LE PROPHÈTE YOUSSOUF III

 

Le Prophète Joseph (psl) en Prison

Les versets parlent de deux jeunes hommes qui entrèrent en prison en même temps que le Prophète Joseph.
Ci-dessus, une représentation de ces deux hommes.

Dans le Coran, on découvre que deux jeunes hommes furent emprisonnés en même temps que Joseph et qu'ils lui demandèrent d'interpréter leurs rêves:

Deux valets entrèrent en prison. L'un d'eux dit  "Je me voyais [en rêve] pressant du raisin…" Et l'autre dit: "Et moi, je me voyais portant sur ma tête du pain dont les oiseaux mangeaient. Apprends-nous l'interprétation (de nos rêves), nous te voyons au nombre des bienfaisants."(Sourate Joseph, 36)

Rappelons-nous qu'Allah avait enseigné au Prophète Joseph comment interpréter les paroles des gens. C'est pourquoi les deux prisonniers demandèrent à Joseph d'interpréter leur rêve. Il vaut la peine de relever un point ici: comment savaient-ils que le Prophète Joseph possédait un tel savoir et une telle sagesse?

La suite du verset nous donne la réponse; les autres prisonniers disaient de lui qu'il faisait partie des justes. Cela montre que le Prophète Joseph se comportait comme un vrai croyant quand il était en prison, ce qui influença les gens autour de lui. Il semble que le comportement de Joseph et son apparence naturelle et extérieure inspirassent confiance. En fait, même les expressions du visage peuvent faire comprendre aux autres que quelqu'un est un vrai croyant. Quand Allah parle des croyants dans le Coran, Il dit: "… Leurs visages sont marqués par la trace laissée par la prosternation…" (Sourate al-Fath: 29)

 

La droiture dont fit preuve le Prophète Joseph en prison illustre une importante qualité que doivent posséder les croyants; le croyant fait preuve de la même intégrité impressionnante où qu'il soit. C'est parce que les croyants vivent pour obtenir la satisfaction d'Allah, et Allah est partout dans Son savoir. Allah est toujours avec le croyant, où qu'il soit: en prison, à la maison, dans la rue, dans son bureau, quand il mange ou quand il regarde la télévision. Il entoure le croyant et sait ce qu'il dit et tout ce qui lui passe par la tête. C'est pourquoi le bon comportement et la moralité d'un croyant ne changent pas en fonction de la situation dans laquelle il se trouve. Les croyants s'efforcent constamment de faire montre d'une moralité et une conscience immanquablement élevées.

Voilà pourquoi les codétenus de Joseph lui firent confiance, qu'ils virent que c'était quelqu'un de bien et qu'ils lui demandèrent son avis. Joseph commença à parler après qu'ils firent leur demande. Comme nous allons le voir dans le verset qui suit, il s'y prit d'une façon très intelligente. Il dirigea la conversation vers ce qui lui semblait le plus approprié et traita de ce qu'il considérait comme les questions les plus importantes et les plus pressantes avant d'arriver aux sujets qui les intéressaient le plus.

La nourriture qui vous est attribuée ne nous parviendra point, dit-il, que je ne vous aie avisés de son interprétation [de votre nourriture] avant qu'elle ne vous arrive. Cela fait partie de ce que mon Seigneur m'a enseigné. Certes, j'ai abandonné la religion d'un peuple qui ne croit pas en Allah et qui nie la vie future. Et j'ai suivi la religion de mes ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. Il ne nous convient pas d'associer à Allah quoi que ce soit. Ceci est une grâce d'Allah sur nous et sur tout le monde; mais la plupart des gens ne sont pas reconnaissants. Ô mes deux compagnons de prison! Qui est le meilleur: des seigneurs éparpillés ou Allah, l'Unique, le Dominateur suprême? Vous n'adorez, en dehors de Lui, que des noms que vous avez inventés, vous et vos ancêtres, et à l'appui desquels Allah n'a fait descendre aucune preuve. Il vous a commandé de n'adorer que Lui. Telle est la religion droite; mais la plupart des gens ne savent pas. (Sourate Joseph, 37-40)

 

Une sculpture décrivant les études et les livres d'interprétation
des rêves en Égypte et en Mésopotamie à cette période.

