VERS LE GRAND ERG
VERS LE GRAND ERG
Il me tardait de revoir cette région dont je ne garde que bons souvenirs, la première fois que j'ai
vu El bnoud c'était en 1983 du temps où j'exerçais chez Algérie Telecom, j'en garde que de vagues
souvenirs, c'était un tout petit hameau loin de tout vivant presque en autarcie totale, actuellement il y
a un véritable changement: écoles, dont un lycée , stade de foot, restaurant, station d'essence, un changement
notable certes mais qui du reste a eu des répercussions certaines sur cet environnement
fragile car l'envers du décor était visible au beau milieu de oued el Gharbi et en d'autres endroits
(sachets et bouteilles plastics et bien d'autres saletés, autre tableau noir c'est la présence des
braconniers du golfe qui ont élu domicile à quelques lieux de El bnoud tout près d'une belle gara
en forme d'amphore, j'accuse ces hommes de braconnage dépossédant notre région de presque toute
vie animale sans compter les braconniers de l'intérieur alors que même la chasse chez nous est
interdite depuis les années 90, bien des voix s sont élevées contre ces vampires, elles ont été vite été étouffées
Les Qataris ne sont pas seulement qu’à El bnoud, ils sont aussi à Oued Zergoune (limite frontalière entre Ghardaïa et El Bayadh)
du côté de Brezina et gare à ceux qui s'approchent de leur campement où osent s'aventurer sur leurs immenses surfaces de chasse,
La nouvelle route reliant El bnoud à Timimoune dont la mission première était censée relier le mont des ksour au grand sud est devenue
un passage privilégié pour différents trafiquants dont surtout les trafiquants de drogue , des maux autrefois inconnus dans notre région et
qui visiblement deviennent un véritable fléau, cette route faut il le rappeler suit le tracé d'une ancienne piste du dixième siècle, et
qu'empruntait des caravanes avec surtout les échanges commerciaux entre les ouled sid Cheikh et autres tribus avec les gens du Gourara
La deuxième fois où j'ai vu El bnoud c'était en compagnie du père Raymond de El abiodh sid cheikh , il me parlait d'un lieu qui me laissait
rêveur à savoir lala Marfouaa à quelques lieues de sidi Bahos El hadj des ouled sid cheikh , escapade qu'on a entrepris le 13 février
2013 sous un soleil radieux (je joins quelques photos sur le présent diaporama)
Cette fois j'ai entrepris ce voyage en solitaire , j'avais pour idée de revoir le grand erg et la grande dune et surtout revoir la gara de lala Marfoua,
j'ai fait quelques petites pauses à Arba Tahtani pour revoir le vieux ksar sauf que le temps était maussade chargé de gros nuages sans la moindre
goutte de pluie, cette année l'apparition du printemps est des plus timides et la pluie chaque année se fait de plus en plus rare, un phénomène qui
prend des ampleurs alarmantes
Ma deuxième escale fût à oued Bermad plus au sud à une dizaine de kilomètres de El abiodh, et visible sur une montagne une gorge du nom
de Theniet el hadar (la gorge du bavard), les nuages ont commencé à se dissiper et on peut voir le bleu du ciel, les genets sont en fleurs et
dégagent une odeur des plus agréables
Je suis arrivé à El bnoud vers 13h 30. j'ai pris juste un café et repris ma route plus au sud au milieu d'un paysage presque lunaire , c'est la
hamada à perte de vue absolument dénudée et des plus arides, ces terrains de reg ne laissent croître aucune plante, sont visibles en de très rares endroits des genets chétifs sur quelques ensembles dunaires rares eux aussi, une monotonie douce et parfois effrayante vous gagne en traversant ces immenses platitudes solitaires, la présence humaine est inexistante, seuls quelques rares camionneurs l'empruntent, ce n'es qu'au kilomètre 80 plus au sud d'El bnoud qu'apparaît un semblant de "cafétéria", le "salon " de thé est fait à bases de palmes de palmes et une pièce en parpaing sert de "restaurant"
En cours de route des bouteilles d'eau minérales attirèrent mon attention ; elles étaient déposées au bord de la route, je suppose que c'est les routiers qui les ont déposé au cas où un des leurs ou toue autre personne tombe en panne , ils auront au moins de l'eau jusqu'à la venue des secours, de gros pneus déchiquetés sont visibles de temps à à autre sur le bas côté de la route, je poussais encore quelques quarante kilomètres mais point de hautes dunes, je décidais de rebrousser chemin, avancer plus loin était devenu risqué, j'arrivais à sidi Bahos el hadj vers 17h 30, aucune âme qui vive si ce n'est qu'un âne traversant la route et qui me regardait d'un air curieux, je fis une petite halte à la qouba de sidi Bahos el hadj qui dit on est mort et enterré en Egypte, comme le jour commençait à baisser je me rendis à la gara de lala Marfoua que je contemplais de loin me grisant de solitude et de paix que je n'ai connu nulle part ailleurs
El bnoud c'est aussi la région de l'épopée glorieuse de nos aïeux à l'image de sidi Kaddour des ouled Cheikh , même l'occupant ne tarit pas d'éloges à l'égard de si Kaddour , c'est un vaillant guerrier qui ne manque pas de grandeur.
Bien qu'il ait été notre ennemi, il a droit, de notre part, à une certaine admiration, car il a combattu pour une idée élevée, puisqu'il s'est attaqué à l'envahisseur. D'une persévérance inlassable, d'une énergie rare, d'une activité infatigable, il devait cependant succomber : la lutte était trop inégale de lui à nous, .Et quel hommage venant surtout de son ennemi
Si Kaddour ne se rendit qu'abandonné de tous et jusqu'aux siens
Pendant, douze ans, il vécut, retiré, soit dans ses campements à l'entrée de l'Erg, ou à El bnoud où il mourut peu après en février 1897.
