CITADELLE II
CITADELLE
AU SOMMET DE LA CITADELLE
Masses imposantes de graviers déchirés, témoins de l'érosion qui les a façonnés, les gours de Bent El khass sont uniques dans leur genre
La légende raconte que cette région des gours (buttes élevées) était habitée par une tribu farouche (ceci bien avant l'avènement de la
fameuse Embarka Bent El-Khass)
Un jour le saint sidi Mohamed Ben Abdallah vint dans cette tribu pour essayer à la gagner à sa cause, déçu par l'accueil qui lui fut accorder
furieux , il jeta sur elle son anathème : aussitôt le plateau se coupa en plusieurs gours à la grande terreur des nomades qui se virent tout à
coup dispersés, isolés les uns des autres
La gara de sidi Mohamed Ben Abdallah se trouve à quelques deux kilomètres de la gara de Bent El-Khass, un mausolée a été élevé
aux pieds de cette gara en l'honneur de ce saint homme , il est encore visible de nos jours, les sommets de cette gara sont inaccessibles
Bien plus tard la légende nous apprend que la « gara » de Bent El Khass a aussi une autre légende :
Bent El Khass campait sur la gara quand elle fut attaquée par un grand chef nomade appelé le sultan noir.
Plusieurs assauts furent donnés par les assiégeants sans succès. Ceux-ci résolurent alors de la bloquer et de la réduire par la faim et la soif.
Les assiégés étaient alimentés par une petite citerne creusée par eux au milieu de la gara. Mais le siège dura trop et le réservoir commençait à tarir. L’intrépide femme usa de ruse. Au moment où ses ennemis croyaient la tenir, elle fit couvrir de laines mouillées les abords de la gara à la grande stupéfaction des assiégeants. « Quoi ! s’écria le chef ennemi, elle lave ses laines, alors que je la croyais réduite par la soif ! Par Dieu, j’ai affaire à une sorcière ou à une sainte maraboute ! » Et il leva son camp découragé. La légende ajoute que cette femme avait un fils qui, malgré ses soins les plus assidus, restait débile. Elle lui dit un jour avec tristesse : « O mon fils ! Tu n’as ni la poitrine large d’un guerrier, ni la grosse tête d’un sage, ni les longues jambes d’un coureur, tu n’as qu’un gros ventre insatiable ! » On lui disait : « A quoi sert-il ? Autant qu’il ne fût pas né », mais elle reprit : « L’homme le plus nul saura toujours garder les chameaux, comme le dernier des chameaux pourra toujours porter un fardeau ! »
Bent el Khass avait encore un autre fils de belle venue et tout le contraire du premier, par sa sagesse, sa force et son raisonnement. Elle le dirigeait : « N’oublie pas, mon fils, que ton existence ici-bas est éphémère, que tu dois en profiter sagement ; si tu as faim, si tu as soif ou si tu éprouves un besoin, pense que tes semblables peuvent les éprouver ; si tu es fatigué, si tu es souffrant, n’oublie pas que tes semblables ont une sensibilité. Fais du bien au tour de toi et tu dompteras les méchants. Ne déteste pas un homme parce qu’il n’est pas de ta couleur, de ta race ou de tes opinions ; nous sommes tous des créatures de Dieu : pourquoi perdre notre temps à nous haïr ? Aime la justice, elle seule décide entre les hommes et l’avenir lui est promis. Cherche le bonheur d’autrui, tu y trouveras le tien. N’accable pas tes hommes : qu’arrive-t-il quand tu surmènes ta monture ?... » Cette femme du Sud est restée célèbre des siècles durant
Bent El-Khass serait dit-on contemporaine d’un chef hilalien (la grande tribu des Banou Hillal) à savoir Diab-ben-Ghanem et aurait même nomadisé avec lui dans les mêmes parages des gours
Sa mémoire est restée celle d’une femme sage et entreprenante. Toutes les régions arrosées par l’oued Namous, l’oued El-Gharbi, l’oued Saggar, l’oued Meguiden, constituèrent son pays de parcours. Partout où elle passait, dit-on, elle faisait creuser des puits en maçonnerie, la plupart munis de margelles et d’abreuvoirs appropriés aux troupeaux. On assure qu’elle en fit creuser 365, nombre qui lui permettrait d’avoir tous les jours un puits nouveau à sa disposition. Plusieurs puits sahariens actuellement à jour et utilisables seraient de sa création, mais la majeure partie, comblée par les sables, se trouveraient perdus tant dans les hamada, les vallées, l’erg, que sur les itinéraires du Gourara et du Touat. Aujourd’hui encore, les vents violents qui balayent les vallées, râclent les hamada, déplacent la lisière de l’erg, arrivent parfois à mettre à nu l’emplacement de ces points d’eau... Les puits de Fort Mac-Mahon (El Homr), d’El-Goléa (El-Menia)., de Zirara sont attribués à Bent el Khass.
