LE VIEUX KSAR II
LE VIEUX KSAR DE EL GHASSOUL II
INSOUTENABLE OUBLI
C'est par un un chemin en colimaçon qu'on accède jusqu’à ce vieux ksar et d’où l’on domine ce qui en reste de l'oued ghassoul à travers des vergers verdoyants.
Ce ksar est bâti en nid d’aigle sur une gara abrupte
Ici les maisons violent toutes les lois de l’équilibre et de l’architecture elles sont accrochées et superposée telles des ruches d’abeilles
Cet environnement était le résultat d'une architecture populaire S'y dégagent des lieux charme et vitalité des formes traditionnelles, face à la fadeur, l'ennui et la
monotonie du nouveau village érigé juste en contre bas à quelques centaines de mètres
L'unité du plan, du site et des matériaux de ce vieux ksar engendre à sa vue une réaction enthousiaste au premier venu et même chez la plupart des spécialistes.
Cette réaction est en grande partie suscitée par l'harmonie du paysage, un sentiment d'intimité est créé par une série de murs qui non seulement ferment l'espace
mais lient les maisons les unes aux autres et les relient aux vergers environnants au contraire des nouveaux établissements où les normes urbanistiques
détruisent la sensation d'intimité de l’homme et du lien qui le lie avec son environnement.
Le cas du nouveau village de El Ghassoul est éloquent , il est d’apparence hideuse et repoussante de par son architecture et des matériauw utolisés
Ici dans le vieux ksar, le temps s'égrène lentement, doucement , tout n'est qu'harmonie et volupté, seul l'instant présent compte
La désacralisation de la nature a abouti à la déshumanisation de nos relations avec notre mère la terre
L'homme "moderne" a perdu l'orientation mythologique qui était très importante chez ces bâtisseurs ksouriens.
Il a aussi perdu l'image collective de cet art de vivre ancestral et de ses valeurs
En ces époques lointaines le ksar de ghassoul était parmi les points de départ des caravanes qui vont vers les oasis du M’zab comme
celles du Gourara
A cent pas de ce qu'on appelle de Bab-el-Gharbi (porte de l’Ouest du vieux ksar de El-Ghassoul) s’élève
la koubba du saint sidi Ali Ben Saïd, le saint fondateur du ksar, et son puissant protecteur.
Sidi Ali fut un de ces saints "missionnaires" qui se répandirent dans la partie de l’Algérie, soit pour y porter la parole de Dieu, soit, en s’introduisant dans les ksour du Sahara, pour y recruter des khouanes à l’ordre de Sidi Abdelkader-El-Djilani.
Après avoir parcouru la région dans laquelle il devait opérer, le saint homme se fixa définitivement sur un ruisseau qui était connu sous le nom d’oued El-Ghassoul , ce point plut au saint, et il y établit sa kheloua. Sidi Ali n’avait pas tardé à édifier les Nomades par l’austérité de sa vie, par sa science et par son ardente piété.
Ils ne se lassaient pas d’écouter sa parole sacrée, bien que, pourtant, il prêchât à ces bédouins la vertu et le retour aux pratiques religieuses qu’ils avaient presque entièrement oubliées.
Plus tard, quelques miracles opérés par le saint lui mirent ces populations dans la main, car elles sentaient bien qu’elles avaient tout à gagner avec un ouali salih (saint) .
Le ksar d’El-Ghassoul était fondé. Sidi Ali s’occupa sérieusement de se constituer une descendance
Au bout de quelques années, il comptait une très respectable postérité, laquelle, en s’alliant aux Beni-Zeroual et aux Laghouat-Ksel, finit par constituer une fraction religieuse considérable, qui s’était groupée autour de son saint parent.
Avant sa mort, la saint put admirer son oeuvre et en louer Dieu : plus de cinquante maisons bâties en mottes de terre séchées au soleil s'élevaient en amphithéâtre sur la rive gauche de l’oued El-Ghassoul ; une muraille d’enceinte défendait le ksar contre les tentatives des écumeurs du désert, tant que vécut la saint, ces affreux pilleurs n’osèrent tenter aucune incursion contre ce ksar : ils savaient trop bien qu’ils ne pouvaient rien contre ce saint
A sa mort, une koubba "mausolée" fut élevée sur son tombeau à proximité du point où le saint avait vécu de la vie érémitique à son arrivée dans le pays, et les gens d’El-ghassoul jusqu'à nos jours la blanchissent annuellement à la chaux à l'approche la grande waada (fête en l'honneur du saint)
Autour du mausolée de sidi Ali Ben Said on distingue avec peine de très vieilles tombes presque
effacées et juste à quelques cent mètres est située une très ancienne école, l'une des premières écoles
construites en Algérie, elle date vers la fin du milieu du dix huitièmes siècle, malheureusement ces
lieux ont été saccagés et se trouvent dans un état lamentable, portes et fenêtres ont ont été dérobées,
même la toiture tout comme la pierre n'ont pas échappé à ce carnage , quelques pigeons et traquets
du désert se sont emparés des lieux essayant de briser le silence insoutenable qui se dégage des lieux
et dire que d'illustres personnalités de la région ont étudié au sein de cette école élémentaire tels: feu
MrBoualem Bessaih (1930/ 2016) homme politique, diplomate et homme de lettres tout comme
Mr: Messahel Abdelkader (1949 ) : homme politique ex ministre des affaires étrangères
Mr: Boukhobza M'hamed (1941/1993) Doctorat à l'université de Paris, ingénieur en
statistiques et économie appliquée , il connaissait l'Algérie par coeur, connaissant aussi sa société par cœur,
qu’il étudia patiemment, passionnément, dans ses moindres recoins, sans jamais perdre de vue l’Algérie pastorale où il avait ses racines (il es natif de Brezina).
