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SIDI AHMED EL MEJDOUB

 

 

Son frère est donc Sidi Mohammed Ben Slimane qui est enterré à Chellala.

Le chef des Beni Amer campait près de Asla dans un endroit qui s’appelle El Kudyya ou bien Kudyyet Abd El Haq du nom de ce chef. Abd El Haq habitait le ksar dont il reste des ruines à El Kudyya, au Nord du djebel Bram. Ce Abd El Haq était un homme fort injuste. Il employait un savant juriste qui instruisait sa progéniture. Un jour, il invita ce savant et sa femme chez lui. Sidi Slimane Abu Smaha était encore vivant. Quand le couple eut mangé et que prit fin le cérémonial, Abd El haq retint la femme et renvoya le mari. Il la prit de force et ne voulut plus la libérer, pour en faire sa concubine.

Le mari commença à lui envoyer des délégations de sages et de chefs bien mis et bien montés. Chaque jour, il lui envoyait des chefs différents. Ils lui disaient à chaque fois : "Nous sommes venus te voir pour que tu renvoies cette femme à son mari". Chaque fois, Abd El Haq refusait hautainement. Sidi Ahmed El Mejdoub possédait un âne. Mais cet âne était un esprit. Le commun ne voyait qu’un âne dans cette bête. Mais Sidi Ahmed El Mejdub s’en servait pour se déplacer dans les airs et sur terre comme beaucoup d’Amis de Dieu le font :

-Yatwi bih El Ardh-

Quand les pressions sur cAbd El Haq s’avérèrent inutiles et qu’il n’accepta plus de recevoir des délégations de personnages puissants, le savant juriste partit voir Sidi Sliman Abu Smaha le père de Sidi Ahmed El Mejdub qui était dans sa retraite de Hammam El Warqa. Dans sa lettre, Sidi Sliman confiait l’homme à son fils.

Quand Sidi Ahmed lut la lettre, il dit au Taleb : "Si je n’avais pas reconnu la signature de mon seigneur père, je n’aurais pas vu celui qui t’a vu". Il appela l’âne, monta dessus et partit voir cAbd El Haq qui était à El Kudyya dans sa forteresse, entre cAsla et Shellala. Il lui dit : " cAbd El Haq, renvoie l’épouse à son mari".

cAbd El Haq répondit : "Je n’ai pas tenu compte de délégations d’hommes valeureux, et toi tu viens sur un bourricot faire pression sur moi pour que je renvoie cette femme ? Vas-t-en, autrement je te fais saisir".

Sidi Ahmed essaya encore de le convaincre. En vain. Alors, il s’en alla. A l’heure de la prière, il entra dans son mihrab, prit son bâton et dit : "Mon Dieu, Mon Dieu, aies raison de cAbd El Haq".

Il planta son bâton dans la terre puis le retira. Du sang jaillit du trou laissé par le bâton. Au même moment, le sang de cAbd El Haq jaillit à El Kudyya. cAbd El Haq se mit à crier : "C’est l’homme à l’âne..., c’est l’homme à l’âne..., c’est l’homme à l’âne qui m’a eu...". Il se mit à courir et tomba raide mort.

Sidi Ahmed El Mejdub dit aux hommes de cAbd El Haq : "Ne l’enterrez pas ici, dans ce pays, emmenez -le avec vous, car je vais vous chasser d’ici !" Sidi Ahmed partit vers le gara d’El Mçif qui se trouve sur la route de cAyn Eç اefra. Il grimpa au sommet de cette gara, et entra en transes. Il se mit à appeler Bni cAmer. De tous les endroits où ils campaient, où ils avaient construit des gçur, où ils formaient des Douars, ils arrivèrent et commencèrent à se rassembler autour de Garet El Mçif. Sidi Ahmed El Mejdub criait et agitait les pans de son burnous. Il disait : "Toi qui campes sur Wed اaggar, toi qui es sur la Zusfana, toi qui estives à cAntar, toi qui commerces au Gurara, toi qui...toi qui..." la puissance de Dieu !... Bni cAmer décampa de partout. Celui qui avait une source la combla, celui qui avait des troupeaux les rassembla. Tous décampèrent pour venir à El Mçif. Il y a (les) Uled Banasi qui sont restés. Ils habitent à Busemghun. Il y a aussi les cAbbad du même gçar. Ils savent qu’ils sont Bni cAmer. Mais comme Sidi Ahmed El Mejdub avait épousé une de leurs femmes, la malédiction ne les a pas atteint. Quand Bni cAmer se fut rassemblé autour de Mçif, quelques uns demandèrent au maître : "Seigneur, que t’avons-nous fait ? Cet homme injuste a fait du mal, mais nous qu’avons-nous fait ?" Il répondit : " Vous ne subirez aucun châtiment". Ils dirent : "Où veux-tu nous jeter ?" Il répondit : "Je veux vous jeter au Tell, mais c’est une bénédiction !" Il dit : "Je vous donne un jour de soif, mais que la peur vous saisisse ; que du Mçif vous soyez jetés aux pâturages d’Estivage".

