle du père Milad que je n'ai pas eu la chance de connaitre
J'entrepris une petite visite de la chapelle en compagnie du père Raymond avec un autre monsieur venu rendre visite à Raymond 
C'est une chapelle merveilleusement construite de style presque mauresque avec des motifs ingénieux pour l'époque, une sensation d'un terrible vide et silence assourdissants règnent à l'intérieur de ce sanctuaire, le dôme présente des moisissures dues à l'humidité et risque à tout moment de s'effondrer si aucune mesure n'est prise
En quittant ces lieux ces vers de Lamartine viennent effleurer mon esprit
 
 
             Rien ne manque à ces lieux​ qu'un coeur pour en jouir,​ ​​
     Mais, hélas ! l 'heure baisse et va s'évanouir.
La vie a dispersé, comme l'épi sur l'aire,
          Loin du champ paternel les enfants et la mère,
      Et ce foyer chéri ressemble aux nids déserts
                           D'où l'hirondelle a fui pendant de longs hivers !              
        Déjà l'herbe qui croît sur les dalles antiques
           face autour des murs les sentiers domestiques
               Et le lierre, flottant comme un manteau de deuil,
        Couvre à demi la porte et rampe sur le seuil

 
 
A quatorze heures départ plein sud vers lala Marfoua sous un soleil radieux et avec une température des plus clémentes et un léger vent doux, nous cheminons un long moment au milieu de ce décor presque livide et voilà que soudain, dans ces platitudes et immenses solitudes, surgit un grand et bel arbre robuste comme un chêne, droit de tronc comme une colonne
c'est le btoum de sidi Abdehakem (térébinthe), la présence de ce btoum dans ces solitudes ardentes et dans ces aridités étonne plus d'un, elle semble un fait miraculeux. Il veille là, comme chargé d'une mission providentielle.                                                             
Quarante cinq minutes plus tard nous sommes arrivés à la zaouia de sidi Bahos el hadj et plus précisément à lala Marfoua
Nous entreprîmes l'escalade de lala marfoua tout joyeux , lala Maefpua est situé sur un plateau aride qu'on nomme généralement gara chez nous, on y accède par un étroit sentier escarpé, le terrain est rendu glissant par des petits cailloux , aussi toute chute ou le moindre faux pas ne sont pas permis  
Arrivé en haut de la gara c'est un spectacle inoui qui s'offre aux yeux, c'est le grand charme poignant des ces vastes étendues du sud , on distingue au loin une riche végétation composée de quelques palmiers et d'une multitude de tamaris qui complètent ce ravissant Eden saharien , juste à côté c'est l'oued El Gharbi où de minces filets d'eau serpentent entre le sable fin , plus loin c'est des successions d'innombrables ensembles dunaires, sont visibles sur le haut de cette gara quelques ruines d'un vieux ksar visiblement des Beni Ameur défiant encore les siècles, en ces temps reculés les ksour étaient érigés sur de hautes falaises pour se protéger des brigands qui infestaient la région, on surnommait à juste titre ces coins:"bled el khaouf ouel baroud" (le pays de la peur et de la poudre "fusils") on rapporte aussi que le Cheikh Bou-Amama a habité les petits ksour d'El Bnoud, c'est là qu'il récitait la prière de la Fatiha (premier verset du coran) aux voyageurs de passage pour leur porter bonheur en appelant sur eux la protection du très-Haut .
Ceux-ci ne manquaient pas de lui offrir à leur départ quelques mesures d'orge ou de blé et à leur retour quelques sacs des meilleures dattes du Gourara
 