Bent El-Khass avait aussi un ksar à Aïn Laâmara distant d'une dizaine de kilomètres de sa citadelle avec ses petits jardins très bien entretenus, il renfermait des grottes servant de magasins Le ksar d’Aïn Laâmara aurait été bâti par Bent El-Khass, et elle en aurait fait sa capitale. Il aurait été alimenté par une source abondante arrosant de vastes jardins garnis d’arbres fruitiers, de légumes, de vignes.
Cette eau était conduite, d’après ce qu’on dit, par un canal d’irrigation jusqu’à la grande dhaya d’Oum El-May, à peu près vingt kilomètres plus loin là où campe actuellement notre ami si Larbi et qui se trouvait alors transformée en vergers en cette époque lointaine. L’eau fût alors si abondante qu’elle avait, la force de charrier tous les jours une caisse de vivres. L’eau bienfaisante prenait elle-même le coffre aux provisions et le portait diligemment de puis le ksar jusqu’à la dhaya pour encourager les travailleurs des jardins.
Hélas ! aujourd'hui, le Ksar-de Ain Laamara est ruiné, sa source ne donne plus qu'un très-mince filet d'eau qui se perd à quelques pas , et la sauvage végétation saharienne a remplacé dans Oum-el-Mai et dans les plaines de Saggar, les épis que la poétique fille des Beni-Amer y sema la première.
Bent-el-Khass vécut cent années arabes . elle eut des fils en grand nombre qui presque tous furent valeureux.
Quand elle mourut, le khol de ses yeux descendit sur ses dents, le souak qui rougissait ses gencives monta à ses yeux.
Et par la volonté d'Allah, très juste, très bon, elle garda dans la mort une splendeur de beauté, terrible, telle que les hommes n'en ont plus jamais vue.
Lors de cette escapade en solitaire , j'ai pris le pari risqué d'accéder le plus près possible de l'extrémité de la citadelle, à mesure qu'on avance la largeur se rétrécit allant jusqu'à 60 cm de largeur en plus de quelques fissures et d'un sol instable en quelques endroits, Dieu merci ce jour là le vent n'était pas de la partie, mais ce qui m'inquiétait c'était surtout mes chaussures aux semelles très lisses, aussi pris-je la décision d'aller pieds nus pour avoir plus d''accroche sur le sol
Pari tenu et comme disait feu Saint Exupéry: Qui n’a pas su, qui n’a pas osé, à un moment donné " risquer " , n’a pas le droit de se plaindre de la médiocrité de son existence.
NB/ Gour (pluriel ) ou Gara (singulier) désignent des sortes de mamelons qui s’élèvent à pic dans les plaines sahariennes et sur le sommet desquels s’élève un plateau.
Khol : c'est une poudre à base de soufre et de gras animal, voir de bois brûlé et qui était utilisé autrefois pour maquiller ou soigner les yeux
Par Noureddine Toumi
Samedi 27 ramadhan 1445
le samedi 06 Avril 2024
Le présent album comprend 118 photos au format UGA
Photos prises le 03 et 07 Avril 2024
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AU SOMMET DE LA CITADELLE DE BENT EL-KHASS
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Commentaires (3)
Quel exploit!
Votre audace et votre ténacité vous ont permis de conquérir le sommet
Parcours splendide dont la verticalité des massifs donne des frissons qui me rappellent le temps où je faisais de la montagne dans les Alpes
Les jeux d'ombre et de lumière sur les rocs et le sable ajoutent à la grandeur du paysage qui nous emmène jusqu'à l'horizon..
Merci de vos superbes images.
Bien amicalement.