BATAILLE DE CHELLALA

 

BATAILLE DE CHELLALA

 

 

    

Par le bey d'Oran: Mohammed el-kebir Le texte de ce récit, daté du mois de rebi 1" de l'année 1255 (mai 1839) est écrit par un homme peu habitué à transmettre la pensée,un récit de .quelqu'importance historique, et qui semble avoir' été fait par un homme séjournant sur le lieu des événements, mais sans y avoit pris une part active, par prudence, sans doute; ce qui ne l'empêche pas d'appeler les récompenses divines sor les braves, défenseurs de son pays, et de fulminer d'effroyables malédictions contre ceux qui se sont mis à l'écart. Au nom. du Dieu clément ,et miséricordieux. Que Dieu répande ses graces sur notre seigneur Mobammed et sur sa famille!

HISTOIRE DU BEY .MOHAMMED

De temps immémorial , les habitants de Chellala dahrania que Dieu fasse briller leurs visages de l’éclat de la gloire Le bey Mohammed voulut les ranger sous son drapeau et les plier à son obéillssance. Il leur adressa, à cet effet, une proclamation, qu'il envoya par des personnages arabes vénérés et influents, étrangers. à la domination des sultans Lea Chellaliens, n'acceptèrent pas les propositions des envoyés du Bey: « Nous sommes soumis, disalent-île, aux engagements de nos ancêtres et de nos prédécesseurs, et nous suivrons leurs trace, dans la voie de la fidélité ... Le bey, dont l'autorité despotique et le pouvoir ablolu n'avaient jamais alors éprouvé aucune résistance en ces contrées orientales, à cause de son énergie et des forces nombreuses qu;il s'était créées, fut loin d'accueillir cette réponse et d'admettre les sentiments qu'elle exprimait. Irrité de notre refus, le bey se mit à la tête de ses troupes, l'effectif de son armée était de sept mille Turcs d'élite, augmentés des contingents des caïds et des bandits les plus déterminés, venus de l'Est et de l'Ouest du territoire. On y comptait aussi les hommes de guerre les plus expérimentés et les" plus renommés. L'expédition vint camper à Khaïder. On était au commencement de l'été; la sécheresse se faisait déjà énergiquement sentir en bien des points, et il 'était pas prudent d'abandonner les Gdir (maddr, selon la prononciation suelle), ou stations habituelles des troupeaux près des eaux. En quittant Khaïder, l'ennemi passa au chott, ou lac salé, puis Sinia et Mechra' Ennodj'ou'. il campa à « Bled el malha »le deuxième jour de Ramadan, nous vimes arriver des cavaliers des :Beni Mat'har;leur but était d'observer notre attitude et notre état moral dans l'attente des événements. Ils trouvèrent notre population dans les meilleures disposions, ne manifestant, aucune crainte du Bey, et excitant ses enfants à la guerre. Ces cavaliers nous annoncèrent que le bey était en un tel lieu, et nous dirent qu'indubitablement nous passerons la nuit prochaine avec toi Nous envoyâmes. de nos gens à la découverte sur la montagne , ils apercurent pendant la nuit un grand nombre de feux et revinrent nous confirmer la nouvelle. Le Bey se remettait en marche atteingit Sidi meridja où il fit halte pendant la chaleur du jour, et vint Coucher à « Sahoua » el bigla entre nous et Asla , nous reçûmes cette nuit là quelques cavaliers de nos Arabes, qui venaient nous donner des nouvelles, et qui nous conseillèrent d'aller trouver le Bey; car dirent-ils, lorsque Dieu fera apparaitre les premières lueurs du