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MOHAMED BELKHEIR II

 

 

A CALVI (CORSE)

                         

Belkheir fut reçu par le commandant de la garnison de Geryville (El bayadh) avec une considération résignée ; nul ne saura comment il fut traité . Une anecdote persistante confirme par des témoignages de vieillards qui le connurent à la fin de sa vie , nous apprend que l’officier lui offrit une tasse de café et lui dit : «  La France est une nation puissante qui reconnait le courage de ses adversaires , tu l’as été , et courageux .
Nous t’offrons de travailler avec nous , et tu seras un grand notable avec tous les honneurs »
Belkheir refusa net. Et l’officier de lui dire , après un long temps de réflexion : « Mohhamed Belkheir , si tu avais demain les moyens de reprendre la lutte , le ferais-tu ? »

« Oui , même si nous sommes dix à nous battre ».

Cette phrase le condamnait . On l’envoya en forteresse à Calvi (Corse) en 1884 pendant 9 ans
Les années passent , la Corse le rapproche de la vieillesse et de la mort, mais sa verve est toujours féconde et ses poèmes demeurent ambitieusement combatifs .

Il égrène ses souvenirs comme il égrène le chapelet de prière où le nom de sid Cheikh qu’il implore autant qu’’il accuse d’oubli revient toujours , lancinante invocation

Personne ne sait quand Belkheir a pu quitter la Corse . Les témoignages concordent pour dire qu’il demeura près de neuf ans en exil
Il ne rentra à El bayadh qu’après s’être arrêté , dit-on avec insistance , chez les Laghouati campés dans la région d’Aïn Temouchent  et de sidi Bel-Abbes .
Il y revint avec son ami Bendouina , dont on retrouve les descendants (ou les homonymes)  précisement dans cette région d’Aïn Temouchent ; Après un séjour d’un an , il fût autorisé à rentrer à El bayadh

Lorsqu’il rentrera à El-bayadh , il sera salué avec un respect que seule la crainte de l’occupant ternira. Lui le sait , il observe autour de lui cet aéropage de « notables » anoblis par l’administration conquérante , mais aussi des tribus résignées et soumises, qui le cœur serré , chantant ses poèmes

Les autorités locales militaires laisseront le vieillard accepter les diffas (invitations) , raconter son exil. Comme pour lui rappeler les limites de sa liberté , l’’officier le convoquera parfois et l’interrogera, il demeure toujours serein

On le décrit à la fin de sa vie comme un homme de taille moyenne, plutôt maigre, l’œil encore vif, avec une barbe blanche un peu délaissée. On raconte qu’un jour , alors qu’on lui avançait un cheval pour repartir après le méchoui sous la tente , il ne parvient pas à l’enfourcher. Alors il se retourna vers son hôte et lui dit : « je montais les chevaux du temps où ils me craignaient. Maintenant que l’âge me les fait craindre, donnez moi une jument » ...     

Le mercredi 11 février 2025

La chanson Ya Lmenfi (l'éxilé ou déporté)

Les paroles vont droit au coeur : Goulou l'oumi matebkich ya lmenfi
(Ô déporté dites à ma maman de ne pas pleurer)

waldek Rabi maykhalihech
Dieu n'abandonnera pas ton fiils...

Chanté par Akli Yahiaten

PRISONNIER A CALVI (CORSE )

 

                       Le bagne

Cesse de m’interroger,
Mon sort appartient à Dieu, Maître des deux mondes

J’attends le saint parfait à la monture blanche
Sid Cheikh, auréole des saints
Nostalgie de mes enfants, amour du maître,
tous deux troublent le cœur.

A Calvi exilé,
avec cheikh Bendouina 3, nous voilà otages ?
Quand agiras-tu Créateur,
sauveur des naufragés entre deux océans ?
J’étouffe et veux fuir
du pays des roumis chez les musulmans.
Les hommes d’’épée et moi-même défendons l’exilé.

Je te sollicite, ô Dieu,
délivre-nous à l’instant de l’oppression.
Je n’implore pas l’avare facile au refus ;
j’implore qui libère de toute dette,
pour hâter mon retour moins que clin d’œil

Cesse de m’interroger,
Mon sort appartient à Dieu
Selon mon vœu de délivrance.
Lui Maitre du cacher , de l’inconnu et du savoir,
qui ressuscite le mort
Et rend le vivant à la terre.