Comme on peut le lire, le Prophète Joseph leur parla de l'unicité d'Allah et des maux du polythéisme. Il expliqua la nature perverse de la société ignorante dans laquelle ils vivaient et leur recommanda de n'adorer qu'Allah seul.

En parlant, il prit aussi pour exemple les anciens prophètes, leur rappelant qu'ils faisaient tous partie de la même religion divine.

De plus, il leur posa des questions pour encourager ses interlocuteurs à réfléchir.

Par exemple, il demanda: "Est-ce mieux d'avoir plusieurs seigneurs? Ou d'en n'avoir qu'un seul unique: Allah, le Conquérant?" En posant cette question, il leur indiqua un attribut d'Allah: le Conquérant. Ainsi, il essaya d'une part de les faire réfléchir et d'autre part de les rendre conscients de la gloire d'Allah.

Ensuite, il évoqua les idoles qu'adoraient ses interlocuteurs, en disant qu'elles n'étaient que superstition, de fausses idoles héritées de l'époque de leurs ancêtres et qui manquaient totalement d'authenticité. Il expliqua que c'était un péché de vénérer des idoles car on ne doit adorer qu'Allah, que la plupart des gens n'en étaient pas conscients et il les invita ensuite à prendre le droit chemin.


Un jour, le souverain voulut qu'on interprétât un de ses rêves. Il chercha les voyants les plus réputés et les hommes les plus sages du pays. Cet épisode est dépeint dans l'image du haut

Comme les voyants les plus célèbres et les hommes les plus sages ne donnèrent pas d'explication à ce rêve, un codétenu du Prophète Joseph
qui avait été libéré se souvint de lui et suggéra au souverain d'aller
voir Joseph en prison. 

La façon dont Joseph s'y prit illustre bien l'approche qui doit être employée quand on explique l'Islam aux gens. En saisissant l'occasion qui se présentait à lui sous la forme de l'intérêt de ses interlocuteurs pour les rêves, il commença par expliquer ce dont il voulait parler d'une façon assez détaillée.

Ayant fait cela, il répondit alors à leur question concernant l'interprétation des rêves.

"O mes deux compagnons de prison! L'un de vous donnera du vin à boire à son maître; quant à l'autre, il sera crucifié, et les oiseaux mangeront de sa tête. L'affaire sur laquelle vous me consultez est déjà décidée." Et il dit à celui des deux dont il pensait qu'il serait délivré: "Parle de moi auprès de ton maître." Mais le Diable fit qu'il oublia de rappeler (le cas de Joseph) à son maître. Joseph resta donc en prison quelques années. (Sourate Joseph, 41-42)

Portons une attention particulière au second verset qui montre en fait que le Prophète Joseph agit plutôt intelligemment. Après avoir parlé de l'interprétation de leurs rêves, le Prophète Joseph demanda au détenu qui devait être libéré de parler de lui à son maître. C'était une stratégie très perspicace visant à le libérer de prison. Toutefois, le Prophète Joseph était aussi conscient des limites de ce qu'il pouvait accomplir et du fait qu'il ne sortirait de prison que quand Allah l'aurait décidé.

En fait, comme nous pouvons le constater dans la dernière partie du verset cité ci-dessus, Satan fit que le détenu libéré oublia le Prophète Joseph, celui-ci resta incarcéré encore pendant des années. Cependant, le Prophète Joseph savait que c'était la meilleure issue. Ceci était en fait un test de patience, et, sans nul doute, passer de longues années en prison et même tomber dans l'oubli serait insupportable pour la plupart des gens. Cependant, le Prophète Joseph confirma la supériorité de ses valeurs morales et de sa foi, en accueillant tout ce qui lui arrivait avec soumission à la volonté d'Allah.

 

Le Complot Contre Le Prophète Joseph Est Dévoilé

Comme c'est relaté dans le Coran, le Prophète Joseph passa de longues années en prison. Un jour, cependant, le souverain désira avoir une interprétation d'un de ses rêves. Les voyants les plus célèbres et les sages de tout le pays durent se pencher sur le sujet. Mais tous s'accordèrent à dire que le rêve du souverain était confus et qu'ils étaient incapables de l'interpréter. Peu de temps après, un des anciens codétenus du Prophète Joseph se souvint de lui:

Et le roi dit: "En vérité, je voyais (en rêve) sept vaches grasses mangées par sept maigres, et sept épis verts, et autant d'autres, secs. Ô conseil de notables, donnez-moi une explication de ma vision, si vous savez interpréter   le rêve." Ils dirent: "C'est un amas de rêves! Et nous ne savons pas interpréter les rêves!" Or, celui des deux qui avait été délivré et qui, après quelques temps se rappela, dit: "Je vous en donnerai l'interprétation. Envoyez-moi donc."