matin, l'ennemi débouchera par le défilé appelé » Khneg Ettib » ; Mais Dieu ne nous avait rien donné que nous puissions envoyer spontanément en présent nous fûmes obligés de laisser la nuit s'écouler. et d'attendre au matin. Avant que le soleil ne soitt élevé sur l'horizon, nous réalïsames quelques cadeaux, consistant en un ésclave et tout l'argent que l'on put se procurer. Nous étions alors au samedi. Nous nous rendimes vers l’un des côtés de la ville Nous accomplissions ce devoir, lorsqu'il nous arriva des cavaliers du Be y, expédiés le m'atin même, après que l'armée se mt mise en route. Ils étaient trois: le cbeikh (illisible)el-Angadi, un caid du makhzen et un caid des Arabes. Ils trouvèrent les députés sortant de la ville, accompagnés de la populalion•. « Le Bey marcha sur vous, leur dirent-ils en quelque lieu que vous alliez, vous pouvez compter qu'il tombera toujours Sur vous et vous traitera, suivant le cas, soit avec indulgence, soit de toute autre manière. » Cependant; nos envoyés partirent, et nous nous préparames à soutenir de rudes combats avec l'ennemi, La députation arriva, aux premiers rayons du soleil, à Hassi Kerma (Puits du Figuier) , Où elle trouva le Bey se mettant, en marche avec son armée. Nos députés se présentèrent aussitot à lui. Il les reçut à Cheval, et leur demanda qui ils étaient. « Nous sommes, répondirent-ils. les envoyés de cette Chellâla. 1) Le Bey ne leur répondit rien, et ils marchèrent à sa suite. Ce silence était un calcul de son bon sens et de sa prévoyance: ses troupes et lui, ainsi que toutes les bêtes de somme, mouraient de soif: en retenant la députation, il voulait attendre que l'on se fùt désaltéré, avant de manifester ses intentions peu favorables et sa volonté de combattre. Pendant ce temps, des troupes innombrables, marchant par détachements se dirigeaient sur nous par Aïn 'Amar supérieur. Chaque caid avait déployé ses enseignes, et l'on voyait flotter l'étendard du Bey. Les tambours et la musique guerrière qui se faisaient entendre cherchaient à jëter l'effroi ,parmi les populations Lecteurqui joignez un ésprit sagace à l'Intelligence des choses.. écoutez ce récit :, Les troupes du bey s'établirent près de chaqne puits ou source où les ànimaux pouvaient se désaltérer, tandis que les mulets, portant les canons de gros, calibre et les mortiers, étaient dirigés ur Kheneg ettib, defilé aboutissant à la route de S'orrt el-Khail .L'ennemi s’occupa d'établir ses abris. Il avait installé le, camp pement du Bey la première fois qu'il était venu chez, nous. S'adressant enfin à nos députés, le Dey leur dit: « Puisque je suis venu jusqu'ici, il ne me reste qu'à combattre et à employer le tranchant du glaive. Retournez près des vôtres, et dites leur de se battre pour leur pays. Lorsqu'ils furent de retour auprès de nous, ils nous rapportèrent ces paroles et nous dirent qu'ils avaient répondu : !