​  Du haut de cette gara qui porte l'appellation de lala Marfoua depuis des temps reculés; au fait la légende nous apprend qu'une fille fut forcée par
  
son père à se marier avec un homme qu'elle n'aimait pas et refusa cette union, peine perdue le père ne l'entendait pas de cette oreille aussi un
  jour décida t'elle de se jeter du haut de cette haute falaise au moment où son corps allait se fracasser sur la terre ferme une force mystérieuse
  la souleva in extremis et c'est depuis ce temps qu'elle garde cette appellation de lala Marfoua (la soulevée)
  Une citerne d'eau est creusée sous terre et qui actuellement sert de Mkam, on y pénètre par une étroite ouverture, les femmes viennent    

  ici demander la bénédiction de lala Marfoua les unes pour avoir un enfant, d'autres pour la guérison d'un mal d'autres pour dompter un     
  mari tyrannique, sont visibles des foulards, un cordon noué autour d'une pierre, des bouteilles de parfum et d'encens pour parfumer les lieux,   
  juste à côté est visible une mystérieuse tombe toute seule et qui m'a profondément bouleversé parmi toutes les tombes que j'ai vu, celle ci m'a 
  profondément marqué, sensation bizarre à la pensée que jamais je ne pourrais pénétrer le mystère de cette tombe perdue au milieu de ce décor 

âpre, une tristesse poignante m' envahit jusqu'au plus profond de mon être, Il m’a toujours semblé que ces tombes esseulées en plein désert ne ressemblent point à celles d’ailleurs
et qu’eiles ont une beauté à eux très différente et un charme de mélancolie et d’indicible paix, aucun ornement ni le moindre objet ne garnissaient cette  tombe
Bien après que mes compagnons prennent le chemin du retour je restais encore un bout de temps au devant de cette tombe, je me sentais en paix avec moi même, la mort n'avait plus ce
côté effrayant pour moi et puis après tout on est tous appelés à mourir un jour.
Avant de quitter les lieux je jetais encore des coups d'oeil furtifs à cette tombe mystérieuse qui semblait garder à  tout jamais jalousement son secret. 
                                                                                                   Reposez en paix qui que vous soyez

 
                                                                  Mes pensées en cette occasion vont aussi au père Bruno
 
                                                                                             Par Noureddine Toumi
                                                                                                                                             Le jeudi 02 avril 2020
 

                                                 
                                                            Le présent album comprend 194 photos au format Ultra Grand Angle   
 
                                       Photos prises le 09 mars 2020
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KHALWA DE SID CHEIKH - FRATERNITE - LA GARA DE LALA MARFOUA

 
 

 

 

 

 
 
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Commentaires (10)