Il apparaît que les événements se déroulèrent d'une manière tout à fait inattendue et qu'on se souvint du Prophète Joseph, qui avait été oublié pendant des années. En réalité, c'était écrit dans sa destinée qu'on se rappellerait de lui qu'après de longues années et que les événements prendraient cette tournure. C'est Allah qui envoya au souverain ce rêve apparemment confus, lui inspirant le désir d'obtenir son interprétation. C'est Allah qui ne permit à personne de l'interpréter correctement et fit rappeler le Prophète Joseph à l'ancien prisonnier. Allah avait décidé toutes ces choses par avance. Le Coran continue de décrire les événements :

O toi, Joseph, le véridique! Éclaire-nous au sujet de sept vaches grasses que mangent sept très maigres, et sept épis verts et autant d'autres, secs, afin que je retourne aux gens et qu'ils sachent [l'interprétation exacte du rêve]. (Sourate Joseph, 46)

La façon dont l'ancien détenu s'adressa au Prophète Joseph est particulièrement intéressante: "Ô toi, Joseph, le véridique …". On peut tirer de cette expression que les gens percevaient facilement la droiture et l'attitude sympathique du vrai croyant qui caractérisaient le Prophète Joseph. Comme tous les prophètes, le comportement du Prophète Joseph exprimait sa conviction personnelle et inspirait confiance à son entourage. Son ancien codétenu était conscient de ses capacités et l'aborda en sachant qu'il était véridique et digne de confiance. Quand ils furent ensemble, l'ancien prisonnier lui demanda l'interprétation du rêve du souverain. Le Prophète Joseph lui fournit l'interprétation en ces termes:

Alors [Joseph dit]: "Vous sèmerez pendant sept années consécutives. Tout ce que vous aurez moissonné, laissez-le en épi, sauf le peu que vous consommerez. Viendront ensuite sept années de disette qui consommeront tout ce que vous aurez amassé pour elles sauf le peu que vous aurez réservé [comme semence]. Puis, viendra après cela une année où les gens seront secourus [par la pluie] et iront au pressoir." (Sourate Joseph, 47-49)

Ô toi, Joseph, le véridiques! Eclaire-nous au sujet de sept vaches grasses que mangent sept très maigres, et sept épis verts et autant d'autres, secs, afin que je retourne aux gens et qu'ils sachent [l'interprétation exacte du rêve]›. (Sourate Joseph, 46)

 

Lorsque le souverain sut comment le Prophète Joseph avait interprété son rêve il demanda qu'on le fît venir. Quand le messager du souverain vint le chercher, le Prophète Joseph usa d'une très fine stratégie. Afin de rétablir la vérité sur son innocence et son emprisonnement injuste, au lieu d'obéir à la convocation de suite, il renvoya le messager vers son maître avec une série de questions qui obligeraient le souverain à réexaminer son cas. Le souverain s'enquit des femmes qui s'étaient blessées les mains et qui avaient été témoins de l'innocence du Prophète Joseph et du manque de chasteté de la femme d'Aziz.

Elles étaient toutes témoins directs, bien que le type d'environnement dans lequel elles pouvaient témoigner n'eût jamais existé auparavant. C'est pourquoi le Prophète Joseph utilisa cette occasion avec la plus grande sagesse. L'incident est décrit comme suit:

Et le roi dit: "Amenez-le moi." Puis, lorsque l'émissaire arriva auprès de lui, [Joseph] dit: "Retourne auprès de ton maître et demande-lui: 'Quelle était la raison qui poussa les femmes à se couper les mains? Mon Seigneur connaît bien leur ruse'." (Sourate Joseph, 50)

En réponse aux questions du Prophète Joseph, le souverain fit rassembler les femmes et leur demanda la vérité sur le sujet:

Alors, [le roi leur] dit: "Qu'est-ce donc qui vous a poussées à essayer de séduire Joseph?" Elles dirent: "À Allah ne plaise! Nous ne connaissons rien de mauvais contre lui." Et la femme d'Al ‘Aziz dit: "Maintenant la vérité s'est manifestée. C'est moi qui ai voulu le séduire. Et c'est lui, vraiment, qui est du nombre des véridiques!"(Sourate Joseph, 51)