Ce n’était pas une malédiction mais une bénédiction ; ils déguerpirent, troupeaux agités, chameaux à la dérive ; cortèges chassés, hommes désemparés. Ils ne s’arrêtèrent qu’au Tessala près de l’actuelle ville de Sidi Bel Abbès où ils s’établirent. Ils y sont encore de nos jours...

Repris de : A. Ben Naoum, 1993, Uled Sidi Esh Sheykh, essai sur les représentations hagiographiques de l’espace au sud-ouest de l’Algérie, Thèse de doctorat d’Etat des lettres et sciences humaines, Université de Provence- centre d’Aix, pp. 158-161.

Son frère est donc Sidi Muhammed Ben Sliman qui est enterré à Shellala.

Le chef des Bni cAmer campait près de cAsla dans un endroit qui s’appelle El Kudyya ou bien Kudyyet cAbd El Haq du nom de ce chef. cAbd El Haq habitait le gçar dont il reste des ruines à El Kudyya, au Nord du Jbel El Bram. Ce cAbd El Haq était un homme fort injuste. Il employait un savant juriste qui instruisait sa progéniture. Un jour, il invita ce savant et sa femme chez lui. Sidi Sliman Abu Smaha était encore vivant. Quand le couple eut mangé et que prit fin le cérémonial, cAbd El haq retint la femme et renvoya le mari. Il la prit de force et ne voulut plus la libérer, pour en faire sa concubine.

Le mari commença à lui envoyer des délégations de sages et de chefs bien mis et bien montés. Chaque jour, il lui envoyait des chefs différents. Ils lui disaient à chaque fois : "Nous sommes venus te voir pour que tu renvoies cette femme à son mari". Chaque fois, cAbd El Haq refusait hautainement. Sidi Ahmed El Mejdub possédait un âne. Mais cet âne était un esprit. Le commun ne voyait qu’un âne dans cette bête. Mais Sidi Ahmed El Mejdub s’en servait pour se déplacer dans les airs et sur terre comme beaucoup d’Amis de Dieu le font :

-Yatwi bih El Ardh-

Quand les pressions sur cAbd El Haq s’avérèrent inutiles et qu’il n’accepta plus de recevoir des délégations de personnages puissants, le savant juriste partit voir Sidi Sliman Abu Smaha le père de Sidi Ahmed El Mejdub qui était dans sa retraite de Hammam El Warqa. Dans sa lettre, Sidi Sliman confiait l’homme à son fils.

Quand Sidi Ahmed lut la lettre, il dit au Taleb : "Si je n’avais pas reconnu la signature de mon seigneur père, je n’aurais pas vu celui qui t’a vu". Il appela l’âne, monta dessus et partit voir cAbd El Haq qui était à El Kudyya dans sa forteresse, entre cAsla et Shellala. Il lui dit : " cAbd El Haq, renvoie l’épouse à son mari".

cAbd El Haq répondit : "Je n’ai pas tenu compte de délégations d’hommes valeureux, et toi tu viens sur un bourricot faire pression sur moi pour que je renvoie cette femme ? Vas-t-en, autrement je te fais saisir".

Sidi Ahmed essaya encore de le convaincre. En vain. Alors, il s’en alla. A l’heure de la prière, il entra dans son mihrab, prit son bâton et dit : "Mon Dieu, Mon Dieu, aies raison de cAbd El Haq".