( Dieu est avec nous; il accordera la victoire à qui d'entre nous il voudra ; Voyant les choses à ce point, la population de Chellala proclama à grands cris la guèrre. Le Bey avait fait mettre ses mortiers en batterte , - tout à coup coup une détonation retentit; un projectile vint frapper Ie rempart d'Ali ben Mouça, près de Bab el-Kebir (la grande porte). Sans expériente jusqu'alors, du tir de ces pièces d'artillerie, nous ressentions, une assez vive inquiétude; mais lorsque nous vimes ,que cette décharge n'avait .produit d'autre effet sur le rempart que la dèmolitlon de deux ou trois pierres, nous nous félicitames du peu de danger que couraient nos murs. Une seconde, une troisième, décharge' se firent entendre, et le feu continuait encore au concher du soleil; .il se prolongea jusqu'à la nuit close. L'armée s'était repandue parmi les jardins et les champs cultivés pour détruire les ,arbres et toute la verdure de la saison Le camp était au sud de la ville, à une faible ,distance des Puits. On avait placé la batterie de mortiers à la Zeklama qui est à, l'est.t de Sidi Abd Allah, ben Ahmed. Pour revenir aux angoisses que nous causaient les boulets;,Nous étions assaillis ,par les projectiles,jusqu'au coucher du soleil. On était au Ramadan, et plusieurs d'entre nous n'observaient pas le jeûne; les autres, au contraire, en remplissaient toutes les prescriptions, comme en temps ordinaire. Un boulet rempli de poudre et de mitraille vint frapper au milieu du Kasr' (ou Ksar, suivant la prononciation locale), c'est-a-dire de la bourgade ou quartier, et, pénétrant dans le logis des Oulad Kaffous, tua la mère de ces derniers. Une autre femme fut blessée vers le coucher du soleil, tandis qu'elle préparait le déjeûuer de ses enfants, qui combattaient avec leurs compatriotes sur les remparts; auprès. desquels était établi le camp, C'est là tout le mal que nous firent ces mortiers, par un effet de la grâce de Dieux et des saints. Le feu dura ainsi jusqu'à la proximité de l'Eucha, (c'est-àdirede la nuit close). A ce moment, les troupes se dispersèrent à droite et à gauche, cherchant à effrayer les assiégés par la poudre et les balles, et à empêcher qu'il ne sortit ou n'entrât personne à la faveur de l'obscurité _ Entendant cette fusillade,nous crûmes d'abord -que les Arabes arrivaient à notre secours, et nous nous réjouissions de ce renfort. Mais, bientôt, les balles, tombant sur nous comme des sauterelles ou comme la grêle, nous firent voir que nous nou étions trompés. Nous ne pouvions nous tenir en aucun des quatre points cardinaux, à cause de la profusion des balles, et nous passâmes ainsi la nuit sans un moment de répit, criblés par une pluie meurtrière qui dura jusqu'au point du jour. Alors, l'ennemi - nous assaillit de toutes parts, principalement du côté d'Ain Frich", d'où s'élançaient en grand nombre les Turcs' et .les Arabes, C'était, disons-nous, au point du jour,Et beaucoups des nôtres ayant été capturés dans les jardins, la frayeur s'empara de nous, Nous eûmes en cet assaut beaucoup de morts; notamment:. Nous eùmes aussi des blessés. L'ennemi• Pallia ses forces, les tambours et les ghaita (hautbois} ,firent entendre la charge, et les masses assaillantes se precipitèrent à la fois Sur le Ksar, auquel elles donnèrent assaut de toutes parts. Pendant la mêlée générale, quelqu'un vint nous dire que la ville était forcée vers Aïn Youcef, du c6té sud.Un détachement des nôtres arriva, et nous vimes les, monstruosités des. hommes et les actions infernales qu'ils peuvent commetre Un épais brouillard s'éleva dans la direction du camp: on eût dit un brouillard de pluie. Quand il se fut dissipé, on vit les assiégeants s'accrocher, dans leur assaut, aux parapets des, murs, et l'armée ennemie au pied des remparts.

