A EL-GOLEA
A EL-GOLEA
... A El-Goléa le poète continuera de recevoir des messages sur l'évolution de la situation de la région d'El-bayadh , sur les positions militaires françaises , sur l'attitude des chefs de tribu
Il tentera même de faire d'El-Goléa (et même de Ghardaia *) une sorte de base arrière pour un combat ultérieur . Mais il se rendit vite compte qu'en dépit de bonnes volontés manifestes , les anciens compagnons avaient "lâché" . Mon frère dira t'il " n'a mérité ni l'honneur de la détention , ni les vexations du vaincu ". Et un soir d'été , il enfourche son cheval afin de se rendre à El -bayadh , après un sejour d'un an à El-Goléa et ce pour rendre visite à son frère très malade, incarcéré et retenu en otage à la caserne d'El-bayadh par l'armée coloniale
Mohamed Belkheir après ce retour forcé sera emprisonné et envoyé en prison et éxilé à Calvi en Corse pendant neuf ans
El-Goléa - Le mausolée de sid El Hadj Bahos des ouled sid Cheikh
vers le début du dix-neuvième siècle
* Mais le M'zab fut colonisé aussitôt après la révolte des révoltes des ouled sid Cheikh
Je viens à vous, ô maîtres authentiques,
O tous les saints d’El-Goléa 2 .
Exaucez mon vœu : à vous d’agir ,
Saints, en tout état sauveurs ;
morts mais vivants, nouveaux voisins,
accueillez-moi , je suis votre hôte.
Généreux anciens, maîtres du miracle :
surprise, secours, étendards,
donnez la réponse au disciple,
tout visiteur est insatiable,
étranger, réfugié, voyageur,
je suis entre vos murs.
Sid Cheikh, parure des chevaliers,
Je recouvre la vallée de son nom.
J’ai émigré par dignité
Non par faute 3 , vol ou traîtrise ;
J’ai fui mécréants et diable.
Clémence à l’absent !
Dieu m’a donné vertu et bonté,
fruits de l’arbre printanier ;
j’ai appris sans lire.
Belle est la soumission à Dieu
L’Oyant, Le Voyant, Le Maître du secret ,
nul ruse ne Le trompe.
Dans la vie, le sais-tu ?
la dureté du temps est éphémère.
Quelle est donc la question primordiale ?
sois patient et tu sauras.
Jihâd ? ma réponse est facile :
il m’est familier.
Je pars, éclaireur, par devoir,
c’est ma prière.
Une colonne (armée coloniale)
Les canons des roumis grondent
Et je m’avance au premier rang ;
pour le péril, je suis volontaire ,
méprisant or et caïdat 4 .
Je cours vers le premier étendard,
foi dans le cœur, et sur les lèvres la Chahada 5 .
Et mon cheval, parfait compagnon,
prévient mon commandement.
Eloquent sans livre, égaré,
je galope dans la hamada ;
et quand le disciple est sage,
Dieu lui montre la vraie voie.
A choisir en religion, la Chahada offre la clef,
Mais je préfère Salât et Zakât 6 ,
comme un vêtement pur.
1- Après la trahison dont il fut objet. Belkheir se réfugie à El-Goléa dans l'espoir de rassembler de nouvelles troupes ; Un an plus tard , ses tentatives de mobilisation restent vaines , et le M'zab ayant été occupé par les Français, il doit se rendre aux chefs militaires coloniaux d'El bayadh.
2- Oasis aux quarante quatre mausolées
3- Le mot est retranscrit littéralement de l'espagnol falta. C'est un des très rares termes empruntés à une langue étrangère par le poète avec captan (capitaine) et tassa (tasse ou coupe)
4- Allusion aux chefs qui ont déposé les armes en échange d''avantages financiers et d''une nomination à un poste de caid
5- Un des cinq fondements de l'islam, formule par laquelle on se déclare musulman :
" J'affirme qu'il n'y a de Dieu qu'Allah et Mohamed et son prophète." L'agonisant la prononce pour réaffirmer son attachement à la communauté des croyants
6- Sâlat et Zâkat : deux autres des cinq fondements de l'islam : les cinq prières quotidiennes et le versement de l'aumône au démunis
El-Goléa
L'effort sur soi est dur combat,
tenace est le démon;
voyez les bienfaits
de celui qui n'attend pas la louange;
Regarde l'aube, proche lumière,
l'astre à toute heure tourne;
les jours sont piques de hérissons,
le blanc dans le noir parfois tache.
Peut-on comparer sage et fou,
dans le guet-apens de la vie ?
Jamais deux ennemis ne sont au coeur jumeaux,
les voyelles par le son diffèrent.
Te souvient-il des cavaliers parés,
éclaireurs en tête ici-bas,
pour l'être dans l'''au-delà
M'importe pour le compagnon,
pourvu que j'ai cheval et armes.
Orgueilleux face aux fusils fumants,
tout de foi et de courage.
Et lorsque la peur s'empare de l'adversaire,
je ne me courbe pour prendre le butin;
les présents témoignent :
je suis moudjahid, non marchand.
Ils savent reconnaitre les hommes,
ceux en quête de gloire,
ils savent l'enseignement du Coran,
l'ésotérique sans hérésie.
Environs El-Goléa
Sid Cheikh , regarde-moi,
je me prévaux d'Allah et de toi,
donne au poète la lumière;
défends-le comme au passé.
Enfourche ta rapide monture,
ne tarde pas, et ne dis pas "Après" ,
car l'espoir devient certitude.
Malgré les miens, je suis étranger dans mon pays,
peiné par mes compagnons avilis :
ils savaient et n'ont rien révélé,
ces vivants au coeur muet.
Les gens désirent la fortune
et moi le Jîhâd
L'homme libre comprend mon propos
qui n'est ni chleuh ni zenati.
Je parle ce que dit ma langue
mes actes ne sont pas d'un poltron.
Les Laghouatis loin de moi,
sur les côteaux,, dressent leurs tentes,
chevaux luisants sont attachés.
O Maître généreux ! trouve-nous un sultan,
droit et juste, et qui gouverne
pour le triomphe de l''islam sur l'infidèle,
et reconnu par les nations.
Ecoute, je te raconte le vrai,
parmi les hommes, le sage s'en souvient;
Par tous apôtres, continents, mers, Soudan
--et vous , saints non évoqués, pardonnez mon oubli--
par Dieu, que s'amincisse la terre des roumis,
qu'ils partent sans laisser trace ni dépot,
ces proies du dragon, charognes disputées.
Qui observe prière et jeûne
sera l'élu dans l'au-delà.
L'ami de Dieu obtient tout :
Allah répond vite ,
au moudjahid jardins et éden :
ses abeilles y essaiment pour l'éternité.
Puissons-nous devenir leurs voisins
avant le jour du pardon,
nous tous, amis, parents et frères,
et ceux qui suivront,
protégés du Sceau des prophètes,
par lui je termine
El-Goléa - le cimetière et les mausolées
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