LES BUTTES DE LA VIEILLE
LAAZAYEDJ
LES BUTTES DE LA VIEILLE
Rendez-vous fût pris avec si Bouamama qui habitait à quelques lieux de si Larbi , ses enfants
et petits-enfants accoururent m’accueillir, visite qui avait pour but de visiter les gours de
Laazayej ( les buttes de la vieille)
C’est le petit-fils de Bouamama qui m’inspirait un peu d’inquiétude vu son état fiévreux et triste,
vêtu d’habits délavés, il a de grands yeux qui semblent raconter toute la détresse de ces enfants
vivant presque dans le dénuement le plus total, il ne me lâchait pas d’une semelle, à vrai dire
dans ces coins perdus, la visite d’une personne est un événement rare, la confiance est vite passée
entre nous deux, il m’invita même à une petite zerda (fête) que son grand père compter donner en
l’honneur du saint sid Cheikh après l’aïd si Dieu nous prête vie
Nous prîmes le départ après avoir pris un lait de chèvre et les dattes de gherss (dattes écrasées)
Nous longeons un large oued qui court en serpentant vers le grand sud sinon se perdre dans une2
quelconque hamada, les cieux étaient avec nous, de gros nuages à l'aspect cotonneux nous protégeaient
du soleil ardent, à l’intérieur même de l’oued si Bouamama a cultivé du blé, la moisson s’annonce bonne sauf qu’une petite partie a été emportée par les
dernières crues ;quelques pigeons et tourterelles étaient en train d'étancher leur soif près du puits, sitôt dépassé ce petit éden et écrin de verdure et à mesure*
que nous avançons le paysage reprend peu à peu son aspect désertique, une immense plaine s’étale devant nous, le sol a changé de nature, nous marchions
sur un gravier très fin, ces immenses platitudes sont hérissées de quelques garas dont les majestueux gours El anze (gours des mouflons) visibles dans le lointain
Durant tout le long du trajet si Bouamama égrenait son chapelet et répétait des paroles que je n’arrivais pas à saisir le sens, j’avais beau me
mettre à ses côtés mais rien n’y fait, si Bouamama avait un air majestueux dans sa large abbaya et le chèche tout neuf que je lui ai offert, à
vrai dire les hommes de ces contrées sont religieux comme les choses elles-mêmes, on dirait qu’il est là depuis des siècles , voilà bientôt une
demie heure que nous cheminons au milieu de ce paysage au décor immobile et âpre, c’était un de ces paysages qui vous façonnent l’âme et
l’éprit, sous nos pieds de rares plantes sont visibles, toutes dépecées et déchiquetées et à l'aspect terne; à vrai dire j'éprouve un grand respect
pour ces plantes défiant ce climat des plus rudes
Nous arrivâmes à Laazayej un peu fatigués , si Bouamama ne laissait transparaître aucune fatigue, il était dans ses terres ancestrales et dans
son élément, le site est d’aspect sévère mais inondé d’une paix indescriptible, il est déchiqueté et composée de quelques quatre ou cinq buttes,
nous escaladons la plus escarpée, sur son sommet est érigé une haouita (enceinte en pierres sèches) sur les flancs escarpés de cette butte sont
visibles quelques tombes, seul le silence règne en maître absolu des lieux, si Bouamama reprenait de plus belle ses lectures comme transporté
dans un autre univers,c’est ici que sid Cheikh venait aussi prier, du haut le spectacle était fascinant on pouvait même apercevoir comme des
taches le petit hameau de sid el Hadj Eddine et la gara de Bent el Khass
Laazayedj a pris ce nom d'après cette légende: une vieille femme avait perdu son unique fils dont je ne sais
quelles circonstances, prise d'un immense chagrin et par la suite par la folie elle s'est réfugiée sur cette gara d'où le nom de "Laazayej"
Nous visitâmes quelques grottes hautes qui ressemblaient étrangement à celles de Bâmiyân (Afghanistan)
mais les nôtres étaient d’aspect tout à fait naturel ; quelques foulards verts, d’autres jaunes étaient accrochés aux parois de ces grottes par des femmes pour demander la bénédiction du saint sid Cheikh,ils devaient avoir des années et années ces tissus, un ancien bol rouillé servait à brûler et répandre l'odeur de l'encens à l'intérieur de ces sanctuaires
Nous quittâmes Laazayej non sans emotion laissant les lieux replonger dans leur silence éternel
Pour couronner cette visite mystique je fis un petit détour aux gours de sidi Abdallah, un orage avait éclaté le jour d’avant , les lieux étaient baignés de fraîcheur et de lumière douce , si douce
Par Noureddine Toumi
Le dimanche 30 avril 2019
Le présent diaporama comprend 96 photos au format Ultra grand angle
Photos prises le 30 mai 2019
NB/ Branchez vos enceintes acoustiques pour écouter la musique d'accompagnement
Commentaires (8)

- 1. | lundi, 13 mai 2019

- 2. | mardi, 07 mai 2019
Ces gens sont là depuis l'épopée du cheikh Boamama et leurs ancetres bien avant
je ne pense pas qu'is puissent vivre dans nos villes
Sans eux une partie de nos rêves disparaitrait
saha ftourek

- 3. | mardi, 07 mai 2019
Que l'humain soit doté d'un pouvoir d'adaptation à toute misère,est une chose,
mais ca finit par le stigmatiser intérieurement,puis à l'extérieur.
Ces lieux ne devraient pas etre habités,peut-etre qu'ils acceptent de s'installer,non
loin des villes,si on venait le leur proposer.
Ramadhan karim.

- 4. | mardi, 07 mai 2019

- 5. | lundi, 06 mai 2019
Chapeau

- 6. | lundi, 06 mai 2019
J'ai foi que ce petit enfant se remettra d'aplomb, j'ai fait le nécessaire côté habillement avec mes modestes moyens
Si Bouamama m'a informé que par le passé il y avait des équipes médicales qui faisaient des tournées, même le couffin de ramadhan ils ne l'ont pas reçu cette année suite aux événements qui secouent le pays et un laisser aller
En effet si Buamama est un homme fier, il est de la tribu des ouled sid Cheikh, en effet come tu l'as remarqué il enlevait ces chauussures à l'entrée de chaque grotte et sanctuaire en respect à nos ancêtres
Merci et saha ftoourek et shourek

- 7. | lundi, 06 mai 2019
Merci pour votre dernier envoi. Oui, ces grands espaces de "La vieille" nous rappellent de bons souvenirs et nous font toujours rêver......
En vous espérant et vous souhaitant: Bonne Forme.
Bien amicalement avec vous. Jean.

- 8. | lundi, 06 mai 2019
C'est un voyage mystique plein de sérénité et de recueillement de la part de Si Bouâmama, qui se déchausse pour entrer et prier dans ces grottes vénérées. Dès l'évocation de son prénom dans ton texte, j'ai entre perçu la stature de Cheikh Bouâmama le héros national mystique qui a régné sur notre pays.
Tu as bien observé l'état de ces enfants, qui me fait de la peine et m'attriste. C'est frappant de les voir si chétifs et tristes; il y a un grand contraste avec d'autres enfants que tu as photographié ailleurs, dont ceux de Si Lârbi.
Ces gens sont très courageux de rester vivre certes libres, mais dans un total dénuement et aucun soutient ni aucune protection des autorités locales. Il faudrait au moins une sorte de volontariat médical et social pour les aider à surmonter les carences de l'enfance.
Merci cher ami et porte toi bien.
Abdelhamid
Je vous salue et j’embrasse toute votre famille.
Georges