 

 

 

Il. parvinrent au réservoir et voulurent forcer l'entrée. Ayant atteint la porte principale du Ksar et la fontaine, c'est-â-dlre le pied du grand rempart, ils plantérent deux drapeaux sur le réservoir d’Ain, foucef, el un troisième près de la porte du milieu. L'ennemi se serrait de plus en plus, le plomb tombait comme la pluie, les mortiers retentissaient avec le bruit du tonnerre. Ces bouches à feu furent tralnées à travers les champs d'Aïn Youcef; mais comme la mousqueterie du Ksar dévorait les artilleurs,on plaça la batterie sur le chemin de la Gueblia (Chellala méridionale), en deçà d'Aïll Djedida. La mousqueterie des remparts répandait la mort et les blessures dans les rangs de l’ennemi, qui eut beaucoup de tués et un nombre bien plus considérable de blessés. les hommes s'engageant dans les voies qui séparent tes jardins et marchant un à un, à la file les uns des autres, eurent bientôt envahi ces jardins, que l'on pouvait comparer à des grenades remplies de leurs pepins. Trois bombes vinrent écraser le fort du sud et firent un affreux carnage de ceux qui y étaient renfermés, sans épargner les hommes du voisinage. La lumière du jour fut changée en épaisses ténèbres, la poussière s'éleva par tourbillons, et le feu de la destruction s'alluma partout, plus intense que jamais, entre les combattants. Le Ksar inférieur, celui de Frich, était tombé au pouvoir de l'ennemi, qui s'occupait, en d'incessantes allees et venues, de relirer des maisons et des h'oouch les abondantes provisions de vivres qui y étaient renfermées. Il ne laissa que les choses qu'il dédaignait. Une file d'ennemis arriva du côté de la grande porte septentrionale, et un nouveau combat eut lieu. Les assiégeants brisèrent la porte à coups de haches de fer. et envahirent toutes les rues dans l'ordre dont nous avons déjà parlé. On les attaqua par derrière, mais leur nombre augmenta à un tel point,que les musulmans furent vaincus Mohamed ben…(illisible) fut tué en dedans de la porte. Que Dieu lui fasse miséricorde! On n'eut pas d'autre perte à regretter. L'ennemi avait un si grand nombre de blessés, qu'ils remplissaient presque tout le Ksar inférieur. La ski'fa, ou portique, située sous le grand rempart, en fut encombrée. L'ennemi rallia ses troupes éparses; ses groupes se réunirent,et, se ruant en masses nombreuses Sur la population, par les jardins d'Aïn Fricb, il parvint jusqu'aux murs des Oulâd Liya,qu'Il voulait détruire pat la pioche et la hache. Mais des gens du pays s'opposèrellt à ses efforts, et lui firent abandonner les murs , puis, le refoulant sur leurs limites, ils l'empêchèrent de s'approcher des remparts. On combattit avec acharnement jusqu'à ce que le soleil fût élevé sur l'horizon de la longueur d’une lance, ou mime plus de quatre hauteurs d'homme (sic)• les femmes, les juifs. les enfants et les individus, comme eux,peu propres au combat, délibérèrent et formèrent le projet de fuir à la montagne et à Sidi Mohammed ben Sliman. Un homme des ( illisible);a, fraction d'une tribu nommée 'A/a/na, se mit à la tête des fuyards, que suivaient un certain nombrs de femmes. Cette honteuse cohorte n'avait pas osé, Sous la grêle épaisse des balles,jeter un regard sur le Ksar. Que Dieu, récompense les braves qui ont subi la mort avec résignation, et qui ont su n'attacher' aucun prix: à la vie!! Des cavaliers vinrent donner un avis au Bey de cette émigration. Il était établi auprès' des puits, n'ayant d'autre garde qùe quatre hommes à cheval. Personne ne se trouvait dans les tentes, et les cbameaux, les chevaux, les mulets, toutes les bêtes de somme enfin, étaient dispersés dans l'espace compris entre le camp et Ksikes, sarrs que nul pâtre en prit soin. Lorsque les cavaliers eurent averti le Bey de l'effroi de la 'population et de la fuite des femmes, il ,ordonna de les charger et de raviver le combat ct le feu contre nous. Un détachement fondit sur les femmes; les unes furent prises,d'autres se réfugièrent à la monfagne de Bram. Le combat devenait toujours plùs acharné: le gros de l'armee fit un mouvement et vint entourer ksar de tous les côtés, en plaçant toutefois des forces plus considérablès vers le cimetière et le Ksar de Sidi Ahmed. Après avoir cerné ainsi, l'ennemi s'approcha des murs e! prit I'assaut le Ksar de Sidi slimane fit prisonniers ceux qui s’y trouvaient et s'empara des richesses considérables de la maison de Sell (illisible) qu'il emmena captif. Les babitants de la ville se livraient aux pleurs et aux lamentalions;ils semblaient prêts à mourir de douleur, à la vue de l'affreuse détresse où ils se trouvaient, et à laquelle ils ne pensaient pas qu'aucun d'eux pût échapper. Les guerriers supportaient leur sort avec la résignation des nobles, Que Dieu les récompensera Les visages des hommes étaient tout changés, et les femmes qui étaient restées se soumirent avec patience au décret de Dieu. L'ennemi renouvela les assauts et pénétra enfin dans la ville par la porte de Tafernt(Ie moulin à manège). ]il envahit la maison dite de Bou I-Anouâr ; la population, alors, se regarda comme perdue. Les hommes influents par leurs conseils dans les affaires publiques, et les chefs du peuple, montèrent spontanément sur les minarets, et proclamèrent que la victoire restait au Bey.