Il fut lâchement assassiné en son domicile le 22 juin 1993 à Alger
Une sensation d'oubli profond mêlé d'une étrange tristesse se dégagent de ces lieux jadis si animés
Je fis halte et interrogeai,
mais à quoi bon interroger
Des choses muettes et immuables
qui parlent un langage inconnu ?
Théodore Monod
Par Noureddine Toumi
Le mardi 20 avril 2021
Le présent album comprend 185 photos au format Ultra Grand Angle
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Commentaires (11)
Vous êtes toujours le bienvenu dans votre deuxième pays
Amitiés sincères
Saha ftourek. C'est avec beaucoup d'émotion et admiration que je viens de contempler cette harmonie de photos enveloppant le ksar..
Tant de bons souvenirs me rattachent à l'Algérie à bien des personnes et à la beauté de bien des régions si variées que vos photos me font redécouvrir..Un grand merci Avec mon amitié
merci cher Ahmed, j'ai essayé de dépoussiérer les lieux de cet insoutenable oubli
Ramadhan karim
c'était juste une parenthèse , ma tâche a toujours été d'apporter des faits historiques fiables loin de quelconque tribalisme ou autres
Bien à toi et saha shour
Je pense sincèrement que tu en sait plus sur ces lieux et leur histoire que ce pseudo "intellectuel ghassouli"
Autant que je me souvienne depuis ma tendre enfance j'ai entendu parler des Ouled Moumen à El-Bayadh mais rarement de Ghassouli. Donc c'est une tribu qui a ses racines dans cette contrée et une tribu qui compte parmi les grandes tribus d'El-Bayadh et de tout le Sud-Ouest..
Bien à toi.
Hamid
صور رائعة وموضوع اروع عن قرية كانت منسية وعن تراث نفضت عنه الغبار
C'est vous dire que le tribalisme a encore de beaux jours devant lui et grave quand ça émane d'intellectuels
Bien à toi
Je ne sais vraiment quoi te dire
Concernant la citation de feu Monod, j'ai intérrogé ces ruines mais point de réponse, elles gardaient jalousement leurs secrets
C'est cette dégradation des lieux qui est insoutenable, cette école est squattée par un éleveur
Les élus et associations de khorti ont d'autres chats à fouetter
Concernant ce gardien du temple (chat) c'est toute une histoire entre nous deux et le courant est vite passé
Ceci dit le site est merveilleux et garde encore son charme d'antan
Merci beaucoup pour ton retour fort intéressant
Que dire de cette 2ème partie de ton exploration architecturale et historique du vieux Ksar El-Ghassoul, sinon que les restes d'un lieu jadis resplendissant font pitié et provoquent la tristesse et la colère, même s'il en reste quelques vestiges agricoles et surtout ce mausolée du Saint "édificateur" de ces lieux!
Malgré cette mélancolie, les photos sont belles et les lieux paisibles sans presque pas âme qui vive hormis les jeunes que tu as photographié; j'allais dire pas un chat et voilà que tu as déniché un "gardien du temple" Je vois grâce à tes photos que la maquette du vieux Ksar est assez ressemblante.
Je me pose à nouveau la question comme dans le commentaire sur la 1ère partie du reportage photos: comment se fait t'il que nos anciens avec des moyens dérisoires sont parvenus à édifier ici et ailleurs des lieux de vie et de cultures sur des terres souvent ingrates qu'ils ont néanmoins avec de la persévérance transformé en plaines verdoyantes et nourrissantes pour leurs communautés? Cela amène à se poser la question sur les comportements d'indifférence de nos contemporains qui regardent les traces de leurs ancêtres tomber en ruines?
En effet il y a des surprises dans cette 2ème partie comme tu me le disais; il s'agit des citations des des noms de Bessaïh Bouâlem, de Mhamed Boukhobza et de AEK Messahel, les enfants de la région qui ont fréquenté cette école primaire "parmi les premières d'Algérie" qui oh tristesse est certainement à l'état d'abondant et de ruine depuis des lustre! Quel Wali? qu'ont fait les maires? les ministres de l'éducation? ou les simple élus?. Y a t'il eu une étude architecturale de ces Ksours bâtis par des gens de génie qui n'avaient certainement pour la majorité jamais été à l'école mais certainement détenaient un savoir ancestrale? Il existe en effet quelques bonnes âmes qui veillent à la restauration de vieux bâtis en Kabylie je pense.
Je suis à la fois d'accord et pas d'accord avec ta citation de Théodore Monod: "A quoi bon interroger des choses inertes et immuables qui parlent un langage inconnu?" Je pense que pour comprendre notre histoire et à défaut de témoins ou d'écrits, il faudrait interroger les lieux, les Saints de ces lieux et même les les sentiers et tout ce qui peut expliquer le style de vie, les techniques de constructions, les fortifications, l'irrigation.... Un vaste programme.
Merci pour ce partage et bonne continuation.
Avec mes amitiés et saha ftourek.
Hamid