Représentations du souverain égyptien de l'époque

 

Après tant d'années la vérité finit par éclater au grand jour. On se rendit compte que la femme du vizir avait tendu un piège au Prophète Joseph et qu'il avait agi en toute vertu face à la proposition malhonnête de la femme. Toutefois, les années qu'il avait passées en prison, quand bien même son innocence était évidente, étaient loin d'être une perte ou un malheur. Allah avait déjà planifié chaque moment que le Prophète Joseph vivait et ce plan était rempli de compassion et de bienfaisance.

L'incarcération avait servi de vecteur à son éducation spirituelle et lui avait permis de mûrir et d'affiner sa pensée. Il se rapprocha d'Allah par sa bonne attitude. Tous les problèmes et difficultés de ce monde sont récompensés dans l'au-delà. Allah a promis à Ses serviteurs qui sont patients devant les épreuves de ce monde, ceux qui se soumettent et Lui sont reconnaissants, même dans les conditions les plus dures, une vie agréable dans l'au-delà et Son agrément.

Par ailleurs, le temps que le Prophète Joseph passa en prison permit aussi l'avènement d'un autre évènement favorable: Allah avait agencé le climat politique de l'Égypte de telle manière à ce qu'il devînt un moyen par lequel le Prophète Joseph put accéder au pouvoir.

Comme nous pouvons le voir dans la suite des versets, après que les femmes avouèrent la vérité le Prophète Joseph dit:

Et le roi dit: ‹Amenez-le moi›. Puis, lorsque l'émissaire arriva auprès de lui, [Joseph]dit: Retourne auprès deton maître et demande-lui : ‹Quelle était la raison qui poussa les emmes à se couper les mains? Mon Seigneur connaît bien leur ruse. (Sourate Joseph, 50)

Cela afin qu'il sache que je ne l'ai pas trahi en son absence, et qu'en vérité Allah ne guide pas la ruse des traîtres. Je ne m'innocente cependant pas, car l'âme est très incitatrice au mal, à moins que mon Seigneur, par miséricorde, [ne la préserve du péché], mon Seigneur est certes Pardonneur et très Miséricordieux. (Sourate Joseph, 52-53)

Ce qui est frappant ici, c'est que le Prophète Joseph rappela Allah une nouvelle fois à ceux qui l'entouraient. Il précisa qu'Allah ne permet jamais que réussissent les plans perfides de ceux qui tendent des pièges et qu'Il finit toujours par faire éclater la vérité au grand jour. C'est un point important parce que les diffamations contre le Prophète Joseph furent dévoilées par la permission d'Allah. Le peuple et le souverain apprirent la vérité au moment où Allah le voulut et de la manière dont Il l'avait décidé. La destinée qu'Allah avait déterminée se réalisa et donna lieu au meilleur et au plus favorable des scénarios.

Pourtant, ce que dit le Prophète Joseph dans les versets précédents est aussi très important. Bien que la vérité éclatât, qu'il fût victime de calomnies manifestes, qu'il fût emprisonné durant des années et qu'il fût un serviteur élevé au statut de prophète grâce à Allah, le Prophète Joseph ne tenta pas de nier la vulnérabilité de ses instincts. D'ailleurs, il révéla une autre vérité importante ici: les pulsions humaines sont attirées vers les mauvaises choses sauf ce qu'Allah veut nous épargner.

On doit garder cela en tête toute notre vie, car tous les êtres humains ont des désirs terrestres, et chacun de nous est testé à tout moment de sa vie. Les désirs de quelqu'un peuvent quelquefois entrer en conflit avec  sa conscience et  cette personne écoutera l'un ou l'autre (le bon ou le mauvais). Les croyants suivent avec une grande détermination la voix de leur conscience qui  les appelle vers ce qui plaît à Allah, alors que les autres vivent à la merci de leurs désirs.

Si un croyant perd de vue sa tâche et succombe à ses désirs, il doit se repentir et être davantage sur ses gardes contre les maux de ces désirs. C'est pourquoi Allah nous a informé dans le Coran à travers les paroles du Prophète Joseph que les désirs terrestres amenaient les gens à commettre des actes réprouvés.

 


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