Il planta son bâton dans la terre puis le retira. Du sang jaillit du trou laissé par le bâton. Au même moment, le sang de cAbd El Haq jaillit à El Kudyya. cAbd El Haq se mit à crier : "C’est l’homme à l’âne..., c’est l’homme à l’âne..., c’est l’homme à l’âne qui m’a eu...". Il se mit à courir et tomba raide mort.

Sidi Ahmed El Mejdub dit aux hommes de cAbd El Haq : "Ne l’enterrez pas ici, dans ce pays, emmenez -le avec vous, car je vais vous chasser d’ici !" Sidi Ahmed partit vers le gara d’El Mçif qui se trouve sur la route de cAyn Eç اefra. Il grimpa au sommet de cette gara, et entra en transes. Il se mit à appeler Bni cAmer. De tous les endroits où ils campaient, où ils avaient construit des gçur, où ils formaient des Douars, ils arrivèrent et commencèrent à se rassembler autour de Garet El Mçif. Sidi Ahmed El Mejdub criait et agitait les pans de son burnous. Il disait : "Toi qui campes sur Wed اaggar, toi qui es sur la Zusfana, toi qui estives à cAntar, toi qui commerces au Gurara, toi qui...toi qui..." la puissance de Dieu !... Bni cAmer décampa de partout. Celui qui avait une source la combla, celui qui avait des troupeaux les rassembla. Tous décampèrent pour venir à El Mçif. Il y a (les) Uled Banasi qui sont restés. Ils habitent à Busemghun. Il y a aussi les cAbbad du même gçar. Ils savent qu’ils sont Bni cAmer. Mais comme Sidi Ahmed El Mejdub avait épousé une de leurs femmes, la malédiction ne les a pas atteint. Quand Bni cAmer se fut rassemblé autour de Mçif, quelques uns demandèrent au maître : "Seigneur, que t’avons-nous fait ? Cet homme injuste a fait du mal, mais nous qu’avons-nous fait ?" Il répondit : " Vous ne subirez aucun châtiment". Ils dirent : "Où veux-tu nous jeter ?" Il répondit : "Je veux vous jeter au Tell, mais c’est une bénédiction !" Il dit : "Je vous donne un jour de soif, mais que la peur vous saisisse ; que du Mçif vous soyez jetés aux pâturages d’Estivage".

Ce n’était pas une malédiction mais une bénédiction ; ils déguerpirent, troupeaux agités, chameaux à la dérive ; cortèges chassés, hommes désemparés. Ils ne s’arrêtèrent qu’au Tessala près de l’actuelle ville de Sidi Bel Abbès où ils s’établirent. Ils y sont encore de nos jours...

Repris de : A. Ben Naoum, 1993, Uled Sidi Esh Sheykh, essai sur les représentations hagiographiques de l’espace au sud-ouest de l’Algérie, Thèse de doctorat d’Etat des lettres et sciences humaines, Université de Provence- centre d’Aix, pp. 158-161.

Son frère est donc Sidi Muhammed Ben Sliman qui est enterré à Shellala.

Le chef des Bni cAmer campait près de cAsla dans un endroit qui s’appelle El Kudyya ou bien Kudyyet cAbd El Haq du nom de ce chef. cAbd El Haq habitait le gçar dont il reste des ruines à El Kudyya, au Nord du Jbel El Bram. Ce cAbd El Haq était un homme fort injuste. Il employait un savant juriste qui instruisait sa progéniture. Un jour, il invita ce savant et sa femme chez lui. Sidi Sliman Abu Smaha était encore vivant. Quand le couple eut mangé et que prit fin le cérémonial, cAbd El haq retint la femme et renvoya le mari. Il la prit de force et ne voulut plus la libérer, pour en faire sa concubine.

Le mari commença à lui envoyer des délégations de sages et de chefs bien mis et bien montés. Chaque jour, il lui envoyait des chefs différents. Ils lui disaient à chaque fois : "Nous sommes venus te voir pour que tu renvoies cette femme à son mari". Chaque fois, cAbd El Haq refusait hautainement. Sidi Ahmed El Mejdub possédait un âne. Mais cet âne était un esprit. Le commun ne voyait qu’un âne dans cette bête. Mais Sidi Ahmed El Mejdub s’en servait pour se déplacer dans les airs et sur terre comme beaucoup d’Amis de Dieu le font :

-Yatwi bih El Ardh-

Quand les pressions sur cAbd El Haq s’avérèrent inutiles et qu’il n’accepta plus de recevoir des délégations de personnages puissants, le savant juriste partit voir Sidi Sliman Abu Smaha le père de Sidi Ahmed El Mejdub qui était dans sa retraite de Hammam El Warqa. Dans sa lettre, Sidi Sliman confiait l’homme à son fils.