Ami longue est mon histoire,
de mes péchés, la roche fond.
Après avoir lever l’étentard,
me voici entre mers et oubli.
Maître ne me délaisse pas,
sois ému par l’exilé aux cheveux blancs ;
ne m’abandonne pas à l’ennemi ;
protège-moi, garde moi arabe

                               Île Sainte Marguerite 1884

Par la grâce de l’omnisciant,
par les sunnites 3 et les livres,
Par la science et la récitation ,
par celles qui allaitent,
par la loyauté et la foi,
par la grâce du Prophète,
une vie s’achève, l’autre commence,
en ce royaume Dieu seul perdure.

Dieu redonne ma chance :
Piété dans la vie, fortune facile et licite,
Grace aux prières des parents.
De mécréant, je ne veux point revoir,
sauf en Jihâd , étendard menacé .
Je ne t’apprends rien ô sage :
Ainsi est la vie : joies et peines,
elle honore puis elle humilie

Les jours  dociles reviennent adverses
et voleur triomphant , procureur arrogant ;
gardiens de la foi unis dans la traîtrise 6 !
Qu’il vienne l’Imam juste
A Dieu seul soumis,
Guérisseur de fléau,

Qui fera triompher l’islam dans les deux mondes
Redressant le tordu,
combattant tout ensemble roumi et nazaréen.

A chaque homme sa destinée
fut-elle éloignée dans le ciel.

Maître des continents et des rives,
où donc as-tu égaré ton disciple ?
Le maître parfait observe terre et mer ,
du levant au couchant
Le proche de Dieu connait les deux sens : évidence et secret
Homme de bienfait,
nul autre n’est chanté par le poète ;
par ton prestige, je traversais les tribus,
je te clamais les citadins et les nomades

Maître! en ce pays d’exil,
j’étouffe et perds patience ;
de moi sans raison tu t’éloignes,
ni vengeur, ni sensible aux reproches.
Si nous sommes encore amis ,
viens comme naguère , jaloux à me défendre.
Epuise pour moi ta jument,
suis les traces de l’honneur.

Tes enfants, groupe de cavaliers,
montant des étalons choisis, surgissent des crêtes.
soit loué, Dieu!
Ici la vie est dure,
et des mers aux montagnes d’eau,
inaccessibles, l’un disparait, l’autre émerge,
secouées par les bateaux 5
Dieu ! libère le prisonnier du roumi en armes ,
par la grâce du Prophète et des compagnons,
par la grâce de l’imam prédicant, maître du grand jîhad.

                              En route vers l'enfer

Depuis les temps premiers,
la vie couronne un homme et humilie deux mille,
celui du bien ne se vante pas.
Mort digne plutôt que vie humiliée !
Des égarés ne comprennent du langage ni début ni fin ,
d’autres emportés par la crue ,
sont marchandises : bons et mauvais mêlés,
d’autres chassent encore au fusil
et reviennent fortunés deux gazelles en croupe ;

Tel autre écrit des talismans
Pour sauver les musulmans du démon.
Le drapeau Turc flottait haut :
Ils ont vendu l’islam aux chrétiens dans les deux continents.
L’un tourmenté l’autre serein : Dieu seul reste !
Le clément absoudra ma faute et celle des miens .
Je voudrais amasser sans efforts,
et cueillent mes abeilles le nid du paradis.

                 Travaux forcés (Nouvelle Calédonie)

1- Poème écrit en exil

2- Ami et compagnon de Belkheir

3- Par "les sunnites" : par les prédicateurs selon la tradition du prophète , considérés comme détenteurs de l'orthodoxie en islam

4- Les chefs de la résistance qui ont trahi

5- Pour le poète homme du sud qui connait d'avantage le désert que la mer , on remarque que la vague naît du bateau                 

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Commentaires (1)

Noureddine - Sur : MOHAMED BELKHEIR II
  • 1. Noureddine - Sur : MOHAMED BELKHEIR II | mardi, 11 février 2025
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