Il y a eu aussi une autre personnalité marquante à savoir si Mohamed qui avait tout juste 20 ans et qui reprit le flambeau de la lutte armée et était venu se réfugier à El bnoud poussé par l'ennemi, le général Deligny, qui le poursuivait, mis au courant de ces dispositions, et ne voulant pas attaquer de front une position très puissante, appuyée sur les derniers contreforts du djebel Tismert, résolut de la tourner.Les goums étaient commandés par l'agha des Ahrrar Kaddour Sahraouï allié de l'occupant devenu l'ennemi le plus acharné de sidi Mohamed, une bataille sanglante s'ensuivit, Kaddour Sahraoui fondit impétueusement sur les campements de si Mohamed, ce dernier attendait
de pieds fermes ses ennemis debout sur ses étriers, le burnous rejeté sur l'épaule droite, le fusil haut, il lance son cheval, une noble bête,qui se précipite par bonds au-devant de la nuée des assaillants. ; les crépitations de la fusillade se perdent dans ces espaces sans fin
Le jeune et brillant Sidi Mohamed bouillant de rage, et impatient de châtier le crime de son ennemi, a pris la tête de la charge, et, suivi des Oulad Sidi Cheikh, ses fidèles cavaliers, il fond impétueusement sur les assaillants, dont il abat plusieurs de son fusil, le jeune Mohamed tint tête à cette meute d'assaillants, malheureusement son arme et ses pistolets sont vides ; c'est à coups de crosse de fusil qu'il se défend dès lors contre ces adversaires acharnés : il les traite de chiens, fils de chiens, de traîtres ; il leur jette à la face toutes les injures, toutes les malédictions
Malheureusement la partie était trop inégale pour se prolonger davantage. Une balle lui brise l'épaule
une autre le touche à la tête; une troisième, tirée à bout portant, lui traverse la poitrine. Il tombe
sanglant sous le ventre de son cheval; mais ses cavaliers parviennent à l'emporter, mortellement
atteint, hors du champ de combat.
Si Mohammed ne mourut que dix-huit jours plus tard après cette grande bataille suite à ses graves
blessures
Quand à Kaddour Sahraouï pris de remord peut être , pendant l'insurrection de 1881, il trahit
l'occupant avec ses goums, au combat de Tazina.
Arrêté en 1883, puis révoqué, il est mort pendant l'internement auquel il fut condamné.
Par Noureddine Toumi
le dimanche 15 mars 2020
NB/ La deuxième parie sera disponible prochainement
Cliquez sur la touche F11 pour voir les photos en plein écran
Le présent album comprend 103 phottos
Photos prises le 25 fevrier et 02 mars 2020
NB/ Branchez vos enceintes acoustiques pour écouter la musique d'accompagnement
Commentaires (3)
- 1. | mercredi, 18 mars 2020
- 2. | mercredi, 18 mars 2020
Raymond a eu de la chance de se trouver là. Merci pour les photos, bons souvenirs....
En vous souhaitant une bonne forme pour la suite....
Bien amicalement avec vous.
Jean.
- 3. | mercredi, 18 mars 2020
Tu as fait un très beau récit de cette région désertique d'El Bnoud dont tu as fait la découverte depuis 1983 et vu les transformations pour ne pas dire modernisation; quoique! il y a bien une école, un Lycée, un terrain de foot etc.... et plus loin cet énorme pont qui enjambe un oued fantomatique, ce qui n'est pas négligeable et atteste quelques peux que "tout l'argent du peuple" n'a pas été heureusement dévoré par les Bouteflika et leur bande mafieuse!
Ce oued El Gharbi, n'est ce pas celui qui passe derrière chez toi et dont le nom désigne également les jardins de mon grand père Hadj Mohamed Hamitou?
Le récit de l'épopée de Si Kaddour et Si Mohamed des Ouled Sid Heikh est aussi très instructive et rappelle la grandeur d'âme et de noblesse de nos ancêtres que dieu les bénisse.
Les images sont magnifiques avec des contrastes extraordinaires et des étendues désertiques inhospitalières sur lesquelles il faut un énorme courage et une grande foi et détermination pour s'y "balader" et surtout tout seul pour ta nouvelle visite après celle en compagnie du Père Raymond en 2013! A propos du Père, il fait vraiment partie de cette terre et il a tout du bédouin algérien.
Merci pour ce voyage en image et en esprit qui apaise mon exil et ma nostalgie de la terre natale.
Avec mon amitié.
Abdelhamid
merci , la deuxième partie sera consacrée au de cette gara mystérieuse
@Abdelhamid
En effet il n'y a pas eu que des dilapidations et que beaucoup de choses ont été faites comme cette route en plein erg aux travaux titanesques et bien d'autres routes et ponts rien que dans cette région ça il faut le reconnaître
L'oued el gharbi n'es pas celui que tu viens d'évoquer, l'oued El-gharbi, ou plutôt son principal affluent nait de Sid-El-Hadj-Ben-Ameur, , et celui d'El-Krayma ; il passe par les Arbaoual et ceux ;d'El-Abiodh-Sid Cheikh ; il s'infléchit ensuite vers le sud-ouest et longe le Djebel Tismert, et plonge droit dans le sud
En effet le père Raymond connait très bien la région où il a vécu près de 50 ans
J'ai adoré tous ces contrastes , d'où mes aller et retour vers ces coins mystiques où règne une nostalgie poignante
Bien à toi, la deuxième partie sera disponible prochainement