RECITS DE GUERRE

 

                                                                                                ça s'est passé à el-gorr ( Brezina )

Pendant la guerre d'Algérie en 1961 ma section était en opération dans le Sud Oranais et plus précisément à El Gor, territoire de la tribu Almoravide des Al-Anghad, * au Sud de Géryville.

Nota : les Al-Anghad étaient une tribu de 2.500 personnes, des nomades éleveurs de dromadaires, d'ânes et de moutons, que la colonisation avait fixés arbitrairement du côté Algérien, et qu'ensuite la guerre avait sédentarisés de force sur un territoire exigu. La première épouse d'Abd El Kader venait de ce peuple.

 

 

Le droit interdisait aux Al-Anghad de pénétrer en zone interdite, mais les Français les ayant confinés sur un territoire trop petit pour leur troupeau, celui-ci s'était réduit par la famine de 30 000 à 3 000 têtes. De sorte que pour éviter de perdre le reste, les bergers faisaient paître leurs bêtes dans cette zone, où les militaires avaient le droit de tuer quiconque s'y trouvait. C'est dans ces circonstances, que nous vîmes deux de ces bergers: deux enfants du douar d'El Gor, âgés l'un de cinq et le second de huit ans. A ma grande surprise le lieutenant donna l'ordre au porteur du fusil-mitrailleur de se mettre en batterie, et il allait commander de tuer les deux gosses. Comment est-il possible qu'un homme agisse de la sorte ?

Instantanément, je lui posai ma Mat 49, balle engagée dans le canon, sur la tempe ce qui stoppa tout, par la stupéfaction qu'entraîna mon acte, et je lui dis d'un ton très ferme, mais aussi parfaitement poli :

" Mon lieutenant, avec tout le respect que je vous dois, je suis obligé de vous tuer pour éviter le meurtre de ces enfants".

Comme il vit que je ne plaisantais pas, il dit au fusil-mitrailleur de se replier et désigna deux soldats pour raccompagner les enfants vivants, et leur petit troupeau, au village, et cette triste affaire eut une fin heureuse car il n'y eut pas de suite pour ces familles. En Droit militaire ma rébellion était passible de mort, et il me menaça de la Cour Martiale, mais il ne le fit pas. Ainsi tout finit bien pour tout le monde. Par mon geste j'avais respecté la fonction symbolisée par son uniforme, tandis que j'étais prêt à tuer l'homme qui précisément le déshonorait.

 

Cette historiette est pour vous démontrer que l'on peut respecter la fonction,

tout en désobéissant à l'homme qui l'occupe,

car le Respect est, en premier lieu, dû à la Vie, sous toutes ses formes.

 

 

 

 

 

Commentaires (3)

mokeddem
  • 1. mokeddem | mardi, 08 février 2011
MERCI DE VOTRE VISITE AUX ARBAOUETS
OU VOUS AVEZ RENCONTRE MES ONCLES MATERNELS MAAMAR & BACHIR en 2006.
J'HABITE A MECHERIA
VOUS POUVEZ ME CONTACTER EN UTILISANT
L'INTERNET : COPAINS D'AVANT OU FACEBOOK : mokeddemtahar@yahoo.fr
SI VOUS VOUS VOULEZ REVENIR EN ALGERIE SOYEZ LE BIENVENU.
TEL : 0771474398
GACEM
  • 2. GACEM | vendredi, 03 juillet 2009
l'histoire c'est la mémoire des peuples et tout est tamponnés le mauvais et le bon et la culture de l'oubli n'a pas de place sur cette terre qui demande toujours de plus.
mokeddem
  • 3. mokeddem | vendredi, 12 décembre 2008
Nul ne peut effacer, ni ignorer la mémoire d'un peuple;
comme on ne peut se cacher la vérité puisqu'elle est présente qu'on le veuille ou non!
Qu'elle soit vétue de gloires ou de malheurs, c'est une vérité, voire une réalité que nous devons accepter sous toutes ses formes, car en un seuk mot c'est "L'HISTOIRE".
Merci infiniment ,NOUR-EDDINE, de nous rappeler cela! zouatine.

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