                                                             Chellala Dahrania à gauche et gueblia à droite en 1839 

Mais ils ne purent conjurer le danger, et le feu de combat gardait la même ardeur jusqu'à ce que se présentèrent quatre braves: Abd Allah ben Ahmed, K'addou ben T'ahar 'Amer ben Djildni et un autre personnage, qui sortirent pour aller trouver le chef de l'armée. Lorsqu'ils furent en sa présence, ils le reconnurent vainqueur. Le Bey leur- fit le plus large accueil, à cause de la résignation et de la fermeté au combat qu'il avait remarquées chez leurs compatriotes. De sa vie, disait-il, il n'avait rien vu de semblable à eux, et il pensait. qu'une bande de Turcs combattait avec nous. Dieu rend victorieux quiconque lui plait; puisse-t-il récompenser ceux qui combattent pour leurs enfants au milieu meme d’un brulante détresse Beaucoups d'entre nous, ignorant l'état récent des choses et l'envoi d'une nouvelle députation, continuaient à se résigner à la misère et à soutenir le combat pour la cause de Dieu. Le Bey signifia à nos députés, qu'on lui enverrait en ôtage quatre individus qu’il désigna .et qu'on lui donnerait cent négresses,118 revinrent avec ces conditions, que, nous étions bien forcés de subir, On Ini envoya donc les quatre personnages qu'il réclamait Le Bey fit sonner la retraite de l'armée; chaque corps arrivant d'un côté différent, venait se réunir au camp général, que l'on eût dit couvert de sauterelles. L'armée conquérante se réunit autourde son chef, Le vainqueur partagea les richesses, évalua les produits du pays Et le revenu des eaux, et fixa un tribut, qu'on lui paya par menus versements. il avait exigé d'abord cinq cents sacs (r'ertlra) d'orge. En voyant la poussière se dissiper, ceux des nôtres qui avaient foi 1iansla montagne, s'imaginèrent que \a ville avait élé prise et détrùite, et qne les habitants étaient tous morts. Cette conjecture leur ~'Vatt été suggérée par hl résignation et l'inertie de nos braves:Lorsqu'ils reçurent la nouvelle que la ville avait été conquise et que la sécurité était rétablie, Ils revinrent vers nous pendant la nuit. Le le lendemain matin, Dieu avait fait naitre un peu de sécurité, et chacun allait porter au Bey ce qu'il trouvait disponible; mais, dans le courant de la matinée, les Turcs se soulevèrent contre nous, se playnant. que la mort frappait un grand nombre d'entre eux, et nous menaçant de nou tuer le jour même, s'il n'étaient débarrassés des cadavres,Leur bey les apaisa par ses remontrances et l'augmentation de leurs parts du butin, et nous enterrâmes nos morts dans la journée même. Les Turcs voulurent ensuite venir trafiquer sur le marcbé avec nous; mais le Bey ne leur en permit l'accès qu'après qu'ils lui eurent adressé une réclamation directe, et qu'il nous eut admis.ion. Ils entrèrent donc, ('II manifestant lcnr surprise dit carnage qu'on avait fait des leurs du côté d'El-Ain (la fontaine) et de (illisible) C'est là. disaient-its. que nous avons éprouvé les plus grandes pertes. "C'était là, en effet, qu'étaient morts plusieurs de leurs principaux cbefs, ainsi qu'un grand nombre de soldats, car on y avait placé les plus adroits tireurs, tels que Ahmcd ben Houcin ,(Roçaln) et Bel Kacem ben Banour, ainsi qne leurs frères. Que Dieu récompense les braves, qui ont soutenu si énergiquement le combat, et qui ont préféré la mort du défeusenr à l'existence du vaincu La population continua, chaque jour. à apporter en tribut au vainqueur , jusqu'à ce qu'elle eût acquitté cc qui était exigé. On payait, pour chaque négresse qu'on ne pouvait fournir en nature, soixante-dix réaux drahem, ou l'on donnait des objets en argent pur. Le Bey, qui a séjourné chez nous six jours, Y compris les jours de comhat, el qui avait reçu la soumission des Ksar. Nous quitta au milieu du jeudi, après a voir été témoin d'un grand événement,c'est-à-dire d'un violent tremblement de terre. Il emmena les quatre ôtages , qui représentaient cbacun des quatre quartiers. Il avait adouci leur sort,en leur faisant donner des vetemcnts et des montures. Les l'ures montèrent à AIn Amar. ta population de Chellàla, sortant de la ville, se répandit sur l'emplacement qu'ils venaient de quitter, pour chercher quelque menu butin. L'armée continua à monler jusqu'à Mechre. Le Bey, se retournant, aperçut les nôtres sur la place du camp, il fil faire halte, et allait donner l'ordre à sa cavalerie de nous cbarger; c'en était fait de nous Ils se remirent donc en marche, et allèrent coucher cette nuit-Ià à B/ad EI-mekroum. A chaque endroit où ils passaient la nuit, ils enterraient des morts, à cause des nombreux blessés qu'ils avaientavec eux.