Raymond -  Sur : PÈLERINS DU DÉSERT
  • 1. Raymond - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT | lundi, 02 janvier 2023
C'est étonnant, c'est aussi un plaisir que de refaire une visite à ces lieux qui m'étaient si familiers et maintenant lointains mais bien inscrits dans la vie qui m'a conduit vers eux et ensuite éloigné. Mon âme en est marquée !
René. K - Sur : PELERINS DU DESERT
  • 2. René. K - Sur : PELERINS DU DESERT | dimanche, 01 janvier 2023
Cher ami,
Superbes photos que nous avons regardées avec intérêt et émotion. Votre randonnée à Lala Marfoua, l'oued El Gharbi, les ksour ou la zaouia détruits, la tombe esseulée, les gravures rupestres dégradées suscitent des émotions fortes.
Et bravo à la prouesse du Père Raymond!
Smahi -  Sur : PÈLERINS DU DÉSERT
  • 3. Smahi - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT | jeudi, 27 août 2020
Si Nourddine,
Merci infiniment pour ce pèlerinage plein d'émotions et de sens ! Vous écrivez merveilleusement bien, merci !
Samia Smahi
Ponsot Danièle -  Sur : PÈLERINS DU DÉSERT
  • 4. Ponsot Danièle - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT | lundi, 13 avril 2020
Merci, mon cher Noureddine pour ce merveilleux et émouvant voyage!
Noureddine -  Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II
  • 5. Noureddine - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II | lundi, 06 avril 2020
Cher ami
C'est un laisser aller qui a touché gouvernants et gouvernés hélas
Abdelhamid Bessaïh -  Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II
  • 6. Abdelhamid Bessaïh - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II | lundi, 06 avril 2020
Suite....
Reflexion faite depuis longtemps, je pense qu'une grande majorité de la population à mal négocié le passage du statut de colonisés au statut d'indépendants et donc hormis les marabouts, aucun vestige ni édifices de l'aire coloniale ou préhistorique n'a de valeur pour eux et ne voient aucun intérêt à le préserver.
On peut même dire que le phénomène est avant tout de la responsabilité de l'Etat et de ses représentants locaux qui brillent par leur incompétence et inculture.
Je suis convaincu qu'il existe des citoyens qui ont conscience du manque de rigueur et de volonté des pouvoirs publiques pour gérer notre patrimoine ancien et notre histoire. Ils ont besoins de moyens et de structures pour agir et c'est à l'état et aux donateurs qu'il incombe de relever et assumer leur part.
Porte toi bien et reste prudent avec ta famille en cette période de pandémie dont nous espérons une éradication rapide à l'échelle mondiale.
Avec mes amitiés Abdelhamid
Abdelhamid
Noureddine -  Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II
  • 7. Noureddine - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II | lundi, 06 avril 2020
Merci cher ami espérant que le confinement ne vous pèse pas trop
En effet grand dommage que cette chapelle ne soit pas préservée et qu'il n'y a pas de relève pour faire revivre les lieux, le père Raymond vient de temps en temps donner sens et vie aux lieux
Je garde un souvenir heureux de cette escapade enrichissante
Non les lieux (lala Marfoua) sont déserts à longueur d'année ce c'est que lors de la waada de sid Bahos Ell Hadj que les gens affluent,
car comme vous pouvez le deviner je ne me rends jamais sur des lieux fréquentés ayant horreur de la foule
Pour les gravures rupestres c’est un vrai carnage et ce patrimoine qui est celui de toute l'humanité est voué à une destruction totale hélas
Bien à toi - Noureddine
Abdelhamid Bessaïh -  Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II
  • 8. Abdelhamid Bessaïh - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II | lundi, 06 avril 2020
Bonjour cher ami,
Merci pour ce pèlerinage très touchant et mélancolique. Ta description est magnifique de ces lieux jadis coins de paradis et lieux de recueillements, de vie en communautés et cultures diverses. Hélas ces temps semblent révolus à voir l'état des lieux que racontent (que tu racontes) tes photos. Tous les détails que décris ton texte s'y trouvent, la poussière et les herbes folles sont les signe "qu'aucun coeur n"est plus disponible" , le poème de Lamartine est tristement bien à propos! Hormis votre accompagnateur qui a égaillé ce pèlerinage par sa douceur et son sourire, point de vies humaines à l'horizon, mais elle doivent être quelques parts au vu de la fréquentation du Makam Le père Raymond est très alerte et courageux; mes pensées vont à lui et il est dommage que la communauté chrétienne ne soit plus impliquée pour tenter de préserver et faire vivre ces lieux tels que la magnifique chapelle et les lieux qui l'entourent. Le ministère du culte algérien devrait également s'honorer en veillant sur de tels lieux, y compris ceux qui ont étés les berceaux de notre propre culture et religion. Que dire des gravures et des peintures rupestres défigurées et laissées à l'abondant comme de vulgaires graffitis.
Les mots me manquent.
Bonne continuation et à bientôt
Abdelhamid
Georges Salemme -  Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II
  • 9. Georges Salemme - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II | vendredi, 03 avril 2020
Tres cher ami
Je n’ai pas le souvenir de cet endroit de El Abbiot , l’intérieur de la maison est très joli , je vois que le père Raymond est en bonne forme.j e ne sais si c’est mon ordinateur mais il y a un problème de messagerie car chaque fois je réponds à vos messageries. Merci pour les photos de ce pèlerinage
Je vous rappelle toute mon amitié et je vous salue respectueusement.

georges
Jean - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II
  • 10. Jean - Sur : PÈLERINS DU DÉSERT II | vendredi, 03 avril 2020
Cher ami Noureddine,

Merci pour ce bon pèlerinage à Lalla Marfoua me rappelant de bons souvenirs de "jeunesse"
Gardez la forme!
Bien amicalement avec vous.
Jean.

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