Quand Sidi Ahmed lut la lettre, il dit au Taleb : "Si je n’avais pas reconnu la signature de mon seigneur père, je n’aurais pas vu celui qui t’a vu". Il appela l’âne, monta dessus et partit voir cAbd El Haq qui était à El Kudyya dans sa forteresse, entre cAsla et Shellala. Il lui dit : " cAbd El Haq, renvoie l’épouse à son mari".

cAbd El Haq répondit : "Je n’ai pas tenu compte de délégations d’hommes valeureux, et toi tu viens sur un bourricot faire pression sur moi pour que je renvoie cette femme ? Vas-t-en, autrement je te fais saisir".

Sidi Ahmed essaya encore de le convaincre. En vain. Alors, il s’en alla. A l’heure de la prière, il entra dans son mihrab, prit son bâton et dit : "Mon Dieu, Mon Dieu, aies raison de cAbd El Haq".

Il planta son bâton dans la terre puis le retira. Du sang jaillit du trou laissé par le bâton. Au même moment, le sang de cAbd El Haq jaillit à El Kudyya. cAbd El Haq se mit à crier : "C’est l’homme à l’âne..., c’est l’homme à l’âne..., c’est l’homme à l’âne qui m’a eu...". Il se mit à courir et tomba raide mort.

Sidi Ahmed El Mejdub dit aux hommes de cAbd El Haq : "Ne l’enterrez pas ici, dans ce pays, emmenez -le avec vous, car je vais vous chasser d’ici !" Sidi Ahmed partit vers le gara d’El Mçif qui se trouve sur la route de cAyn Eç اefra. Il grimpa au sommet de cette gara, et entra en transes. Il se mit à appeler Bni cAmer. De tous les endroits où ils campaient, où ils avaient construit des gçur, où ils formaient des Douars, ils arrivèrent et commencèrent à se rassembler autour de Garet El Mçif. Sidi Ahmed El Mejdub criait et agitait les pans de son burnous. Il disait : "Toi qui campes sur Wed اaggar, toi qui es sur la Zusfana, toi qui estives à cAntar, toi qui commerces au Gurara, toi qui...toi qui..." la puissance de Dieu !... Bni cAmer décampa de partout. Celui qui avait une source la combla, celui qui avait des troupeaux les rassembla. Tous décampèrent pour venir à El Mçif. Il y a (les) Uled Banasi qui sont restés. Ils habitent à Busemghun. Il y a aussi les cAbbad du même gçar. Ils savent qu’ils sont Bni cAmer. Mais comme Sidi Ahmed El Mejdub avait épousé une de leurs femmes, la malédiction ne les a pas atteint. Quand Bni cAmer se fut rassemblé autour de Mçif, quelques uns demandèrent au maître : "Seigneur, que t’avons-nous fait ? Cet homme injuste a fait du mal, mais nous qu’avons-nous fait ?" Il répondit : " Vous ne subirez aucun châtiment". Ils dirent : "Où veux-tu nous jeter ?" Il répondit : "Je veux vous jeter au Tell, mais c’est une bénédiction !" Il dit : "Je vous donne un jour de soif, mais que la peur vous saisisse ; que du Mçif vous soyez jetés aux pâturages d’Estivage".

Ce n’était pas une malédiction mais une bénédiction ; ils déguerpirent, troupeaux agités, chameaux à la dérive ; cortèges chassés, hommes désemparés. Ils ne s’arrêtèrent qu’au Tessala près de l’actuelle ville de Sidi Bel Abbès où ils s’établirent. Ils y sont encore de nos jours...

Repris de : A. Ben Naoum, 1993, Uled Sidi Esh Sheykh, essai sur les représentations hagiographiques de l’espace au sud-ouest de l’Algérie, Thèse de doctorat d’Etat des lettres et sciences humaines, Université de Provence- centre d’Aix, pp. 158-161.

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