DAR EL MAHDJOURA
( La maison abandonnée )
C’est sous la tiédeur bleue de l’horizon par cette magnifique journée automnale
que je gagnais le vieux ksar abandonné.
Il y avait tout au plus quatre à six maisonnettes presque cachées par des taillis
si touffus que j’avais du mal à enjamber.
L’oued en contre bas coulait paisiblement au milieu des myrtes et rosiers roses.
J’assistais incrédule à ce spectacle fascinant, de hauts fuseaux de peupliers blancs
se miraient au milieu de l'oued ; leurs reflets étaient dansants .
A ma gauche vers le sud lointain , les monts de Krekda remontaient très haut
dans le ciel.
A ma droite s’élevaient les lointains cols de Sid El Hadj Benameur , un magnifique
soleil automnal répandait une clarté d’une limpidité inouïe.
En m’enfonçant à l’intérieur des djenane s’ouvraient devant moi des sentiers
délicieux pleins d’ombre et de fraîcheur , les figuiers et abricotiers avaient les
feuilles dorées , les fruits des cognassiers dégageaient d’agréables senteurs
embaumées , d’autres arbustes se mêlaient à ce décor fantasque , le tamarix régnait en
maître et s’accaparait en seigneur les berges de l’oued ainsi que d’autres spécimen tels les trembles argentés.
Tout n’était que senteurs et douceur.
Tout comme le chuchotement d'une séguia si limpide coulant en un murmure de chants mélodieux et doux irriguant ces vergers abandonnés en un dédale de labyrinthes , j’eus grand mal à découvrir cette source bénie qui était cachée par une grande touffe d'alfa.
Dans la quiétude profonde et en aval des vergers quelques lézards et un caméléon se délectent et se gavent de soleil , à
vrai dire ce fut une sensation forte pour moi à la vue de ce caméléon que je n'avais pas revu depuis plus de quarante ans,
il a quasiment disparu chez nous sous l’effet destructeur de la bête immonde qu’est l’homme.
De grands et dodus rats des sables en un sempiternel va et vient ramassaient quelques brindilles d'herbes vu l'approche
des grands froids.
J’eus l’immense privilège de voir au loin une colonie de perdrix escaladant avec une facilité déconcertante les flancs
escarpés qui longent l’oued , j’avais du mal à les observer ,leur plumage se mouvant merveilleuse ment bien avec le
paysage environnant , par delà la déchirure d’une falaise abrupte qu’on surnomme fayg El hmam nichait une colonie
de pigeons , leurs roucoulements étaient bruyants et raisonnaient très loin parmi les différentes déchirures de cette falaise.
Comme en triomphe sur ces magnifiques contrées de paix et de sérénité. le soleil brillait
de mille éclats.
En cours de route je rencontrais un vieux ksourien la guelmouna garnie de thé et de quelques friandises , revenu
d’El bayadh où il avait fait ses emplettes , malgré son âge avancé il avançait d’un pas alerte , j’avais du mal à le
suivre , il avait hâte de retrouver les siens et sa steppe bien aimée , sur une crête mon compagnon s’arrêta net et
commençait à réciter quelques sourates du saint coran l’air grave mais emprunt d’infinie douceur , en effet il y
avait là un petit cimetière et que je n’arrivais même pas à distinguer les tombes , il était presque effacé , le temps
avait fait son œuvre d’après les dire de mon compagnon ce cimetière avait plus de trois siècles.
Par la suite je regagnais une des maisons de ce petit ksar abandonné qui achevait de s’effriter et ce au contact des
aléas climatiques, les maisons étaient faites de pierre et de terre battue et étaient serrées les unes contre les autres et
ce pour parer aux hivers rigoureux et aux été secs et chauds quelques silhouettes de palmiers garnissaient les abords
de ce petit ksar un silence troublant et assourdissant y régnait , aucun signe de vie si ce n’est une immense toile
d’araignée et un lézard accroché au mur , je ne fus éveillé de ma torpeur que par le battement d’ailes bruyant d’un
couple de pigeons qui avait élu domicile sur une poutrelle faite à base de bois de tremble , parmi les décombres de
cette maison croulante et éventrée , ne subsistaient que quelques tissus devenus chiffons achevant de se détendre au
soleil et quelques traces de fumée noire , la vie ici s’est retirée laissant place à l’oubli.
Mon Dieu que de monde a habité ces maisons empreintes de saveurs et de nuances , que de joyeux cris d’enfants se
sont tus à jamais ...
O ! Ruines inanimées , avez vous une âme ?
TOUMI Nour eddine Samedi 20 Octobre 2012
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Commentaires (9)

- 1. | mardi, 19 mai 2015

- 2. | samedi, 22 novembre 2014
رحلوا يا سي نور الدين

- 3. | lundi, 23 décembre 2013
Super belle région où j'ai vécu quelques années sans la connaitre vraiment et je m'en mords les doigts
Magnifique présentation et magnifiques lieux
Chapeau Monsieur pour cet extraordinaire site

- 4. | vendredi, 22 février 2013

- 5. | vendredi, 22 février 2013

- 6. | jeudi, 08 novembre 2012
Je découvre là l’empreintes d'un véritable artiste vraiment

- 7. | mardi, 30 octobre 2012
On n'aimerait vraiment pas que cela arrive à ce qu'on a pu bâtir avec tant d'amour, et à ce qui a pu couvé nos souvenirs avec tant de tendresse . Hélas, trop triste aussi d'admettre cette fin .

- 8. | samedi, 27 octobre 2012
Amitiés sincères

- 9. | samedi, 27 octobre 2012
j'ai eu un très grand plaisir à vous lire et à contempler ces superbes photos
Avec toutes mes amitiés
Gilles