Ils arrivèrent ainsi à Mascara. Le Bey nous écrivit alors une lettre où il nous disait: ( Vous avez l'aman , sécurité, garantie, amnistie) pour les quatre otages qne j'ai avec moi. "Nous avions éprouvé de vives inquiétudes à leurégard, et redoutions pour eux quelque perfidie de sa 'part. Il y avait quatre mois qu'ils: étaient avec lui , ,et notre appréhention était telle" que nous avons écrit lettre sur lettre, et envoyé méssager sur messager,lorsque Dieu ouvrit sur eux l’oiel de sa bonté leBey. les mit en liberté et leur donna chacun unejument, un magnifique fusil , c'est-à-dire qu’il les monta et équipa comme des dignitaires et,des amis,: aucun acte injuste ou arbitraire n'a été commis contre nous, et nous nous gouvernons comme nous l'entendons. Que Dieil soit loué'pour le secours et la protection qu'il nous a accordés, en nous préservant de l'abus que le Bey eût pu faire du pouvoir, et en étendant l'autorité de ce prince sur tout le pays! D'après ce que l'on rapporte, les pertes du Bey s'élèveraient à cent soixante-dix hommes, parce que, jusqu'à la fin de l'année,beaucoup de bléssés moururent successivement de leurs blessures. Tels sont les événements qu'ont subis les habitants dela Chellâla. Nous avons voulu les enregistrer, pour les transmettre aux temps futurs et aux peuples à venir, qui en entendront parler sans en connaître tes détails. Ils sont rapportés ici avec une scrupuleuse fidélité, dans l'ordre Où ils ont eu lieu, car ils se. sont accomplis sous les yeuxl de celui qui a écrit la présente relation. Que Dieu soit clément-envers lui et le traite avec mansuétude QU'il répande sa miséricorde sur l'auteur, Sur son père et le père de SOn père,ainsi,que sur tous les fidèles croyants! Qu'il nous fasse mourir musulmans et vertueux, et qu'il me place au nombre de leurs seigneureries par les mérites du noble et généreux Prophète, auquel Dieu daigne accorder ses grâces et son salut! : La présente relation a été rédigée dans le mois de Dieu RI'hi 1" de l'an 1255 (mai 1839), et écrite par Mohammed ben Bel Kacem ez-Ziloui.

 

NOTA Toutes les photos ici présentes représentent chellala vers la fin du milieu du milieu dix huitième siècle , la photo du milieu (éxécution) fait partie d’une autre histoire que je vous ferais partager les prochains jours Inchallah

T.Noureddine

 

 

 

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